Bretagne
Après 15 ans d’attente, l’oignon rosé de Roscoff obtient son AOC
C’est officiel : l’oignon de Roscoff bénéficie d’une AOC. L’annonce a été faite en conseil national de l’INAO. C’est le second oignon en AOC après l’oignon doux des Cévennes.
L’obtention de l’AOC “assure au consommateur” que l’oignon rosé de Roscoff “est originaire d’un lieu déterminé” (24 communes du nord du Finistère) “et dont les caractéristiques (…) découlent de ce milieu”, indique l’INAO. Sur la centaine de producteurs d’oignons rosés de Roscoff, « la moitié (56) seront dans la démarche AOC pour une production de 1 300 à 1 500 tonnes par an », se félicite Robert Jézéquel, producteur à Lanhouarneau et président du syndicat de défense de l’AOC.
Les premiers oignons rosés débarquent dans la région de Roscoff au XVIIe siècle, dans les bagages d’un capucin du couvent local, de retour du Portugal. Sous le climat océanique de cette ceinture légumière, les oignons s’acclimatent parfaitement dans un sol recouvert d’épais dépôt limoneux. La production augmente progressivement au XIXe siècle, notamment grâce à l’action commerciale des Johnnies, ces expéditeurs bretons qui tressaient les bulbes et se rendaient en Grande-Bretagne vendre les oignons en porte à porte.
Le cahier des charges “Oignon de Roscoff” désigne “un bulbe de couleur rosée à rosée-cuivrée” qui offre “des arômes fruités spécifiques”, indique l’INAO. Le calibre de l’oignon se situe entre 30 et 80 millimètres de diamètre. Il dispose d’une bonne capacité de dormance et se conserve naturellement, sans traitement anti-germinatif. « Grâce au travail des hommes et à leur savoir-faire, l’oignon de Roscoff a résisté face aux hybrides industriels », précise Robert Jézéquel. Le délai important avant l’obtention de l’AOC s’explique principalement par la lenteur des débats pour définir l’aire de production.
La méthode de production décrite dans le cahier des charges de l’oignon de Roscoff correspond aux pratiques à l’œuvre dans le terroir. « La récolte a lieu entre la fin juillet et la fin août », reprend Robert Jézéquel. Après séchage à l’abri de la pluie, le bulbe est ébarbé à la main pour retirer les racines. Le cahier des charges interdit la commercialisation de l’oignon de Roscoff en vrac. Selon le président du syndicat de défense qui tenait son assemblée générale, vendredi 10 juillet, « la moitié voire les deux tiers de la production d’oignons de Roscoff en AOC seront vendus tressés ». En revanche, le prix de l’oignon en AOC ne devrait pas augmenter, assure M. Jézéquel.