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Pomme - Alpes de Haute-Provence et Hautes-Alpes
Alp’Union investit en vergers et en stations

Avec une production de 52 000 t, Alp’Union commercialise près de 80 % de Golden d’altitude provenant à 95 % des producteurs de ses cinq OP. Des évolutions en vergers et en stations sont prévues.

Au cœur des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes, la production de pommes et poires est florissante. Elle a donné lieu à la création, en 1998, du bureau de vente Alp’Union, troisième metteur en marché en Golden à l’échelle française. Et fait assez particulier, Alp’Union commercialise 95 % des fruits produits par ses adhérents. « Nous avons peu d’apports extérieurs et, à l’avenir, nous souhaitons atteindre les 100 % », insiste Loïc Lavabre, directeur d’Alp’Union depuis moins de deux ans. Pour atteindre cet objectif, depuis la dernière saison, Alp’Union, en accord avec les cinq OP adhérentes (cf. schéma), a décidé de multiplier les changements tant dans les vergers que dans les stations et la commercialisation des fruits. « Nous avons pris le parti de redynamiser notre entreprise et de prendre un nouvel élan, explique Loïc Lavabre. L’an dernier a été particulièrement difficile pour l’ensemble de nos producteurs. Cette campagne, nous retrouvons des prix plus convenables (+30 %) avec une production nationale en baisse de 15 %. Aussi, nous souhaitons les maintenir dans nos relations commerciales. » Pour ce faire, les producteurs des OP qui composent Alp’Union ont décidé d’investir dans leurs vergers tout comme dans les stations de précalibrage et fruitières.

Vers un verger de Gala plus conséquent
Si aujourd’hui la Golden représente 80 % des pommes commercialisées par Alp’Union, les producteurs ont décidé de rétablir l’équilibre variétal pour atteindre un tiers du verger en Gala plus particulièrement. « Notre priorité, c’est de développer nos vergers, nous avons prévu d’investir près de 3 millions d’euros pour rénover plus de 100 ha de pommiers durant les trois prochaines années. Nous avons aussi l’ambition de diversifier les variétés. Il s’agit d’une part d’élargir l’offre en pommes, mais aussi d’étaler les récoltes. Cela dénote d’une volonté de pérennisation de nos exploitations et de nos entreprises », martèle Patrick Massot, président d’Alp’Union et de l’OP Ecrin des Alpes. Une diversification que l’OP Provence Comtat a déjà largement réalisée. Il y a déjà quelques années, elle a rénové son verger qui, dorénavant, a moins de dix ans.

Répondre aux attentes du marché hexagonal et mondial
De son côté, Loïc Lavabre précise : « Les volumes de Gala évoluent tous les ans. Avec cette diversification, il s’agit de pérenniser notre positionnement sur le marché français bien sûr, mais aussi à l’export. Si la Golden est la variété la plus consommée en France, la demande évolue vers plus de Gala en dehors de nos frontières. On dénote aussi une régionalisation des variétés, à l’image des pommes d’altitude que sont la pomme des Alpes et celle du Limousin. Aussi pour répondre à la demande de marchés émergents que sont le Moyen-Orient, l’Asie ou l’Inde, nous devons proposer un plus large choix de variétés. » Cette diversification variétale permettrait aussi de rentabiliser davantage les outils : « avoir une offre plus conséquente de Gala nous aiderait à renforcer la commercialisation de nos pommes dans leur ensemble. Il faut bien comprendre que lorsqu’on investit, c’est à long terme, sur une période d’au moins quinze ans. Il faut donc que l’on soit sûr de ce sur quoi on se base pour entamer les travaux. En clair rester prudent », insiste Patrick Massot. Pour autant certaines décisions ont déjà été prises. A proximité de sa station fruitière, l’OP a investi dans un nouveau bâtiment de stockage d’une capacité de 8 000 t réparties dans vingt-cinq chambres. Et le toit de l’édifice a été loué pour l’installation de panneaux photovoltaïques. La station fruitière quasi attenante pourrait bientôt bénéficier du même traitement. « Ici, nous cherchons à améliorer nos outils. Le matériel des stations fruitières fait l’objet de renouvellement actuellement en cours. Il nous faut repenser la station de précalibrage, le tout devant rester dans un prix de revient cohérent pour les producteurs adhérant à l’OP. Il faut être compétitif et avancer de manière réfléchie », précise Patrick Massot.
Ce qui est sûr c’est que le groupe Alp’Union a décidé de mettre les bouchées doubles. Des projets sont prévus en termes de développement durable. A Laragne par exemple, chez Alpes Coop Fruits, l’installation de panneaux photovoltaïques permet de produire 2 gigawatts d’électricité permettant d’alimenter la station et une partie des riverains et d’autres installations seront bientôt engagées à nouveau à Laragne et sur un site basé à Sisteron. Quant aux stations fruitières, des projets d’agrandissement sont prévus.
L’agro-écologie entre aussi de plain-pied dans la politique de développement du groupe. Marie-Pierre Liautaud, jeune arboricultrice de l’OP Régalp, fait partie des précurseurs de la production durable au sein d’Alp’Union. Elle s’est d’ailleurs distinguée pour sa démarche de préservation de l’environnement l’an passé en remportant le Prix agriculture durable de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et plus récemment lors du débat national “Produisons autrement” organisé par le ministère de l’Agriculture à la mi-décembre 2012 au Conseil économique social et environnemental à Paris, au cours duquel elle a présenté les avancées dans les techniques de culture menées dans ses vergers.
En effet, deux OP du groupe Alp’Union font partie du réseau des fermes Dephy (créé dans le prolongement du Grenelle de l’environnement et du plan Ecophyto 2018) : Régalp et Ecrin des Alpes (soit l’équivalent de 400 ha au total) via le réseau Raison’Alpes. Créé il y a un an, ce réseau est basé à Sisteron et orchestré par une technicienne du groupe In Vivo, Céline Charles. Elle a pour mission d’aider les producteurs à définir et mettre en œuvre la réduction des intrants d’ici à 2014. Ce réseau est constitué de dix fermes arboricoles (pommes en Provence-Alpes-Côte-d’Azur) situées dans le bassin versant de la Durance, dont deux sont en agriculture bio. « Cette démarche durable que nous avons engagée sur l’exploitation est une question d’éthique et de respect de mes convictions, insiste Marie-Pierre Liautaud. Certaines méthodes de culture existent depuis déjà plusieurs années dans nos vergers et sont maintenant appliquées par l’ensemble des producteurs du groupe Alp’Union. Historiquement déjà, lorsque nous avons fait le choix de mettre en place un cahier des charges Label rouge pour nos pommes Golden, il y a plus de dix ans, nous avons tout simplement arrêté tout traitement après récolte. Et, plus récemment, avec mon père nous avons testé la confusion sexuelle dans les vergers, c’était en 2002. Par diffusion de phéromones, cette méthode limite les attaques de carpocapse dans les vergers et surtout permet d’éviter six traitements contre cet insecte. Cette technique est désormais utilisée par l’ensemble des producteurs du groupe Alp’Union. Je prends cet exemple, car il résume assez bien les moyens entrepris de longue date pour produire mieux avec moins et cela fait dix ans que nous diffusons ces méthodes à l’ensemble des producteurs d’Alp’Union. »

Des techniques de culture prenant en compte la viabilité économique de l’exploitation
Depuis quelques années, son BPA et un BTS protection des cultures en poche, Marie-Pierre a réalisé de multiples tests de piégeage à parasites et autres nichoirs à auxiliaires permettant de limiter les traitements. « Avec le réseau Fermes Dephy Pommiers* auquel nous participons avec l’OP Ecrin des Alpes, nous bénéficions d’un outil révolutionnaire qui nous permet d’échanger avec d’autres arboriculteurs de la France entière. Par exemple tout dernièrement, j’avais l’intuition de vouloir utiliser des bandes fleuries pour maintenir dans les vergers certains auxiliaires. Grâce au réseau, j’ai pu être en contact direct avec un semencier spécialisé dans ce domaine et nous avons réalisé les premiers tests en 2012. » D’autres expérimentations portent sur la préservation des haies. Et la technicienne bénéficie sur l’exploitation de Marie-Pierre et de son père d’un demi-hectare dédié à de nouvelles techniques de culture. « Il faut bien comprendre que nous sommes arboriculteurs alors s’il y a un danger quant à la viabilité économique de l’exploitation, nous en tenons compte. Cette révolution des techniques de culture est inévitable. Il faut protéger l’environnement et que les consommateurs reprennent confiance dans nos productions et dans le travail fourni par les producteurs. » A propos du réseau, Patrick Massot ajoute : « Conscient des enjeux environnementaux, j’ai souhaité intégrer le réseau pour me perfectionner techniquement et maîtriser davantage les maladies et ravageurs dans nos vergers tout en respectant la biodiversité. Cette démarche va nous permettre de montrer les efforts réalisés par les producteurs auprès des consommateurs. »
Le groupe Alp’Union dévoile aussi des ambitions de développement de stockage et conditionnement des fruits afin de répondre aux multiples attentes clients. « Nous avons des projets en précalibrage, mais le calendrier n’est pas encore posé pour l’OP que je représente, reste prudent Patrick Massot. C’est aussi le cas chez Provence Comtat et chez d’autres OP d’Alp’Union, mais il est encore difficile de chiffrer ces investissements. » En clair le groupe ne va pas rester inactif. La volonté d’une réflexion autour de l’IGP Pommes des Alpes fait son chemin, elle permettrait aussi de renforcer le lien au terroir. Le dossier fait partie des multiples projets de valorisation en cours (cf. l’encadré). Enfin, si Alp’Union a fait le choix de privilégier la pomme, elle produit et commercialise aussi de la poire. « Nous n’excluons pas de faire évoluer nos vergers de poiriers, si des poires résistantes au feu bactérien font leur apparition sur le marché. »

* Dephyécophyto est un réseau de démonstration, expérimentation et production de références sur les systèmes économes en produits phytos. Cette action est pilotée par le ministère de l’Agriculture avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) dans le cadre du financement du plan Ecophyto 2018.

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