Allemagne : le hard discount encore plus hard
En Allemagne, les groupes de pression multiplient les opérations de prélèvement d’échantillons à analyser dans les grandes surfaces. La certification EuregGap sera désormais exigée dans les hard discounts.
En Allemagne, les groupes de pression (Attac, Greenpeace, etc.) ont repris leur liberté de parole (ils étaient proches du précédent gouvernement) et multiplient les opérations de prélèvement d’échantillons de fruits et légumes à analyser dans les grandes surfaces. Les résultats sont ensuite publiés et largement commentés par la presse et la télévision.
“Concernant les fruits d’été, explique Bernard Neff, d’Ubifrance, les Français s’en sont plutôt bien tirés, à l’inverse des Espagnols qui ont été durement touchés. Mais le plus grand choc pour la population a été de constater que les légumes allemands n’étaient pas plus propres que certaines importations. Ces contrôles qui, en soi, n’étaient pas des événements importants, vont avoir des conséquences immenses pour la prochaine campagne.”
Renforcement des cahiers des charges
De fait, les enseignes, et surtout le hard discount particulièrement visé, prennent des mesures drastiques. “On assiste à des sur-enchères entre Aldi et Lidl qui renforcent leur cahier des charges. Ils ne feront plus aucune concession sur la certification EurepGap exigible depuis le 1er janvier 2006. Suite de ces opérations, ils s’entourent de sociétés privées chargées de vérifier la traçabilité montante et on assiste à des déréférencements spectaculaires. Déjà, certains expéditeurs italiens ont renoncé à travailler sur le marché allemand. Les Français ont une épée de Damoclès sur la tête. Si l’on s’en tient aux dispositions actuelles du hard discount, elles auront des conséquences énormes pour la prochaine campagne. A l’évidence cette mesure va faire le ménage sur le marché allemand.” L’inquiétude est partagée par Martin Petko, directeur de l’agence France Fresh filiale de Peter Vetter. “Les gros volumes vont arriver fin mars début avril. D’ici là, je doute que les discounters changent d’avis. Ce sera EurepGap ou rien.”
L’autre volet sur lequel les harders seront intransigeants, ce sont les LMR. “Aldi Sud vient d’imposer de nouvelles normes à ses fournisseurs. Ils exigent une limitation des matières actives employées sur les produits et, de plus, leur cumul ne doit pas être supérieur à 80 % de la législation en vigueur. Et là, on ne peut rien faire car cette disposition relève du droit commercial. Interfel et Freshfel devraient déjà se mobiliser pour exercer, en surmontant les obstacles politiques, des pressions immédiates et massives.”
Incontournable pour les exportateurs, le hard discount allemand maîtrise 50 % de la commercialisation de fruits et légumes.