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QUESTIONS À
Aider à la structuration du réseau

HERVÉ PIATON, membre du CGAAER*, chargé de mission sur l’optimisation du fonctionnement et de la gouvernance des stations régionales d’expérimentation fruits et légumes

QUESTIONS À
  • Quels constats effectuez-vous suite à la mission d’audit que vous avez menée ?

    Le constat le plus marquant de cette enquête, à laquelle 33 stations sur 35 ont répondu, est la grande variabilité des structures dans leur organisation et fonctionnement. Elle s’exprime au travers de l’effectif des salariés qui varie de 1 à 50 ETP avec une médiane à 10 ETP par station. D’une manière générale, elles présentent une forte dépendance aux contributions publiques, qui représentent 50 % de leurs ressources. Leurs autres recettes sont les ventes de produits et prestations (pour 30 %) et les contributions professionnelles qui, au niveau de 20 %, sont insuffisantes, en particulier pour apporter l'autofinancement nécessaire à l'attribution des aides publiques. Leur situation financière est donc fragile et se dégrade. En 2010, 25 % des stations avait un résultat d'exploitation négatif. Elles étaient 40 % en 2014. Toutefois, il y a peu d’économies d’échelle à attendre de leur fusion car leur niveau d’équipement actuel est faible.

  • Quels sont les atouts et les manques que vous avez pu observer ?

    Tout d’abord, les stations régionales représentent une capacité globale très importante. Elle peut s’apprécier par la mise en oeuvre de 370 ETP et 470 ha dédiés à l’expérimentation, soit plus que les quatre centres du Ctifl réunis. Leur maillage territorial est favorable à la transversalité de travaux sur diverses espèces et à la proximité des producteurs. Elles ont également élaboré un tissu dense de relations techniques, lié aux compétences et à la motivation des équipes, ainsi qu'à l'animation du Ctifl avec lequel elles sont complémentaires. Enfin, elles ont montré leur capacité à s’adapter aux évolutions, notamment dans la recherche de financement. En revanche, on peut regretter l’absence d’une gouvernance professionnelle opérationnelle de ce réseau au niveau national, en dehors du Ctifl. Il existe schématiquement deux modèles de stations. L’un, « horizontal », vise le développement technique par le partage de la connaissance au plus grand nombre. Il concerne principalement les stations situées à l’Est de la France, sous pilotage des chambres d'agriculture. L'autre, « vertical », vise à donner, grâce à la connaissance, un avantage compétitif aux agriculteurs qui contribuent volontairement à leur financement. Il concerne les stations sous pilotage des organisations économiques dans le Nord et l’Ouest. Cette différentiation peut freiner la mise en place de stratégies nationales partagées.

    • Quelle est votre analyse de cette situation ?

      Les stations régionales doivent envisager la poursuite de la baisse tendancielle des financements publics nationaux « classiques ». Elles doivent également faire face à l’obsolescence de leurs équipements, sans grande possibilité d'investir. Ce manque d'investissement les oriente sur les thématiques économes en capital et pourrait les mener vers des stratégies non pertinentes. Plus elles font appel aux contributions publiques, sur des thématiques imposées, plus elles creusent leur déficit compte tenu de leur incapacité à mobiliser suffisamment de contreparties professionnelles. D’où le risque d'une disparition de stations et de pertes de compétences. Mais elles ont également des opportunités à saisir : une orientation forte des politiques européennes sur l’innovation, une décentralisation favorable à leur maillage territorial, les gains d’efficacité que pourrait apporter un réseau Ctifl-stations plus intégré. Enfin, les attentes sociétales fortes et paradoxales sur les fruits et légumes mais aussi l'impérieuse nécessité de trouver des solutions d'’adaptation au changement climatique peuvent stimuler l’émergence de projets fédérateurs permettant d’aider à la structuration du réseau et à la mise en place de sa gouvernance.

      * Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux

Rédaction Réussir

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