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Accord de libre-échange agricole : le “non” des maraîchers suisses

Le libre-échange agoalimentaire entre l’Europe et la Suisse n’est pas gagné. A peine les négociations engagées, les maraîchers suisses ont d’ores et déjà fait savoir leur opposition.

En Suisse, le Conseil Fédéral, la plus haute instance politique, a mandaté les Départements fédéraux des affaires étrangères (DFAF) et de l’économie (DFE) pour engager avec la Commission européenne des négociations visant à mettre en place un accord de libre-échange pour l’agroalimentaire.

Dans le principe, cet accord devrait simplifier les procédures inscrites dans le précédent accord Suisse/UE de 1999, ouvrir de nouveaux débouchés aux produits helvétiques voire se substituer – pour partie – aux multiples accords bilatéraux que la Suisse met en place ou projette. Une des premières missions des DFAF et DFE, sera d’évaluer l’impact d’un tel accord sur l’économie helvétique et les mesures d’accompagnement qui seront nécessaires, avant d’engager le cas échéant, des négociations plus approfondies. C’est-à-dire sur une durée d’au moins dix ans.

Mais déjà des voix s’élèvent pour s’opposer à cette initiative. La première instance à faire entendre sa position a été l’Union maraîchère suisse (UMS) qui a lancé un “non” vigoureux diffusé dans un communiqué de presse. “Le projet d’accord de libre-échange agricole avec l’UE n’est pas acceptable pour les maraîchers suisses. Un tel accord soumettrait les producteurs aux prix européens sans leur permettre d’influer sur la structure des coûts élevés en Suisse. Les producteurs ne pourraient plus répondre aux attentes des consommateurs en matière de proximité, d’écologie et de conditions sociales. Les maraîchers émettent également les plus grandes réserves quant à savoir si les consommateurs bénéficieraient effectivement de la baisse des prix à la production.”

“Nous ne sommes pas prêts pour le grand saut”

La stratégie future et les arguments de l’UMS apparaissent dans ces quelques lignes : le manque de compétitivité de l’agriculture suisse (problème de coûts de main-d’œuvre, d’énergie, d’eau et de construction) moins soutenue que dans l’UE via l’OCM F&L, le nivellement des prix ajustés à la baisse ou encore le risque de disparition des cultures maraîchères en Suisse. “Nous ne sommes pas prêts à faire le grand saut dans le marché européen sans OCM fruits et légumes, souligne Nicolas Fellay, directeur de l’UMS. De plus nous doutons des capacités du Conseil fédéral à argumenter sur une hypothétique baisse des prix pour le consommateur. L’exemple des dix dernières années, montre que les prix à la production ont diminué de 20 % et les prix à la consommation de 15 % seulement. Aucun secteur de l’économie ne serait épargné par un accord de libre-échange agricole et signerait la disparition des cultures maraîchères suisses. Afin d’éviter ce désastre, il faut offrir aux entreprises suisses des conditions cadre et des mesures de soutien équivalentes à celles existant dans l’UE.”

Il ne fait pas de doute que l’UMS va mener une grande bataille médiatique autour du projet en essayant de rallier à sa cause citoyens, consommateurs et forces économiques. On en apprendra un peu plus, à l’occasion du forum maraîcher européen qui se tiendra le 5 mai à Berne. Dossier à suivre dans un pays où la protection de l’agriculture est cause nationale puisqu’inscrite dans la Constitution.

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