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Melon - Centre-Ouest
A vingt ans, le Haut Poitou se félicite de son IGP

Les Maîtres du Melon du Haut Poitou ont choisi le Futuroscope pour célébrer leur 20e anniversaire, une occasion de faire le bilan de deux décennies de production.

Le 28 juin, au Futuroscope de Poitiers, le lancement de campagne du Syndicat de producteurs de melon du Haut Poitou revêtira une importance particulière. Avec leurs 200 invités, les quinze producteurs fêteront les vingt ans de leur organisation et les dix ans de l’Académie des Maîtres du melon du Haut Poitou.
En 1992, dix-neuf melonniers décident de se réunir pour défendre à la fois leur profession mais aussi valoriser leur terroir et mettre en avant la production de melons. Présidé à l’époque par Robert Franchineau, devenu en 2002 le président de l’académie, le syndicat franchit la première étape de la reconnaissance en 1998. Cette année-là, le melon du Haut Poitou obtient une IGP. L’Europe reconnaît ainsi les particularités de ce territoire propice à la culture du melon, sur des dépôts argilo-calcaires et crayeux et des dépressions humides et sablonneuses. Cultivé principalement entre Thouars et Loudun dans la Vienne, le melon labellisé du Haut Poitou se produit aussi en partie en Maine-et-Loire, Indre-et-Loire et Deux-Sèvres, de Saumur à Chinon en passant par Châtellerault et Poitiers. Le producteur adhérent du Syndicat qui souhaite estampiller ses melons de la marque “Les Maîtres du Haut Poitou” se doit de respecter les quatorze règles définies par l’IGP (cf. encadré). « L’IGP a permis de nous faire connaître et reconnaître dans notre région et bien au-delà, note Julien Godet, le président actuel du Syndicat, et adhérent depuis 2009. Elle nous a permis de mieux valoriser notre melon. Une chose est sûre. L’IGP est devenue une véritable opportunité de marché. Dans un contexte aussi concurrentiel, c’est important. » Aujourd’hui, le melon est cultivé sur 1 200 ha et offre un potentiel de 20 000 t environ selon les années et les aléas climatiques.

Plusieurs personnalités sont intronisées chaque année par l’Académie
Les lancements de campagne sont également l’occasion chaque année de promouvoir le produit. Clients, fournisseurs, élus locaux, sont conviés à cet événement organisé fin juin lors des premières commercialisations. Le parc du Futuroscope sera pour la seconde fois, après 2009, le lieu de ces festivités. Le syndicat veut surfer sur les opérations en vogue. Les convives devraient ainsi assister à la remise du prix du concours culinaire dédié au melon. Effectué sur place au cours de l’après-midi par les élèves des écoles hôtelières du département de la Vienne, il a été précédé d’une sélection réalisée sur propositions de recettes. Plusieurs chefs étoilés dont Joël Garault, du restaurant le Vistamar à Monaco, Maurice Alexis, chef à l’Elysée, Richard Toix, du restaurant Passions et Gourmandises à St Benoit (Vienne) et Fabien Dupont, du restaurant Le Saint Fortunat à Neuville de Poitou, ainsi que Noël Gutrin du Futuroscope feront partis du jury. Cerise sur le gâteau, le Futuroscope offre aussi aux invités deux nouvelles attractions et un buffet dînatoire sur le thème du melon.
Et, comme pour chaque lancement, plusieurs personnalités, ambassadeurs du melon, seront intronisées pour la circonstance par l’Académie des Maîtres du Melon du Haut Poitou. Environ une centaine de personnes en dix ans ont déjà apposé leur signature sur le livre d’or s’engageant ainsi à promouvoir le melon. Parmi les plus illustres, citons le dessinateur Piem, l’ancien président du Sénat aujourd’hui disparu René Monory, le chroniqueur historique Frédéric Gersal ou encore le marathonien, champion de France en 1978, Jean-Paul Gomez. Les académiciens en tenue, chapeau melon gris et cape d’apparat couleur melon, prennent régulièrement leur bâton de pèlerin pour faire déguster le melon lors des manifestations régionales, voire nationales. Et une douzaine d’entre eux s’investit chaque jeudi de la saison, de juillet jusqu’à la mi-septembre – soit une dizaine de séances par an –, dans la dégustation de nouvelles variétés. Florence Rouget, l’animatrice du syndicat, organise la dégustation. Elle a pris le relais de Catherine Goavec, l’initiatrice dans les années 90 des analyses sensorielles et qui venait de Paris chaque jeudi superviser l’opération.
Pierre Badin participe depuis dix ans à ces séances. Il ne s’agit pas de dégustation ordinaire puisque le but du jeu est de déterminer lesquelles des variétés expérimentées dans les essais effectués chez les producteurs auront “le privilège” d’être cultivées pour obtenir le label IGP des Maîtres du melon du Haut Poitou. Auparavant, l’ancien salarié de la Chambre d’Agriculture de la Vienne contrôlait déjà la qualité des melons chez les exploitants. Couleur, poids, indice réfractométrique pour évaluer le taux de sucre et la vitrescence, fermeté avec le pénétromètre et sensation gustative étaient les critères qu’il appréciait et reportait sur ses fiches descriptives. « Le syndicat s’est inspiré de ces références, se rappelle Pierre Bodin, tout en les adaptant à leur objectif et les conditions actuelles de production. Par exemple, nous ne testons plus la vitrescence, un défaut devenu inexistant grâce à la génétique. » La sélection variétale a nettement amélioré la qualité des melons : « Il est rare désormais de trouver une variété dont le taux de Brix est inférieur à 12 degrés, relève le spécialiste de la dégustation. Aujourd’hui, c’est presque l’excès de sucre qui poserait problème en masquant les divers arômes du fruit. » Huit critères sont donc au menu des dégustateurs, critères qui relèvent de la couleur, des odeurs, de la fermeté de la chair, de la jutosité, du fondant en bouche et de la perception du sucre. Et à chaque début de saison, les goûteurs redéfinissent le sucré, le salé, les différentes odeurs, histoire de se remettre au parfum « avant les grandes manœuvres ».
Sur la liste 2012, figurent onze variétés dont Hugo (Clause) sans doute la plus connue. Sont inscrites également des variétés comme Pendragon ou Rivage réputées pour leurs arômes spécifiques. Chaque année, ces variétés sont remises en jeu. Certaines font leur entrée quand d’autres sont radiées. C’est le cas de la variété ancienne de type lisse (type qui attire moins le consommateur aujourd’hui) Cézanne, néanmoins réputée pour ses arômes. D’autres sont délaissées par manque d’adaptation au terroir comme Edgar pourtant intéressante par sa précocité. Au final, les melons sélectionnés proviennent des divers obtenteurs exerçant dans l’Hexagone : Clause, Syngenta, Rijk Zwaan ou encore Nunhems et Monsanto.

Le syndicat défend la production
L’autre vocation du syndicat – défendre les producteurs – s’est avérée profitable, notamment en 2007. Les conditions climatiques désastreuses avaient entraîné des chutes de rendement de 60 % dans certains cas. Le syndicat a donc beaucoup œuvré et obtenu finalement le statut de calamité agricole pour la région. Actuellement, l’obligation des couverts végétaux en zone sensible pour éviter les fuites de nitrates dans les nappes souterraines fait l’objet d’âpres discussions. Jusqu’à présent, les melonniers avaient obtenu une dérogation à cette règle difficile à appliquer dans le système actuel de leur production.
Le syndicat s’est beaucoup investi par ailleurs dans l’élaboration de la charte melon à l’aube des années 2000. Philippe Delafond alors président du syndicat avait été élu président de la commission de la charte nationale melon, un prélude aux instances actuelles que sont devenues l’Association interprofessionnelle melon (AIM) et la section interprofessionnelle de première mise en marché (SIPMM).

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