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Nord-Pas-de-Calais
A Phalempin, circuits courts et organisation économique ne sont pas inconciliables

Dans la métropole lilloise forte de 1,5 million d'habitants, les circuits courts ont le vent en poupe. L'organisation économique se sent toutefois marginalisée par les institutions en place.

Opposer l'organisation économique avec les circuits courts est stérile. Il est préférable qu'ils acceptent de travailler ensemble.

La coopérative “Le Marché de Phalempin” se sent fortement interpellée par l'irrésistible vogue montante des circuits courts au point d'y avoir consacré sa table ronde lors de son assemblée générale du 20 février. Et elle l'affirme d'entrée de jeu : elle ne se laissera pas emporter par cette vague actuelle que l'on met en avant, tant à Paris qu'en région, sans réagir. « Nos productions seront encore vendues très largement par l'intermédiaire des circuits longs. Il serait illusoire de penser pouvoir se passer des centrales d'achat pour vendre nos produits », a rappelé André Tondeur, le président de cette coopérative forte de 190 adhérents qui vient de réaliser un chiffre d'affaires de 38 millions d'euros. Même si celui-ci reconnaît volontiers que la « coopérative doit pouvoir s'adapter à ces nouvelles façons d'acheter ». Les producteurs de la coopérative se sentent d'ailleurs fortement concernés par le projet de Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) visant à installer une dizaine de nouveaux producteurs en maraîchage sur une surface de 47 ha dans la ceinture verte de la métropole lilloise (cf. fld hebdo du 3 juillet 2013). La LMCU veut y promouvoir les circuits courts. « L'investissement consenti dans cette opération est monstrueux », a souligné un producteur en parlant de « véritables distorsions de concurrence ». Seule certitude : l'image que reflète la coopérative à l'extérieur de la sphère agricole n'est pas celle du circuit court. Ce n'est qu'une image, répond André Tondeur, parce que dans les faits, « si nous livrons les centrales d'achat, nous n'empêchons pas des producteurs de livrer en direct certains magasins… mais à condition qu'ils adoptent une facturation centralisée ». La coopérative développe également d'autres projets témoignant de sa volonté de coller à la réalité des marchés. Et ce soir-là, le président n'a pas évoqué le projet de sa coopérative développé au Min de Lille. Depuis 2009 en effet, elle y possède une case lui permettant de commercialiser 30 à 40 % des 700 t de cinquante de ses producteurs. Une sorte d'observatoire grandeur nature permettant de préserver, via les détaillants régionaux, ce lien indispensable entre producteurs et consommateurs. Et surtout de rester en permanence en contact avec le marché. Opposer l'organisation économique avec les circuits courts est stérile. Il est sûrement préférable que les deux mondes se rencontrent davantage et acceptent de travailler ensemble. Bernard Delaby, vice président chargé de l'agriculture à LMCU, l'a reconnu : « entre le Marché de Phalempin et LMCU les contacts sont très récents ». Trop peut-être ! Pourtant, il y a tant de choses à faire en commun : la livraison à la restauration collective en est un exemple. Rien que pour les écoles maternelles et primaires des quatre-vingt-cinq communes de LMCU, l'enjeu est de fournir 75 000 repas par jour ! Les Amap, les drives fermiers resteront des niches correspondant aux aspirations et aux modes de vie de certains consommateurs. Pour autant les organisations de producteurs n'ont pas à s'en détourner. Elles se doivent de tenir compte des nouvelles aspirations des consommateurs en faveur d'un approvisionnement plus local, d'une meilleure connaissance des producteurs et de leurs conditions de culture. La seule question restée en suspens et non la moindre reste cependant celle de la formation du prix. Et là, la discrétion est de rigueur.

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