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Medfel - Agriculture biologique
2014, l’objectif bio de la Tunisie

Directrice générale de l’agriculture bio au sein du ministère tunisien de l’Agriculture, Samia Maamer explique les projets de développement et les actions de ses services à l’horizon 2014. Un travail proche de celui de l’Agence Bio en France.

« Ne pas utiliser l’image de la révolution pour communiquer, ce serait passer à côté de la plaque ! », souligne en préambule Samia Maamer, à la tête de la direction générale de l’agriculture bio au ministère de l’Agriculture tunisien, depuis un an. Créée en avril 2010, cette direction générale a quelques similitudes avec l’Agence Bio française. Elle a pour but d’aider le secteur agricole bio tunisien à mettre en place une stratégie de développement à grande échelle d’ici à 2014. « La création de cette direction générale bio est le fruit du travail de l’ancienne sous-direction agriculture bio au sein du ministère, explique-t-elle. Il nous fallait une structure plus importante. Car nous sommes passés d’une production bio de 4 000 tonnes en 2001 à 12 000 tonnes en 2009, pour un équivalent en valeur de 30 millions d’euros. C’est donc clairement un secteur en pleine expansion à soutenir. » Pour parfaire sa présence sur le terrain, la direction générale est accompagnée, dans chaque gouvernorat (l’équivalent de nos régions françaises), d’un commissariat régional au développement agricole, au sein duquel un représentant est dédié à l’agriculture bio.

Atteindre 500 000 ha bio d’ici trois ans
En termes de développement chiffré, Samia Maamer annonce : « En premier lieu, nous voulons atteindre, d’ici à 2014, les 500 000 hectares. L’idée étant de reproduire ce qui se fait dans les pays du sud de la Méditerranée, comme l’Italie ou l’Espagne. Nous voulons aussi développer le marché local et faire progresser les ventes de produits bio à hauteur de 1 % du marché tunisien. »
Des études de faisabilité sont actuellement en cours, en particulier sur le volet promotion, et un plan d’action sera déterminé par la suite. Les résultats sont attendus d’ici juin. Pour le volet promotion, l’étude porte à la fois sur des produits bio dédiés au marché intérieur et à l’export. Une promotion qui sera à coup sûr accompagnée du tout récent label bio tunisien. « Mes services ont travaillé durant deux ans pour mettre au point les textes réglementaires de ce label. Nous avons réalisé des études expérimentales quant à son utilisation », explique Samia Maamer.
Depuis le 19 juin 2009, la Tunisie fait partie des pays qui ont obtenu une reconnaissance européenne de leur référentiel agriculture bio. « Auparavant, chaque importateur européen devait avoir une autorisation de reconnaissance. Il fallait au moins quinze jours pour l’obtenir. » Autant dire un vrai casse-tête pour les opérateurs des deux côtés de la rive. Le label tunisien, né en juin 2010 en même temps que la direction générale de l’agriculture bio, vient ainsi conforter cette reconnaissance tant à l’échelle locale qu’à l’étranger. « Il appartient au ministère de l’Agriculture, mais il n’est pas obligatoire et son utilisation est gratuite. C’est l’équivalent du label AB français. C’est un outil essentiel pour l’identification de la production bio sur le marché local ; nous avons d’ailleurs organisé des mises en avant chez deux distributeurs à Tunis (Géant et Carrefour). » Et le volet touristique fait partie de la boucle. « Nous avons passé un accord avec certaines chaînes hôtelières de luxe, pour qu’elles mettent en avant les productions bio tunisiennes sur leurs tables et qu’ainsi, elles en favorisent la vente. »

Un programme de promotion renforcé est prévu sur l’huile d’olive et les dattes
Hormis la promotion, la recherche fait partie du plan stratégique de développement du bio en Tunisie. « Nous avons créé un laboratoire de recherche bio, qui réunit tous les instituts qui travaillent sur le sujet de l’agriculture bio. Nous avons par exemple un institut de l’olivier, qui a un projet spécifique de recherche sur le bio. » A ce jour, le laboratoire a recensé huit grands projets bio et a opté pour la création de fermes pilotes, une sorte de vitrine dans chaque gouvernorat qui présente les avancées agronomiques et les techniques de culture les plus adaptées. Le réseau compte aujourd’hui 41 fermes. « C’est important de pouvoir vulgariser les travaux de recherche et d’amélioration de cultures pour les producteurs. Et ces fermes servent en quelque sorte de support de vulgarisation. »
Pour l’heure, sur les 330 000 hectares que compte l’agriculture bio en Tunisie, les fruits et légumes ne représentent encore qu’un faible pourcentage. En 2009, on comptait 7 600 ha de figues de barbarie, 1 200 ha de palmiers dattiers et 200 ha dédiés au maraîchage. Mais le développement est rapide : « L’an dernier, les surfaces en maraîchage sont passées à 400 ha. L’objectif en 2014 est d’atteindre les 1 000 ha. Depuis l’an dernier, on note un boom des cultures maraîchères bio et un développement fort, lié entre autres à la production de tomates séchées et d’artichauts pour la transformation. » Et pour ce développement, la direction générale annonce vouloir développer la culture bio des terres domaniales. « Ce sont des terres qui appartiennent à l’Etat et il est prévu de leur rendre de l’autonomie. Ce sont des Tunisiens qui les exploiteront. Dans ce cadre, nous allons développer des partenariats avec des petits producteurs. » Quant aux soutiens de l’Etat, ils peuvent avoir plusieurs formes et notamment porter sur la création d’unités de conditionnement de tomates séchées ou d’artichauts dédiés à la transformation, des produits ayant un fort potentiel à l’export. Il existe des aides spécifiques : « Nous pouvons aller jusqu’à 30  % d’aide de l’Etat dans certains projets liés à la transformation. »
Quant à l’exportation, Samia Maamer estime que la “révolution de jasmin” est un plus : « C’est toute l’image de la Tunisie aujourd’hui ; elle sert l’identité du pays. Il y a clairement un plus à l’utiliser sur le plan marketing, et c’est une image de marque qui peut vraiment nous renforcer. » Le plan de développement de la direction générale a pour but de quasiment doubler le marché à l’export, à 60 M€ d’ici 2014. « Nous souhaitons soutenir davantage les produits de qualité, améliorer les conditionnements, notamment pour faire davantage connaître notre origine sur les marchés à l’export. » Et la direction générale de l’agriculture bio a ainsi voulu accompagner plus particulièrement des produits comme l’huile d’olive et les dattes durant les quatre prochaines années. Sur le dossier de l’huile d’olive par exemple, « nous voulons davantage la faire connaître et favoriser son conditionnement en Tunisie. Pour les dattes, il y a encore de nombreux produits à valoriser et des plus-values intéressantes à trouver, en favorisant la production de produits dérivés des dattes pour en augmenter la valeur ajoutée. »

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