Une collaboration
2014, année de la confirmation?
2012 : une nette reprise et une amélioration des marges
Nous avions annoncé, il y a un an, un sursaut pour la filière en 2013, après des années 2011 (E. Coli) et début 2012 assez moroses mais une reprise dès l'été. L'année 2013 s'est révélée positive pour la filière fruits et légumes, à contrecourant des tendances générales de l'économie.
L'examen rapide des données de chiffre d'affaires et de marge des 700 leaders français montre sans ambiguïté que la conjoncture leur a été favorable en 2012.
Les données des entreprises présentées sur le tableau sont relatives à 2012, année de reprise après les avanies de 2011. La demande française avait décliné en début d'année mais s'était reprise aux troisième et quatrième trimestres, avec des cours corrects.
Le commerce extérieur français s'était dégradé, avec davantage d'importations de fruits, moins d'expédition de pommes de terre et une certaine stabilité des légumes.
L'examen rapide des données de chiffre d'affaires et de marge des 700 leaders français montre sans ambiguïté que la conjoncture leur a été favorable. Ainsi seuls 40 groupes et sociétés sur 700 ont vu leur chiffre d'affaires refluer, autrement dit la croissance est au rendez-vous pour 95 % des acteurs ; dans 96 % des cas, la marge brute est en progression.
Les valeurs moyennes des ratios sont de + 3 % pour le chiffre d'affaires et de + 4 % pour la marge. On peut penser que la progression est limitée, mais c'est assez correct dans une année de quasi-stagnation de l'économie nationale.
Dans cette circonstance quelques faits sont à souligner.
En 2012, le groupement Creno a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 1 milliard d'euros, pour la première fois. Cette donnée est à rapprocher des données de TerreAzur, activité frais de Pomona, soit 682 millions d'euros.
Dans le même temps le groupement Hexagro atteint un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros, en forte progression, sous l'impulsion de ses deux plus grands adhérents, Ginard et Estivin.
Les réseaux d'amont coopératifs ou privés enregistrent des progressions notables : Rougeline, Condifresh, Perle du Nord, Expandis par exemple.
Le Top 10 en 2012La diversité des métiers et des formes d'organisation des dix premières entreprises en 2012 montre que la vivacité de la filière repose sur différents piliers : la production agricole hexagonale et des Dom, le savoir-faire de transformation des produits frais, l'efficacité du réseau BtoB, les savoir-faire des importateurs de produits tropicaux.
On trouve, parmi les dix premiers, cinq entreprises d'amont (Agrial, Arcal, Blue Whale, Fruidor et Savéol) qui illustrent la diversité des terroirs français. On peut regretter de n'y voir aucune entreprise du Sud-Est. Les cinq autres acteurs sont plus en aval, mais sans être détachées de la production (la Compagnie Fruitière est très impliquée dans le stade agricole de ses principales origines ; Pomona, AZ France, Creno et Hexagro remplissent des fonctions d'expédition).
Ainsi, il existe une solidarité de fait entre amont et aval des filières, quels que soient les produits ; la compétitivité d'ensemble dépend de chacun.
2014 : toujours les mêmes questions !Les questions pour l'année à venir sont, finalement, les mêmes qu'il y a un an :
• La question du soutien spécifique au secteur fruits et légumes, à travers la Pac n'est pas vraiment résolue puisqu'un texte spécifique au secteur f&l (et aux articles de l'OCM unique s'y rapportant) doit être élaboré, sans doute en 2014. Ce qui est certain, c'est que les accords principaux, scellés en 2013, ne concernent pas le mode de soutien spécifique aux producteurs de f&l et à leurs OP.
• Les interrogations à propos de la consommation demeurent, même si l'embellie, qui a duré dix-huit mois, a surmonté un printemps très atypique. Quel sera le climat en 2014 : hiver glacial, printemps tardif et pourri, été caniculaire ? Les deux dernières campagnes ont montré que l'irrégularité climatique crée nombre de situations inattendues, voire imprévisibles, qui peuvent être aussi bien positives que négatives. Face à ces incertitudes, la défense des f&l frais, comme aliments les plus sains de toute l'offre alimentaire et la capacité d'adaptation de l'offre aux caprices du temps sont les meilleurs atouts de la filière.
• La création d'un salaire minimum en Allemagne sera une nouveauté et ne sera pas sans influence sur les coûts de main-d'œuvre en Europe : il sera inférieur au Smic français, n'évoluera sans doute pas de manière parallèle, ne s'appliquera pas aux travailleurs détachés. Quel sera son impact sur les coûts en Europe et sur la compétitivité française ? • La simplification réglementaire et administrative en France sera-t-elle arlésienne ?
Si la conjoncture s'y prête, si les politiques et pratiques publiques sont “business-friendly”, si la France améliore, en général, sa compétitivité, 2014 pourrait être l'année de la confirmation pour une filière f&l, plus dynamique que ne l'est l'économie nationale en général.