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LES LEADERS - Classement des 700
2013 sera l’année du sursaut

Tensions européennes, restrictions budgétaires, arrivée d’un nouvel Etat Membre, contexte délicat pour renégocier la Pac.

L’année 2011 – référence de notre classement des leaders  –a été marquée par la crise de la consommation de légumes en Europe (crise E. Coli) et de la production de fruits d’été en France. Les indicateurs ne manquent pas : les prix des légumes en Europe se sont repliés de 20 %, taux atteignant plus de 40 % pour les espèces les plus affectées, la consommation de f&l a chuté de 5 % en France et s’est repliée dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. En France, en dépit de l’augmentation des volumes, la valeur de la production des fruits, légumes et pommes de terre a reculé de presque 10 % au total (respectivement de 6 %, 9 % et 16 %). En 2011, le revenu des producteurs légumiers français s’est replié, selon Agreste, de 35 %, celui des arboriculteurs a crû de 41 %. Presque une entreprise sur deux a vu son chiffre d’affaires reculer, pour un taux de croissance médian de 0,9 %. Pour référence, le taux d’entreprises en croissance était de 75 % en 2010. Parmi les entreprises de plus de 30 M€, les résultats sont à peine meilleurs avec 57 % d’entreprises en croissance et un taux moyen de 1,9 %.
Les acteurs les plus impactés par la crise E. Coli sont les expéditeurs et coopératives de légumes. A contrario, les leaders de la IVe gamme progressent, même si le leader du marché britannique, Bakkavör, cède du terrain tout comme ses filiales (Espagne et France).
Le secteur de gros connaît des résultats contrastés. Les principaux réseaux enregistrent une hausse de leur chiffre d’affaires (2 % à 3 %) alors que de nombreuses entreprises, de taille moyenne, ont reculé. Les coopératives et expéditeurs de fruits connaissent aussi des fortunes variables. Le secteur des pommes oscille autour de la stabilité ; rares sont ceux qui approchent les + 28 % de Consorzio Melinda (chiffre d’affaires 2011 : 248 M€), groupe phare de la pomiculture de l’Europe de l’Ouest. Les opérateurs spécialisés dans les fruits d’été, assez bas dans le classement, sont plus encore à la peine.
En Europe, la période a été l’occasion de quelques grandes manœuvres entre quelques entreprises de grande taille :
Nous avons déjà cité la reprise des filiales “méridionales” de Bakkavör par Agrial (cf. fld hebdo du 6 novembre 2012), ce qui renforce le groupe normand, comme un des leaders européens des “fresh cuts”.
La Compagnie Fruitière a, quant à elle, repris Dole Espagne et Dole Portugal au groupe éponyme dont elle est l’alliée. Dole contrôlant une partie de son capital. Dans ce cas comme dans le précédent, nous remarquons qu’il s’agit de passages de relais entre groupes anglo-saxon et français pour le contrôle de filiales méditerranéennes.
En Italie, l’année est marquée par la fin de la collaboration entre GF Group, leader transalpin, et Dole, leader mondial. Le groupe Adriafruit, importateur de bananes et d’exotiques a, quant à lui, été liquidé.
Pendant ce temps, Fyffes est entré dans le capital de Gemusering, maison mère de Van Wylick, l’une des principales entreprises de gros allemandes.
En Belgique, c’est l’entreprise Van Dijk (chiffre d’affaires : 46 M€) qui a disparu.
En France, on note la cessation – à l’amiable ou non – d’une trentaine de sociétés classées dans les 700 “leaders”. Par ailleurs, certains groupes du commerce de gros ont accentué, eux aussi, leur croissance externe.

2012, le retour en grâce des f&l frais
Alors que l’économie européenne a replongé, dès le second trimestre, dans un marasme inquiétant, l’économie des fruits et légumes s’est plutôt mieux portée qu’en 2011. En premier lieu, les médias n’ont pas jeté le doute sur la qualité sanitaire des fruits ou légumes, en second lieu, l’été a été clément pour les producteurs de fruits et il n’y a pas eu de grave crise, enfin, en comparaison avec une des pires années depuis le début du siècle, il suffit qu’une année soit normale pour qu’elle paraisse bonne.
Restons sur quelques indicateurs concrets. La consommation en France a décliné en début d’année mais s’est reprise au troisième trimestre (en comparaison avec la période de crise en 2011) et plus encore au cours de l’automne (voir résultats Kantar/FranceAgriMer, sur le site de l’Etablissement National). Les prix se sont plutôt bien tenus. Il s’agit d’une bonne performance dans un contexte de quasi-récession et une tendance au recul de la consommation des ménages. Ce retour en grâce, s’il doit être confirmé, tend à montrer que la demande en f&l frais est solide et qu’elle a pu surmonter la crise de 2011 plus rapidement, à moindres frais (communication, retrait), que la filière bovine il y a dix ans.
Le commerce extérieur français a cependant continué à se dégrader, avec davantage d’importations de fruits, moins d’expédition de pommes de terre et une certaine stabilité des légumes.

2013, année cruciale pour l’amont
Alors que le débat national se focalise sur la compétitivité, entre réduction des coûts et accélération des innovations, que les entreprises renforcent leurs stratégies, survie pour les uns, constitution de groupes puissants pour les autres, l’Europe s’apprête à s’ouvrir davantage au monde (par exemple la négociation actuelle avec le Mercosur) et les échanges à l’intérieur de l’UE tendent à croître. La question de la compétitivité se pose chaque jour avec plus d’acuité. L’hypothèse d’une division européenne du travail ne va pas toujours – c’est un euphémisme – dans un sens immédiatement favorable aux professionnels français.
La question est de savoir si les décisions de politique économique seront favorables à la production et au commerce des f&l, si la volonté affichée de renforcer l’activité des filières agricoles et alimentaires débouchera sur un plan d’action ambitieux, incluant la modération des coûts du travail, l’amélioration des relations avec l’aval de la filière, le soutien de l’administration, ou si, au-delà des discours, les actes resteront rares et, au final, peu efficaces.
La négociation de la Pac s’effectue sur fond de tensions européennes, de restrictions budgétaires, de partage à 28 (la Croatie devenant le 28e Etat Membre). Pour la Commission, la question est de savoir si le régime spécifique aux f&l doit être maintenu. Chaque Etat Membre a donné son évaluation (disponible sur le web de la DG Agri) et la Commission a lancé une consultation publique en juin 2012. L’heure de vérité approche. Le rapport du ministère français de l’Agriculture appelle au maintien du régime actuel avec des aménagements. Le rapport britannique pointe l’amélioration du taux d’approvisionnement et recommande des améliorations pour rendre le régime plus simple et attractif. Les autorités italiennes vont dans le même sens en préconisant certaines inflexions, en particulier sur la cohérence avec le deuxième pilier géré à l’échelle régionale sur leur territoire. L’Espagne propose des aménagements portant sur le suivi et la stratégie nationale. Le rapport allemand préconise, au contraire, une fin programmée et le rattachement de certaines mesures au deuxième pilier, considérant que le régime n’apporte que peu aux producteurs allemands et que le maintien de l’OCM f&l dans d’autres pays de l’UE provoquerait une distorsion de concurrence. Des points de vue contraires découlent ainsi de ces analyses nationales. L’année 2013 sera vraiment cruciale pour l’amont des filières.

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