Aller au contenu principal

FCO : six éleveurs nous expliquent pourquoi ils ont fait le choix de vacciner ou pas

Par crainte d'effets indésirables ou doutes sur l'efficacité des vaccins, par manque de temps, de moyens ou par conviction, bon nombre d'éleveurs n'ont pas vacciné leurs troupeaux de bovins contre la FCO. D'autres ont préféré recourir aux vaccins en prévention. Ils argumentent leur choix. 

<em class="placeholder">vaccination contre la FCO</em>
L'hiver et le printemps derniers, des éleveurs ont vacciné leur troupeau contre la FCO, à titre préventif.
© S. Bossiere
 

Bertrand et Valentin Fenon, éleveurs dans la Loire

<em class="placeholder">Valentin Fenon, éleveur dans la Loire</em>
© B. Fenon

OUI. Nous avons vacciné en janvier nos 50 vaches laitières et nos génisses de renouvellement de plus d'un mois et demi, contre la FCO 3, 8, 4 et contre la MHE. Nous avons été tellement ébranlés par les conséquences de la FCO 8 en 2024, que nous ne voulions prendre aucun risque de revivre une telle catastrophe. Fin août 2024, toutes les vaches ont été malades à cause de la FCO 8 : elles boitaient, leur production laitière a beaucoup baissé. Huit vaches en sont mortes : c'étaient des fraîches vêlées ou proches du vêlage. Sept vaches, très malades, n'ont jamais récupéré : elles sont restées maigres. Nous aurions pu les réformer plus tôt. En tout, il va falloir renouveler 15 vaches laitières. Cet épisode est très lourd financièrement : pertes de vaches, perte de production laitière (près de 100 000 litres de fin août au printemps 2025), soins supplémentaires car les vaches affaiblies tombaient facilement malades, pénalité sur le prix du lait car plus de cellules, vente de réformes à prix dégradé à cause de l'état des animaux. Heureusement, les veaux ont été peu malades et s'en sont remis plus vite. Ce n'est que ce printemps avec la mise à l'herbe que les vaches ont repris de l'état et que leur production laitière est repartie à la hausse. 

Alors, pour ne plus vivre cela, nous avons voulu vacciner le plus tôt possible contre les maladies proches de chez nous : FCO 3 et MHE, en plus de la FCO 8. Le vétérinaire nous a conseillé de ne pas vacciner les animaux malades. Nous avons donc attendu janvier, mais nous avons réservé des doses dès septembre pour vacciner toutes les vaches et les génisses de plus de 1,5 mois. Le cabinet vétérinaire nous a réservé un vaccin combinant la FCO 8 et 4, car les doses contre la FCO 8 seule risquaient de n'être pas disponibles. Tous les animaux ont été vaccinés le même jour contre toutes les maladies. Et le rappel a été fait trois semaines après. Les bêtes étaient déjà fatiguées, ce n'était pas pire suite au vaccin. Il n'y a pas eu de problème avec les femelles gestantes pendant la vaccination

Seul le coût du vaccin contre la FCO 3 a été pris en charge. Nous avons payé les autres, ainsi que l'acte vétérinaire, soit 1400 euros HT en tout. C'est une somme, mais par rapport aux pertes subies, on ne se pose pas la question longtemps de vacciner ou non. 

Patrick Broc, éleveur dans l'Orne

<em class="placeholder">Patrick Broc, éleveur dans l&#039;Orne</em>
© P. Broc

NON. Je me suis posé la question mais j'ai décidé de ne pas vacciner mon troupeau de 40 Normandes. Pourtant, je ne suis pas un "antivax", je vaccine tous les ans contre l'entérotoxémie. Mais pour la FCO, j'ai eu des échos assez négatifs d'éleveurs du coin et d'un autre dans le Massif central qui ont rencontré de gros souci de reproduction sur des troupeaux vaccinés. L'inséminateur aussi m'a indiqué des cheptels qui avaient été vaccinés et dont une bonne partie des vaches étaient vides. Je sais qu'on ne peut pas conclure en s'appuyant sur ces quelques retours d'expérience cas mais cela m'a quand même refroidi. D'autant qu'il y a aussi certains vétérinaires qui n'incitent pas forcément à vacciner... Si j'étais sûr que le vaccin ne causait aucun effet délétère sur le troupeau, je le ferais. Mais dans le doute, je préfère m'abstenir. Je prends peut-être un risque à ne pas vacciner, le virus étant assez présent en Normandie, mais comme la fertilité est plutôt bonne ces derniers mois sur l'élevage, je n'ai pas envie de changer quoi que ce soit. Je préfère miser sur l'immunité de mon troupeau en alimentant bien les vaches, en les minéralisant, en les vermifugeant... Je ne sais pas si j'ai raison. C'est l'avenir nous dira quelle était la meilleure stratégie. 

Géraldine Dubois, éleveuse dans la Manche

OUI. Nous avons vacciné contre la FCO 3 en automne dernier, et contre la FCO 8 cet été. Notre vétérinaire nous a parlé des dégâts dans l’Est de la France et en Belgique, nous n’avons pas hésité longtemps. Nous n’avons pas noté d’effets négatifs des vaccins sur les animaux. Je suis contente d’avoir vacciné, car dans notre secteur, la FCO circule beaucoup cette année et ceux qui n’ont pas vacciné ont l’air plus sévèrement touchés. Nous avons reçu un résultat de prise de sang positif à la FCO 3 pour une vache, mais il n’y a pas eu de réel impact de la maladie, elle est juste montée en température deux ou trois jours. J’ai regardé sur le logiciel du robot, et seulement deux vaches sur 65 ont chuté en lait, pendant quelques jours. Je pense que c’est grâce au vaccin. Il nous a vraiment apporté de la sérénité, car la FCO a explosé dans notre secteur juste avant que nous partions en vacances. Nous allons faire le rappel pour la FCO 3 dans les semaines qui viennent. Nous espérons tout de même ne pas avoir trop de répercussions sur notre troupeau,  en particulier sur la reproduction dans les semaines et mois à venir.

Ludovic Laigre, éleveur allaitant dans le Calvados 

NON MAIS. Les vaccins contre la FCO 3 et FCO 8 sont dans le frigo ! Je les ai commandés en fin d'année dernière car leur coût était entièrement pris en charge. Je pensais vacciner mes 60 Charolaises une fois qu'elles auraient vêlé en février et avant la mise à l'herbe. L'idéal aurait été de le faire en même temps que la prophylaxie habituelle, mais le vétérinaire a déconseillé de coupler les deux. Et une fois les vaches dehors, c'est toujours compliqué d'intervenir. Même si je suis équipé d'une cage de contention, c'est du boulot en plus et un stress pour les animaux. D'autant qu'il aurait fallu multiplier les interventions avec le rappel et le second vaccin. Du coup, je les ai traitées trois fois cette année avec un répulsif pour limiter les piqûres mais c'était surtout pour me rassurer... La date de péremption des vaccins approche. J'avoue que je me pose toujours la question de vacciner ou pas. Maintenant que la FCO est à ma porte, je suis partagé entre la peur et l'envie de protéger mon troupeau par la vaccination. Si le virus avait été aussi proche de chez nous en début d'année, j'aurais certainement vacciné à ce moment-là.

Denis Ville, éleveur dans la Loire

OUI MAIS. Au départ, je voulais vacciner en décembre 2024 contre FCO 3, 8 et MHE le même jour, mais j’ai repoussé car j’attendais l’arrivée du vaccin contre la FCO 8 qui était en rupture de stock. Ce vaccin n’arrivant toujours pas, j’ai appelé le véto pour qu’il vienne avant la sortie des animaux en prairie, fin février, vacciner contre la FCO 3 et la MHE mes 20 vaches laitières et les génisses de plus de 3 mois. Le rappel a été réalisé trois semaines plus tard. Quand les doses FCO 8 ont fini par arriver, les animaux étaient déjà au pâturage. J’aurais pu vacciner au moins les vaches traites quand elles reviennent en stabulation pour la traite, mais je n’avais pas envie de payer un flacon pour n’en utiliser qu’une partie.

En 2024, mon troupeau n’a pas été très malade de la FCO 8. Mais, je voulais prévenir et couvrir mon troupeau, car une année ne fait pas l’autre. Et cela malgré les rumeurs sur des effets négatifs des vaccins sur les gestantes, auxquelles le GDS ne savait pas répondre. Je suis satisfait d’avoir pu vacciner mon troupeau et je n’ai pas remarqué de problème suite à la vaccination.

Maud Blondeau, éleveuse dans le Calvados

<em class="placeholder">Maud Blondeau, éleveuse </em>
© M. Blondeau

NON. Je préfère miser sur l'immunité de mon troupeau plutôt que vacciner. Je distribue des compléments à base d'huiles essentielles et vitamines pour booster le système immunitaire de mes 120 Normandes. Face aux discours contradictoires que l'on entend sur le terrain, on ne sait plus qui croire, alors j'ai acté en fonction de mes propres convictions. J'estime que nous n'avons pas de retours suffisants quant à l'efficacité des vaccins. Je juge mon troupeau suffisamment fort pour encaisser le passage de ce virus, et je suis prête à prendre le risque d'avoir des soucis de repro, voire même de perdre des animaux dans le pire des cas. J'ai d'ailleurs eu un avortement il y a quelques jours et des vaches se sont mises à boiter du jour au lendemain, la FCO est peut-être dans le troupeau. Nous attendons le retour de l'analyse mais quoi qu'il en soit, c'est comme ça, le troupeau s'immunisera de lui-même. 

 

Les plus lus

<em class="placeholder">L&#039;aire paillée offre une surface de 1 200 m2 séparée en deux.</em>
« Je suis repassé en aire paillée pour viser 2 millions de litres dans mon élevage laitier des Côtes-d'Armor »
Dans les Côtes-d’Armor, Antoine Boixière a choisi de démonter ses logettes pour améliorer le confort de ses 110 prim’Holstein et…
Deux éleveurs avec une petite fille devant un près avec des montbéliardes en Haute-Savoie
DNC : « Ceux qui s’opposent à l’abattage rallongent notre calvaire », témoigne Nicolas, éleveur laitier touché par la maladie en Haute-Savoie

Eleveur laitier près de Faverges, en Haute-Savoie, Nicolas Prud’homme dont 68 bêtes ont été abattues après une contamination à…

<em class="placeholder">dégagement de gaz toxique au silo</em>
Ensilage de maïs : attention au gaz orange des silos 

Les sécheresses et canicules impactent le métabolisme des plantes. Elles peuvent notamment induire des niveaux de nitrates…

<em class="placeholder">Thierry et Tristan Cluzel, éleveurs laitiers. </em>
« Le passage en logettes de nos vaches laitières nous a changé la vie, dans la Creuse »

Le Gaec du Beaudeix dans la Creuse a converti l’aire paillée  en stabulation avec deux rangs de logettes suite à l’…

<em class="placeholder">Aurélie et Ludovic Coué, éleveurs laitiers</em>
« Pour installer un robot de traite, nous avons réaménagé le bâtiment d’élevage pour la moitié du prix d’un neuf en Loire-Atlantique »

En Loire-Atlantique, Ludovic et Aurélie Coué ont préféré transformer l'ancienne stabulation pour installer des robots de…

<em class="placeholder">Ensilage de maïs, silo, tassage</em>
Maïs fourrage et sécheresse : adapter son chantier d'ensilage
Les chantiers d’ensilage ont commencé. Certains ont été impactés par les épisodes de sécheresse. Des précautions sont à prendre…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière