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« Engraisser nos vaches de réforme devrait générer 4 500 € de produit supplémentaire par an »

Avec l’embellie du prix de la viande, il est plus intéressant de finir les vaches aujourd’hui qu’hier. Certains éleveurs laitiers, comme Sylvain Quellier, éleveur de 80 vaches laitières normandes et prim’Holstein dans l’Orne, ont saisi le coche récemment. Ils engraissent désormais leurs réformes pour tirer un meilleur produit viande. D'autres éleveurs font également écho de leur stratégie.

© C. Pruilh

Sylvain Quellier, éleveur dans l’Orne

« Engraisser les réformes devrait générer 4 500 € de produit supplémentaire par an »

Vu les cours actuels, nous avons décidé d’engraisser toutes les vaches de réforme de notre troupeau de 80 vaches laitières normandes et prim’Holstein. Dans notre nouveau bâtiment destiné aux génisses pleines et aux vaches taries, nous aménageons aussi une case de huit places pour l’engraissement des vaches de réforme. Avec près de 75 % de normandes dans le troupeau, nous avons le potentiel génétique pour faire de bons poids de carcasses. Je vise une moyenne de 400 kg. Si nous arrivons à gagner 30 kg de carcasse sur chaque vache par rapport à ce qu’elle aurait donné en fin de lactation, payés 6 € le kilo, j’estime le produit supplémentaire à 4 500 € par an, pour 25 vaches de réforme à l’année. J’espère aussi que nous pourrons gagner un peu grâce à de meilleures conformations, avec plus de vaches O+ voire R. En fonction de la saison, le début d’engraissement se fera à l’herbe mais avec une finition de minimum un mois en bâtiment.

Pascal Colson, éleveur dans les Ardennes

« Avant, l’engraissement payait seulement les charges, dorénavant, nous gagnons quelque chose. »

 
<em class="placeholder">Pascal Colson</em>
© P. Colson

Ce n’est pas la conjoncture de la viande qui a décidé à finir les vaches de réforme de notre troupeau de 150 jersiaises. Nous les engraissons systématiquement car si nous les vendions en fin de lactation, le prix serait vraiment trop faible. Nous les engraissons à l’herbe. L’idée est de choisir les vaches à réformer dans l’hiver, de les lâcher au pâturage tôt au printemps, et de les engraisser à l’herbe. Nous ne les complémentons que très peu, juste un peu de céréales pour que, comme j’aime à le dire, nous restions copains lorsque nous allons les chercher au pré. Elles partent ensuite en juillet. Nous les vendons entre 5 et 5,5 € le kilo. Aujourd’hui, les prix sont corrects. Avant, l’engraissement payait seulement les charges, dorénavant, nous gagnons quelque chose.

Patrick Dietrich, éleveur dans le Bas-Rhin

« Je garde les vaches dans le troupeau laitier un peu plus longtemps »

 
<em class="placeholder">Patrick Dietrich</em>
© P. Dietrich

Lorsque les prix étaient bas, les vaches partaient lorsqu’elles ne produisaient plus que 20 litres, sans que je les engraisse. Aujourd’hui, si je vois qu’elles profitent bien de la ration des laitières, je peux les garder un ou deux mois de plus dans le troupeau, jusqu’à ce qu’elles ne produisent plus que 16 à 17 litres. Au robot, je leur laisse un kilo de correcteur azoté par jour. Je préfère qu’elles reprennent de l’état sans le stress du tarissement. De plus, leur lait est riche en matières grasses et en protéines. Pour moi, elles paient leur ration. En revanche, c’est vrai qu’il faut un peu de place, à la fois au robot et dans le bâtiment. Il faut compter quatre à cinq logettes de plus. L’été c’est facile car les génisses sont au pré, mais l’hiver il faut que je compte les places. En ce moment, je vends les vaches bien finies à 6,5 €/kg pour des bêtes qui font en moyenne 350 kg de carcasse.

 

Emmanuel Coudyser, éleveur dans le Nord

« Je vends les vaches finies 6,40 € le kilo, en démarche Bleu Blanc Cœur »

 
<em class="placeholder">Emmanuel Coudyser</em>
© E. Coudyser

Cela fait cinq ans que j’engraisse les vaches de réforme qui n’ont pas de problèmes de pattes en démarche Bleu Blanc Cœur. Cela représente entre 15 et 20 vaches par an, sur mon troupeau de 110 vaches prim’Holstein. Elles sont en bâtiment et reçoivent une ration mélangée composée d’ensilage de maïs et d’herbe, de betterave, d’un correcteur azoté et de graines de lin. J’achète les graines de lin environ 850 €/t et j’en distribue environ 60 kg par vache pendant la centaine de jours que dure l’engraissement. Malgré le coût, je m’y retrouve, car en ce moment les réformes sont vendues 6,40 € le kilo, pour des bêtes conformées O- avec en moyenne 400 kg de carcasse. Le contrat en filière Bleu Blanc Cœur prévoit un prix de marché + 20 centimes. La plus-value de l’engraissement est d’autant plus importante actuellement, car le coût de la ration n’a pas trop évolué, alors que le prix de vente a augmenté.

 

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