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« En alimentant mieux les taries, le lait produit par logette a augmenté de 13 % »

Grâce à la démarche « lait à 4 semaines » de leur coopérative Terrena et son protocole d’acidification de la ration des vaches taries, Audrey et Pierre Besançon ont gagné en production et amélioré la santé de leurs vaches.

Au Gaec de l’Épine, Audrey et Pierre Besançon produisent 740 000 litres de lait. « L’exploitation que nous avons reprise en 2008 avait une stabulation avec 74 logettes, explique l’éleveur. Ce bâtiment est encore fonctionnel. Plutôt que d’investir fortement dans une nouvelle stabulation, nous avons préféré faire avec le facteur limitant du nombre de places et améliorer l’efficacité en produisant plus avec le même capital engagé. »

Grâce à des améliorations successives, la production par vache et l’efficacité alimentaire ont augmenté, tout comme la marge sur coût alimentaire par vache et par logette. Améliorant la rentabilité de leur atelier lait. Le premier levier, actionné dès 2013, a été d’améliorer l’efficacité de la ration grâce à la distribution à l’automotrice. Puis le profil énergétique de la ration a été revu avec l’introduction de maïs épi ensilé et un apport de matière grasse.

La période cruciale du vêlage

Depuis avril 2021, le Gaec de l’Épine est entré dans la démarche « lait à 4 semaines ». Cette démarche est proposée par leur coopérative Terrena pour travailler sur la recherche de performances en concentrant ses efforts sur les quatre semaines avant et quatre semaines après vêlage. Période clé, tant pour le démarrage de la lactation que le retour à la reproduction, et où la vache subit d’importants changements métaboliques.

« C’est une période déterminante pour gagner en efficacité alimentaire et réduire les pathologies. C’est bénéfique à l’ensemble de la lactation comme à la reprise du cycle de reproduction », appuie Matthieu Rolland, du cabinet de nutritionnistes Vision Lait.

Les éleveurs ont commencé par revoir la ration des taries en préparation au vêlage. Première étape : il a fallu mesurer précisément ce que consomment les animaux en pesant la ration distribuée. Elles reçoivent 18 kg brut de maïs, 2 kg de paille et 3 kg d’aliment.

« Une piste d’amélioration serait de broyer la paille pour homogénéiser le mélange et augmenter son ingestion, conseille Franck Gaudin, cofondateur de Vision Lait. Pour faire ruminer, pas besoin de garder des brins longs. Pour stimuler la rumination, il suffit que les fibres fassent plus de 4 mm. C’est ce qu’on retrouve sur le troisième tamis quand on analyse les particules d’une ration mélangée. »

Acidifier la ration

Une bonne partie des problèmes autour du vêlage sont dus à de l’hypocalcémie. En plus d’adapter leur complémentation minérale pour mobiliser rapidement leur calcium osseux, il est également intéressant d’acidifier la ration des vaches.

« Cette acidification aide, par une cascade d’effets métaboliques, à faciliter la transition avec la ration de lactation et à limiter les problèmes de santé, fièvre de lait ou métrite », explique Franck Gaudin.

Selon le spécialiste, l’idéal serait de viser un pH urinaire de 5,75. Cette mesure a l’avantage d’être réactive, permettant de suivre rapidement et d’objectiver l’efficacité de leurs changements. Audrey et Pierre Besançon se sont donc équipés d’un pHmètre qui leur permet de contrôler cinq vaches tous les quinze jours.

Au printemps, les taries d’Audrey et Pierre Besançon affichaient un pH moyen de 7,8. « Nous voudrions arriver à le redescendre à 6 », explique l’éleveur. En augmentant de 70 g à 130 g les sels anioniques distribués, ce pH est déjà descendu à 7,2. « Il faut de la rigueur dans la mise en place d’une nouvelle ration de préparation au vêlage mais, avec ces indicateurs, nous observons rapidement son impact sur la santé des vaches », rapporte-t-il.

Effet gagnant sur la production

« Certes, le changement de ration avec l’acidification et l’ajustement du minéral a un impact sur le coût de la ration des taries », admet Franck Gaudin. « Mais c’est un investissement pour limiter les pathologies autour du vêlage, mettre la vache dans de bonnes conditions, pour, au final, produire plus. Une vache en bonne santé passera sans problème de 0 à 45 litres en 7 à 8 jours », prône-t-il.

C’est ce qui s’est passé au Gaec de l’Épine. En se basant sur le facteur limitant de cet élevage, qui est la place dans le bâtiment, ces optimisations ont permis un gain de production de 13 % par logette, et donc une meilleure efficacité du capital.

« L’efficacité alimentaire est passée de 1,5 à 1,7, soit 11 % de lait produit en plus par kilo de matière sèche ingérée », se félicite Pierre Besançon. Entre 2013 et 2021, sur les 100 premiers jours de lactation, la production journalière moyenne est passée de 34,8 à 42 litres. La moyenne par vache a progressé de 9 000 à 11 500 litres.

« Notre objectif est de continuer à progresser sur la marge sur coût alimentaire et d’avancer l’âge au premier vêlage, partage Pierre Besançon. Déjà, sans modification du prix payé, la marge sur coût alimentaire a été améliorée de 1,92 euro par vache par jour ».

 

Chiffres clés

Gaec de l’Épine

2 exploitants
2 salariés à temps plein
135 ha de SAU
740 000 litres de référence

Le saviez-vous

Deux conseils du nutritionniste Franck Gaudin pour une ration bien valorisée :

Hacher finement fourrage et paille pour favoriser l’ingestion et avoir plus de régularité dans ce qui est ingéré.
Ensiler le maïs à 36/38 % MS, attendre 3 à 4 mois de fermentation avant d’entamer un silo pour avoir de l’amidon plus digestible.

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