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Disposer de ressources en azote : la clé du développement de l’agriculture biologique

Le déploiement mondial de l’agriculture biologique peut être limité par la disponibilité en azote. Une équipe de recherche d’Inrae et de Bordeaux Sciences Agro s'est penché sur le sujet et a développé un modèle simulant, à l’échelle mondiale, l’offre et la demande en azote des cultures excluant l’usage d’engrais azotés de synthèse.

© David Mark / Pixabay

Aujourd’hui, l’agriculture biologique représente environ 8 % de la production agricole française et moins de 2 % à l’échelle mondiale mais, pour répondre à la demande,  les surfaces sont en augmentation.

Pourtant, « le développement de l’agriculture biologique à grande échelle pose des questions majeures à la recherche : son développement pourrait–il être limité par la disponibilité en ressources azotées compatibles avec le cahier des charges de l’agriculture biologique ? » C’est la question que se pose l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

En agriculture conventionnelle, l’azote est apporté par des fertilisants de synthèse qui sont interdits en agriculture biologique. En agriculture biologique, la fourniture de cet élément indispensable à la croissance et au développement des plantes cultivées repose essentiellement sur les fumiers issus de l’élevage et, dans une moindre mesure, sur la fixation de l’azote atmosphérique dans le sol, effectuée par les légumineuses. Deux sources qui ne sont pas « infinies ni inépuisables, » note l’institut de recherche qui s’interroge : « cette disponibilité limitée est-elle susceptible d’avoir des impacts sur le rendement des cultures et la sécurité alimentaire mondiale ? ».

L’élevage indispensable au développement de l’agriculture biologique

Pour répondre à cette question, les scientifiques de l’Inrae et de Bordeaux Sciences Agro ont mis au point un modèle qui simule l’offre et la demande en azote des cultures agricoles en fonction de différentes hypothèses de développement de l’agriculture biologique à l’échelle mondiale. Les scénarios de 20, 30, 40%… jusqu’à 100% des cultures mondiales en agriculture biologique, ont été envisagés. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Food le 13 mai.  Sur la base des pratiques d’élevage et de la consommation alimentaire actuels, ces études montrent que le développement de l’agriculture biologique s’accompagne dans de nombreuses régions du monde d’un déficit marqué en azote et donc d’une baisse importante du rendement des cultures.

Ainsi, l’Inrae montre que l’élevage est « indispensable au développement de l’agriculture biologique du fait de sa capacité à fournir de l’azote pour enrichir les sols grâce au fumier ». Cependant, il faut trouver un « équilibre, » avancent les chercheurs en précisant que « les animaux consomment également ce qui est issu des cultures et peuvent ainsi être en compétition avec l’alimentation humaine ». Pour l’institut, il semble donc « nécessaire de combiner plusieurs leviers ». Et de citer les quatre principaux :

. réduction du nombre global des animaux d’élevage, en particulier dans les élevages porcins et aviaires qui sont en compétition directe avec l’alimentation humaine car principalement nourris avec des céréales

. relocalisation des élevages de ruminants au plus près des cultures, notamment dans les prairies, pour reconnecter productions végétales et animales et optimiser le recyclage de l’azote.

. rééquilibrage de la consommation alimentaire mondiale. En moyenne, celle-ci est estimée à 2890 kcal par personne et par jour, alors que 2200 kcal seraient suffisants. Cela passerait par une baisse de la consommation alimentaire moyenne dans les pays développés (consommation d’environ 3000 kcal en Europe et Amérique du Nord) accompagnée d’une augmentation dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique.

. réduction du gaspillage alimentaire d’au moins 50 %.

En agissant sur ces points, l’Inrae estime possible une augmentation de la part de l’agriculture biologique mondiale jusqu’à 60 % pour répondre à la demande alimentaire mondiale. L’augmentation de la part des légumineuses est une des autres pistes explorées actuellement pour développer l’agriculture biologique. Ces cultures qui fixent l’azote d’origine atmosphérique dans le sol pourraient être valorisées dans l’alimentation humaine et celle des élevages.

 

 

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