Contenir les attaques de l’altise d’hiver, ravageur numéro un du colza
Appelée aussi grosse altise, l’altise d’hiver sévit dans les bassins de production du colza. Aussi bien les adultes que les larves de ce coléoptère causent d’importants dégâts.

Bien reconnaître les altises d'hiver dans le cortège de ravageurs du colza
De petits trous ou morsures circulaires d’1 à 2 mm de diamètre sur les cotylédons et jeunes feuilles de colza : les altises sont les responsables. La grosse altise ou altise d’hiver (Psylliodes chrysocephala) est un coléoptère sauteur mesurant de 3 à 5 mm. Elle présente un corps noir et brillant avec des élytres bombées. Sur des jeunes colzas à croissance lente, les morsures s’accumulent, entraînant des retards de développement, voire la mort des plantules.
L’altise d’hiver cause des dégâts par ses larves également. Durant l’automne et l’hiver, celles-ci minent les pétioles, ce qui se traduit par un retard de végétation des colzas atteints et d’un port buissonnant pour certains plants. Ces larves peuvent être détectées en sectionnant les plantes : elles sont blanches, allongées (1,5 à 8 mm de long) et montrent 3 paires de pattes. Caractéristiques : les deux extrémités sont colorées avec une tête brun foncé et une plaque pigmentée à l’extrémité de l’abdomen.

Plusieurs moyens de lutte contre la grosse altise
Agronomie : Bonne préparation du sol et semis suffisamment précoce (août) : ces moyens agronomiques permettent de viser une levée précoce du colza pour atteindre le stade 3-4 feuilles avant la 20 septembre, afin de réduire considérablement l’impact des attaques d’altises. Une croissance dynamique et continue à l’automne diminuera davantage l’incidence du ravageur. Des couverts d'interculture (radis chinois...) peuvent être mis en place pour attirer les altises hors des parceles de colza.
Variétés : Le choix de variétés de colza avec une bonne vigueur de démarrage et de croissance à l’automne contribue à réduire la nuisibilité des attaques d’altises. Des variétés ont la particularité de tolérer les attaques en contenant moins de larves ou en exprimant moins le symptôme de port buissonnant que d’autres avec, comme référence, KWS Feliciano. Le site Myvar informe sur ces caractéristiques.
Suivi et surveillance : L’utilisation de cuvettes jaunes enterrées permet de surveiller l’arrivée des grosses altises, de même que l’observation des attaques sur plantules de colza. Pour bien connaître le niveau d’infestation des plants en larves, un test Berlèse peut être mis en œuvre. Ce dernier est d’ailleurs demandé en cas de recours à l’insecticide Minecto Gold.
Insecticides : Il reste possible d’utiliser des insecticides pyréthrinoïdes efficacement dans les régions où la résistance des altises à ces produits est peu fréquente. Pour le reste des départements, une dérogation 120 jours à l’usage du produit Minecto Gold (cyantraniliprole) est demandée chaque année par la filière et a été obtenue tout récemment pour cette année 2025, pour lutter contre les larves uniquement.
Contre les adultes d’altises, le seuil indicatif de traitement est la présence de morsure sur 8 pieds sur 10 avec au moins 25 % de surface foliaire consommée. Mais il faut tenir compte du stade de la culture (inutile d’intervenir après 4 feuilles) et de la vitesse de croissance pour bien appréhender le risque altises.
Contre les larves, après début novembre, Terres Inovia conseille d’intervenir pour une présence d’au moins 5 larves par pied sur un colza bien développé et poussant ou 2 à 3 larves par pied sur une culture avec une faible biomasse (inférieure à 45 g/plante). En cas de levée tardive (après le 1er octobre), le seuil est abaissé à 3 pieds marqués sur 10.

Six Points clés sur la grosse altise
Ne pas confondre avec les petites altises représentées par deux espèces différentes. Ces dernières, plus petites (2 mm), sont visibles plus tôt, avec des dégâts sur le feuillage souvent concentrés en bordure.
Les pertes de rendement dues aux larves de grosse altise atteignent jusqu’à 35 % du potentiel d’un colza, selon des essais Terres Inovia.
Les colzas sont très vulnérables aux attaques d’altises avant le stade 4 feuilles. Au-delà, les plantes, plus robustes, résistent mieux aux morsures.
Les altises d’hiver ont développé des résistances aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, avec des niveaux de résistance très développés dans une grande partie des départements du Nord-Est.
Le risque altise peut être estimé avec deux OAD : « Estimation du risque lié aux altises adultes » et « Estimation du risque lié aux larves de grosse altise (altise d’hiver) ». Ces outils sont mis à disposition sur internet par Terres Inovia.
L’arrivée des grosses altises se produit généralement à partir du 20 septembre. Les insectes se montrent alors très voraces.
