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Comment les marques fruits et légumes imaginent-elles l’horizon 2030 ?

La « capsule temporelle de l’alimentation » de l’association Pour Nourrir Demain va emporter les visions de grandes marques des fruits et légumes pour 2030. FLD a demandé à certains participants, et à d’autres, ce que sera leur activité dans la prochaine décennie.

© Christine Sponchia de Pixabay

Le mardi 21 mars s’est déroulé un événement singulier : 100 marques agroalimentaires françaises, dont de grands noms de la filière fruits et légumes, ont glissé leur vision de l’agroalimentaire et de l’alimentation dans dix ans et leurs engagements RSE dans une « capsule temporelle de l’alimentation ».

 

 

À l’origine de cette initiative, Marion Mashhady et Sylvain Zaffaroni, fondateurs de Pour Nourrir Demain, sont convaincus que, pour résoudre les enjeux, les acteurs doivent collaborer et être solidaires. « Les relations se sont tendues, amplifiées par la guerre en Ukraine. L’industrie agroalimentaire française est arrivée à un tournant où tous les acteurs doivent se réinventer pour perdurer, avec l’objectif de reconstruire le système alimentaire français », expliquent-ils de concert.

Changement de paradigme

« L’alimentation d’aujourd’hui ne sera pas la réalité demain et c’est dès maintenant que les marques et les entreprises doivent imaginer et rendre possible les agricultures, les produits et les entreprises de demain, souligne Sylvain Zaffaroni. La transition alimentaire passera par les marques, mais pas obligatoirement comme cela se fait en 2022. Un changement de paradigme est nécessaire, à travers peut-être des produits différents, des services nouveaux. »

Dans dix ans, on devrait retrouver peu ou prou les mêmes marques. L’autre axe est celui de la proximité. « Une réflexion est à mener pour envisager une distribution différente, plus collective et locale. Pareillement, on pourrait voir la création d’usines agroalimentaires plus petites, insérées dans les bassins de production », analyse-t-il.

Un exercice de motivation pour les entreprises

L’expérience a été un bel exercice, ce que confirme Marion Mashhady : « Très rapidement, cela est devenu un outil de motivation interne pour les entreprises participantes. Il y a eu un vrai “effet vitamine” qui a servi pour leur stratégie. D’ailleurs, certaines avaient déjà engagé un changement de stratégie ». Travailler sur un sujet débarrassé du caractère anxiogène de notre époque a été bénéfique. « Il a fallu du courage aux entreprises pour sortir ainsi de leur zone de confort », se félicite-t-elle.

FLD a demandé à certains participants à la « capsule temporelle de l’alimentation » comment ils voyaient leur entreprise en 2030, et à d’autres tout aussi concernés par le sujet.

Pierre-Yves Jestin, président de Savéol : « Répondre aux attentes de la société mais aussi des adhérents légitimes à gagner leur vie de leur travail »

« Se projeter en 2030 ? C’est déjà demain. Les événements nous ont appris à être agiles, à accélérer le développement d’une agriculture toujours plus bienveillante, tricolore et accessible à tous et de se fixer des objectifs à plus court terme. En agriculture, chaque jour est une remise en cause dans un temps en constante mutation. L’agriculture doit ainsi se réinventer en intégrant savoirs et technologies pour toujours mieux produire.

Savéol est une coopérative, un modèle fort qui attire la nouvelle génération d’agriculteurs et je pense vraiment qu’il sera toujours là bien au-delà de 2030. Il a fait preuve de sa résilience, de son adaptation aux défis économiques, environnementaux et sociaux et participe au déploiement de l’offre de fruits et légumes français. Il permet de répondre aux attentes de la société mais aussi des adhérents légitimes à gagner leur vie de leur travail. Notre défi : la serre de 2030 aura une consommation d’énergie basse grâce à un mix énergétique qui permettra de produire des légumes de qualité et de participer au marché de l’énergie. Si le changement  climatique “saisonnalise” encore plus notre activité, des soutiens doivent être trouvés concernant la main-d’œuvre. Il faudra répondre aussi à un marché marqué par une concurrence moins impactée par le coût de l’emploi et proposant des produits attrayants à un consommateur au budget restreint. Autant de sujets qui devraient être abordés dans un climat apaisé, loin de tout agrobashing.»

Franck Bonfils, président de Juste bio : « La consommation en 2030 ira vers plus d’aliments bons pour la santé, locaux, totalement tracés et moins transformés » 

« Nous vivons en ce moment un prisme inversé : nous savons, d’une manière générale, vers quoi tendre à l’horizon 2030 mais nous n’avons pas de visibilité à 24 heures. On voit le développement de l’envie de partage et de consommation raisonnée, mais conjoncturellement, c’est l’inverse, grandement à cause de la situation inflationniste et de la pression sur les ressources énergétiques.

On peut malgré tout considérer que la consommation en 2030 ira vers plus d’aliments bons pour la santé, locaux et totalement tracés et moins de produits transformés, dans une économie qui devra faire avec les ressources disponibles. Du coup, je n’imagine pas demain un fort développement des raviolis en boîte. Dans ce contexte, nous avons de la chance : nos fruits secs bio vendus sans emballage cochent toutes les cases et nous comptons bien continuer sur cette voie. Même si les produits secs sont moins touchés que les autres dans le ralentissement actuel du marché de l’agriculture bio, la période actuelle est compliquée et il est possible de voir à l’avenir la réduction de l’écart entre conventionnel et bio. »

Stéphane Lehoux, directeur général de St Mamet : « S’engager sur de nouvelles filières fruits d’ici à 2030 »

« En 2030, St Mamet poursuivra son travail de maîtrise totale de sa filière arboricole, de bout en bout. C’est la philosophie du rachat par Agromousquetaires, d’ailleurs. Nous avons déjà un contrat long terme avec la coopérative qui cultive des vergers dédiés à l’apport total de ses fruits à St Mamet. À date, la société est adossée à un verger de 500 hectares qui sera doublé en 2030 pour répondre  aux exigences partagées avec le gouvernement sur la souveraineté alimentaire.

St Mamet souhaite s’engager sur de nouvelles filières fruits d’ici à 2030. Il faut prendre en compte pour l’avenir le renouvellement des générations et le changement climatique. St Mamet aura aussi entièrement repensé son système énergétique afin d’atteindre l’autonomie et un bilan carbone négatif. L’innovation sera raisonnée : nous travaillons avec du vivant et il faut laisser le temps à de nouvelles propositions de s’installer en rayon. Mais nous aurons adapté le format de nos produits afin de répondre aux attentes liées à l’évolution des modes de consommation alimentaires et l’évolution de la composition des foyers français. Enfin, la conserve est hypervertueuse car recyclable à l’infini et économique mais, autrefois, ringardisée. Elle pourrait devenir l’un des packagings de référence. »

Antoine Wassner, PDG de Sabarot : “Aller au plus proche du consommateur en lui proposant un produit local mais acheté via un smartphone si nécessaire »

« En 2030, les produits secs et le végétal seront bien présents dans l’alimentation des Français. Quant à savoir comment ils seront consommés, c’est encore la question. Ce qui apparaît, c’est le basculement du repas traditionnel “viande + légumes” vers une assiette différemment structurée : le végétal apporterait des protéines, là où la consommation de viande serait moindre mais plus qualitative. Ensuite, les options sont diverses : une alimentation “prédigérée” comme pourraient le proposer les GMS ? Des restaurants développant un process rapide le plus naturel possible ? Des cuisines déportées assurant l’assemblage des ingrédients avec une légère industrialisation des procédés ? Cette évolution de la consommation est inscrite dans le plan de développement de Sabarot : aller au plus proche du consommateur en lui proposant un produit local mais acheté via un smartphone si nécessaire.

L’enjeu pour nos produits – lentilles, épeautre... – est marketing. Excellents pour la santé, les légumes secs et les  céréales souffrent à tort d’une mauvaise image liée à des temps de cuisson et de trempage relativement longs. Sabarot s’est donné  comme mission de démocratiser la consommation de ces familles de produits. Demain, il faudra donc continuer à accompagner les consommateurs, leur proposer davantage de produits adaptés aux modes de consommation actuels (gamme cuisson rapide, IQF-précuits et surgelés...), d’idées recettes et d’informations sur l’utilisation de produits sains et naturels, le moins transformés possible. »

 

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