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Grand Est
Comment le Min de Strasbourg s’engage dans la durabilité de son activité ?

Le marché de gros alsacien est  engagé dans une redynamisation du site et dans l’action pour un meilleur environnement. Rencontre sur le terrain avec les opérateurs du marché.

© Philippe Gautier-FLD

Le marché de gros de Strasbourg, situé dans le quartier de Cronenbourg, aborde une nouvelle phase de son existence. Comme le souligne le directeur général de la Samins (gestionnaire du site), Stéphane Babilotte : « Aujourd’hui, nous sommes engagés, avec la Métropole, dans un programme pour les 20 prochaines années ». Avec deux axes majeurs : le dynamisme commercial de la place et son inscription dans une amélioration constante au profit de l’environnement.

Accueillant une quarantaine d’opérateurs sur 15 hectares et plus de 60 000 m2 d’entrepôts, il a longtemps hébergé la plateforme Auchan/Simply dans un entrepôt de plus 10 000 m2. Après l’annonce du départ de l’enseigne en 2019, le marché investit 1,10 M€ dans un programme de rénovation de l’entrepôt.

 

 

Deux des trois lots créés à cette occasion sont occupés la Sapam, grossiste historique du marché, de largement « pousser les murs » par rapport à son emplacement précédent. Le troisième lot a été pris par Solibio, la plateforme de producteurs bio. 

Les jus « Moi, moche et bon » arrivent à l’automne

En septembre prochain, le Min de Strasbourg accueillera la start-up régionale « Moi, moche et bon », spécialisée dans la fabrication et la distribution de jus anti-gaspi. Elle permet ainsi aux producteurs de valoriser les fruits écartés des réseaux de distribution classiques. 2957 t de fruits et légumes, essentiellement alsaciens (et corses pour les agrumes), ont été transformées en jus depuis 2017 « Moi, moche et bon » prendra place dans un bâtiment précédemment occupé par un grossiste fleurs.

Un important travail sur la logistique et le transport

Implanté aux portes de Strasbourg, le MIN se veut moteur dans la question de la logistique urbaine. La Samins et les opérateurs ont donc engagé une mutation des modes de livraison du dernier kilomètre. Les véhicules de livraison du centre-ville sont peu à peu convertis en véhicules électriques ou au gaz. Par ailleurs, depuis peu, le marché accueille le site de cross-docking, (150 m2)  de Oofrais (groupe Sofrilog).

 

 

De nouveaux modes de distribution, souvent innovants, sont expérimentés tels que la livraison par vélos-cargos. « Sur un parc global d’environ 200 véhicules, les 2/3 ont vocation a passé  en motorisation gaz et le reste en électrique, détaille Stéphane Babilotte, Il ne faut pas oublier que le marché dispose aussi d’un embranchement fer qui lui permettra d’accueillir des flux ferroviaires. Enfin, même si le foncier reste contraint, nous avons une aire d’environ 1 ha pour la création d’une zone logistique afin de concentrer les flux alimentaires ».

Un marché de gros plus vert

Sur le volet biodiversité, la renaturalisation du site et sa végétalisation sont bien engagées (ruches, haies champêtres entretien minimum des espaces verts…). Par ailleurs, l’éclairage public du Min a été modernisé :  il utilise désormais des lampes LED, dont l’électricité est fournie par une éolienne urbaine. Concernant l’énergie, la disposition des bâtiments rend difficile la pose de panneaux photovoltaïques, « mais nous réfléchissions à créer une ferme photovoltaïque dans l’enceinte du marché »  souligne Stéphane Babilotte.

Halle gourmande : c’est pour bientôt

Annoncée à l’occasion des 60 du Min en 2019, retardé par la pandémie, le projet de halle gourmande devrait être opérationnel le 7 octobre prochain. Une quinzaine d’artisans et de commerçants y vendront des produits à un prix semi-grossiste. Le lieu offrira aussi la possibilité de se restaurer. Couvrant 700 m2, cette halle accueillera un marché alimentaire quotidien et se voudra vitrine du savoir-faire local. L’idée est de canaliser les consommateurs du quartier vers cette offre.

Un Min générant par nature des déchets, celui de Strasbourg a fortement développé son action : «  Le premier objectif est de réduire les déchets. Le second est de favoriser leur recyclabilité, explique Stéphane Babilotte, nous disposons déjà une filière de récupération des cartons pérenne et performante. De même, une filière pour les biodéchets a été mise en place. Notre ambition est de disposer d’une unité de méthanisation qui permettrait de générer en partie du biogaz et d’autre part de compost. Un tel dispositif revêt un vrai intérêt économique ». 

L’offre « sur mesure » de Direct Primeurs

 

 

Créée en février 2019, le grossiste Direct Primeurs a lui aussi poussé les murs passant l’année suivante de 250 à 500 m2. L’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 3,5 M€ en 2019, se spécialise dans le sur-mesure à l’intention d’une clientèle composé de Cash & Carry (Metro, Transgourmet), de GMS et de spécialistes.

« Nous avons voulu garder une taille humaine à la société – nous sommes neuf à y travailler, explique Sébastien Schmitt directeur, cela nous permet de faire du sur-mesure et de répondre finement à la demande de la clientèle. Nous bâtissons ensemble le cahier des charges et à nous, de trouver les lignes de produits, parmi lesquelles les fruits et légumes alsaciens ont toute leur place. Dans ce contexte, ce n’est pas le prix qui vient en premier, même s’il demeure bien évidemment important ». Direct Primeurs dispose de trois camions pour les livraisons : « Nous rayonnons sur un périmètre de 25 à 30 km et travaillons en flux tendu. De plus, nous n’établissons pas de plan de tournée. Notre engagement est de pouvoir livrer sur une heure si c’est possible » précise Sébastien Schmitt.

 

La Sapam multiplie les innovations durables

 

Le déplacement de la Sapam (80 M€ de chiffre d’affaires) de son ancien emplacement sur le Min vers l’entrepôt rénové et anciennement occupé par Auchan, a permis au grossiste alsacien de mettre un accent très fort sur la RSE et la durabilité. Et d’innover : « Nous avons opté pour la géothermie pour la génération du froid nécessaire pour les chambres froides et de la chaleur pour les bureaux, explique Pierre Haentzler, directeur général, par ailleurs, nous sommes engagés dans le renouvellement de notre flotte, ce que nous faisons tous les six ans. Sapam a été le premier grossiste à adopter un camion roulant au gaz, il y a déjà huit ans ».

Sur le parc de 33 véhicules, 5 roulent actuellement au gaz : ils sont utilisés pour les  dessertes courtes, le gaz n’offrant une très grande autonomie. Par ailleurs, plusieurs aménagements ont été effectués pour le confort des salariés : ainsi, la salle du service commercial a été dotée d’absorbeurs de son au plafond et d’une moquette spécifique, le tout offrant des conditions de travail optimisées.

 

Solibio a étendu sa clientèle au-delà de la restauration collective

Solibio (membre du réseau Manger bio) est le second occupant l’ancien entrepôt Auchan rénové. La coopérative, qui assure 3,5 M€ de chiffre d’affaires, est originellement la plateforme de producteurs bio alsaciens pour l’approvisionnement en local de la restauration collective. Créée en 2008 avec l’aide de la Région Alsace, elle s’est diversifiée sur d’autres circuits de distribution à partir de 2013 : « Aujourd’hui, notre activité est également répartie entre restauration collective et magasins spécialisés bio, explique Mathieu Bon, directeur, Avec la loi Egalim, les sociétés de restauration commerciales sont bien dans le coup de l’approvisionnement local. Notre gamme comporte une centaine de références en légumes et entre 50 et 100 fruits avec une très forte proportion de produits alsaciens : carottes, pomme de terre, poires, pomme… On assiste depuis trois, quatre ans, à l’émergence de nouveaux besoins, comme des pommes déclassées pour la confection de compotes ».

Voisin de la Sapam, la coopérative entretient des liens étroits avec le grossiste qui prend en charge 95% de sa logistique et assure son sourcing sur certains produits en complément de sa gamme. En retour, elle lui fournit les fruits et légumes bio alsaciens.    

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