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Vêtements rafraîchissants, le match : « J'ai testé cinq équipements lors du travail dans les vignes »

Face aux chaleurs caniculaires, les vêtements rafraîchissants rapportent un peu de confort thermique. Nous avons testé pour vous cinq équipements différents. Verdict.

Nous avons testé 5 nouveaux vêtements rafraîchissants pour vous.
© X. Delbecque

Cette année encore, des records de températures ont été atteints dès le mois de juin. Comment continuer à travailler décemment dans les vignes alors que le mercure affiche dans toute la France 35, 38 voire 41 °C à l’ombre ? Depuis peu apparaissent sur le marché des vêtements dits « rafraîchissants ». « Les technologies ne sont pas forcément nouvelles, mais très peu répandues en Europe, analyse Romane Benderradji, responsable communication de G-Heat. Alors que ces équipements sont courants aux États-Unis par exemple. » Selon les allégations des différentes marques, ces vêtements pourraient afficher, une fois sur le corps, jusqu’à 15 °C de moins qu’un vêtement classique. Mais quel confort apportent-ils concrètement pour travailler dans les vignes ? C’est ce que nous avons voulu savoir. J’ai donc testé, en plein été, cinq accessoires différents des marques G-Heat et Inuteq, lors de travaux en verts et sous le chant des cigales.

Un effet diffus que l’on ne sent qu’à la longue

Plusieurs technologies coexistent, que l’on peut classer en deux principales familles. Celle des vêtements que l’on active en les mouillant (l’évaporation de l’eau capte de la chaleur), et celle des équipements à changement de phase, à mettre au froid avant usage (le composé capte les calories en passant de solide à liquide). À l’issue des deux jours de test, je suis arrivé à une conclusion similaire pour les deux. À savoir qu’il ne faut pas s’attendre à un effet de l’ordre du miracle : un vêtement rafraîchissant n’est pas une climatisation. Mais tout de même. J’ai pu ressentir, dans la durée, une différence par rapport à une tenue lambda. Tout comme les vêtements chauffants, les habits rafraîchissants agissent de façon diffuse.

Si la sensation de frais n’est pas systématiquement au rendez-vous, j’ai moins transpiré et été moins assoiffé dans la journée. La preuve, sans doute, que mon corps a moins souffert et davantage réussi à réguler la température corporelle pour éviter la surchauffe. Je n’étais pas emballé de prime abord par le concept de vêtement que l’on mouille, car je n’aime habituellement pas cette sensation. Mais force est d’avouer que j’ai été beaucoup moins incommodé que je ne pensais sur cet aspect. J’ai d’ailleurs fait le test de travailler avec un t-shirt classique que j’ai préalablement mouillé : si les premières minutes sont semblables, le vêtement ordinaire fait rapidement place à une moiteur chaude, pour ensuite sécher bien plus rapidement. La sensation d’éviter la surchauffe est encore plus forte avec le gilet à changement de phase (PCM), qui agit en pompant littéralement la chaleur qui émane du corps.

Une heure et demie d’effet maximum lors des grosses chaleurs

La plupart des vêtements sont annoncés avec des durées d’efficacité entre 2 et 4 heures. Mais dans les faits, exposés au soleil par une journée caniculaire, leur effet ne dure qu’une heure à une heure et demie. Pour ceux qu’il suffit de mouiller, un simple passage dans l’eau permet de les réactiver facilement. Mais pour ceux à changement de phase, c’est terminé pour la demi-journée. Le vent réduit également la durée d’action des équipements. J’ai d’ailleurs travaillé un jour sans vent et le lendemain avec du mistral : je trouve les vêtements rafraîchissants moins intéressants dans ce dernier cas, car le courant d’air apporte, de facto, un peu de confort par rapport à un jour sans l’ombre d’une brise.

En définitive, je recommanderais d’opter pour un t-shirt ainsi qu’un couvre-chef rafraîchissants, qui sont des options relativement peu onéreuses et confortables. C’est aussi pour moi la solution la plus adaptée si l’on souhaite équiper ses salariés ou travailleurs saisonniers (notamment dans le cadre de la nouvelle législation, voir p. 50). Le gilet à changement de phase, lui, n’est pas conçu pour le travail manuel dans les vignes. Mais il pourrait éventuellement apporter du confort thermique dans les heures les plus chaudes de la journée lorsque l’on conduit un tracteur non climatisé.

Les équipements du Hollandais Inuteq sont distribués en France par la société girondine Distrisafe. Les vêtements du Français G-Heat sont accessibles en e-commerce et bientôt chez Décathlon et Intersport.

T-Shirt anti-UV G-Heat – (technologie JadeCool (1), 34,90 euros)

Note : ****

 

 
<em class="placeholder">T-Shirt JadeCool G-Heat</em>
Le t-shirt est léger et confortable. Ce n'est pas l'équipement le plus efficace, mais c'est un bon compromis. © M. Johnson

Lorsque j’ai enfilé le t-shirt, après l’avoir trempé et essoré, j’ai ressenti une sensation saisissante de fraîcheur aux endroits où il touche la peau (haut du torse). Un coup de fouet qui ne dure que quelques secondes. Il faut faire attention à bien l’essorer, sinon le vêtement est lourd. J’ai trouvé ce t-shirt relativement bien coupé et confortable : on dirait un t-shirt synthétique normal, sauf qu’il ne chauffe pas et reste humide plus longtemps. Une fois qu’il a été sec, au bout d’une heure et demie, j’ai l’impression de m’être remis à transpirer. Je n’ai pas remarqué de déformation malgré quelques essorages appuyés. Le t-shirt est lavable en machine, mais attention aux couleurs qui déteigne : l’eau coule rouge quand on essore !

(1) Le polyester du t-shirt est tissé avec des microcristaux de jade, qui dissipent plus rapidement la chaleur qu’ils ne l’absorbent.

Bandana Headcool Inuteq (technologie H20 (1), 12,95 euros)

Note : ****

 

 
<em class="placeholder">Bandana HeadCool Inuteq</em>
Le bandana est confortable et apporte une sensation agréable sur le front. © M. Johnson

Le bandana est léger et facile à nouer autour de la tête. De prime abord, j’ai été perturbé par l’absence de visière, puis je me suis habitué. Il m’a laissé une sensation de fraîcheur assez agréable sur le front, et ne m’a pas gratté la tête. Réduit-il la transpiration ou bien absorbe-t-il la sueur ? En tout cas j’ai eu l’impression de moins dégouliner au niveau du visage. Pour moi, le seul hic réside dans son look très kitsch, d’autant plus qu’il ne restait que le jaune fluo !

(1) La technologie H2O est le plus basique des systèmes qui s’appuient sur principe de l’évaporation de l’eau.

Gilet réfrigérant PCM 28 °C (technologie PhaseCool (1), 169,90 euros)

Note : ***

 

 
<em class="placeholder">Gilet PCM 28 G-Heat</em>
Le gilet PCM est efficace d'un point de vue thermique, mais n'est pas très pratique pour travailler dans les vignes. © M. Johnson

Pour le premier essai, j’ai enfilé le gilet au-dessus d’un t-shirt, ce qui est recommandé par la firme. J’ai très vite constaté que le plastron à l’avant gênait dès que je me baissais. Puis je me suis retrouvé avec mon t-shirt en coton trempé de sueur sous les plastiques.

Dans un deuxième essai, j’ai porté le gilet à même la peau. L’effet rafraîchissant a été, pour moi, bien plus palpable, et m’a permis de travailler en plein soleil par 35 °C à l’ombre sans souffrir. Mais au bout d’une heure, les poches sur le haut du dos étaient déjà liquides. 30 minutes plus tard, le fluide était même chaud, ce qui finit par faire transpirer davantage, coller à la peau et est plutôt désagréable. Je l’ai donc retiré, bien que les poches à l’avant m’apportassent encore un peu de réconfort lorsque je les plaquais sur mon torse.

Il existe dans la gamme un autre gilet, tissé, dans lequel insérer des packs PCM, peut-être aurait-il été plus adapté.

(1) La technologie PhaseCool est basée sur le principe du changement de phase. Les compartiments contiennent un composé qui passe de l’état solide à liquide à 28 °C et a besoin pour ce faire de capter beaucoup d’énergie.

Casquette saharienne anti-UV G-Heat (technologie PolyCool (1), 29,90 euros)

Note : ***

 

 
 
<em class="placeholder">Casquette saharienne G-Heat</em>
La caquette permet de garder la tête au frais mais la visière est trop basse à mon goût. © M. Johnson

J’ai d’abord été séduit par le look de la casquette et le fait que le rabat pour la nuque soit détachable. Elle est en revanche un peu récalcitrante à pomper l’eau et une fois humide, difficile à essorer. À l’usage, j’ai été légèrement incommodé par la profondeur de la casquette (taille unique) : en l’enfonçant correctement, la visière m’arrive au milieu du front, ce qui n’est ni agréable ni pratique avec mes lunettes. En revanche elle remplit bien son rôle, à savoir garder la tête au frais. La sensation de fraîcheur sur la nuque est toutefois moins perceptible que sur la tête.

(1) Un polymère hyperabsorbant assure une haute teneur en eau, ce qui permet de prolonger le phénomène d’évaporation.

Gilet Bodycool Xtreme Inuteq (technologie PVA (1), 73,95 euros)

Note : **

 

 
 
<em class="placeholder">Gilet BodyCool de Inuteq</em>
Le gilet BodyCool étant juste au corps, son effet est maximisé par rapport au t-shirt. Mais je me suis senti très boudiné. © M. Johnson

À l’ouverture du colis, l’aspect du gilet sec est vraiment surprenant : on dirait tout bonnement du papier mâché. Une fois humidifiée en revanche, la matière PVA a un toucher beaucoup plus velouté et agréable. J’ai commencé à l’utiliser à même la peau. L’avantage du Bodycool est qu’il est près du corps et dispense son effet sur quasiment tout le tronc, contrairement au t-shirt. Mais je me suis senti littéralement boudiné, bien que le vêtement soit à ma taille, selon les données du fabricant. Après une heure de travail, le haut du dos était sec, et la sensation d’inconfort dominante par rapport à celle de fraîcheur. Porter le gilet par-dessus un t-shirt ne m’a pas davantage convaincu.

(1) La technologie PVA est basée sur un tissu d’alcool polyvinylique hyperabsorbant, et assure un refroidissement par évaporation de l’eau.

Une étude au long cours à la MSA

Face à l’accroissement des périodes de canicule, la MSA du Languedoc a lancé un test de vêtements rafraîchissants. Il est effectué auprès de salariés paysagistes. « Ils ont peu de latitude pour étendre leurs horaires de travail et sont donc obligés de travailler à la chaleur », explique Mounia Krimou, médecin du travail. Le test vise à évaluer l’amélioration de la tolérance à la chaleur en prenant en compte les contraintes posturales et d’organisation, précise Julie Rouanet, infirmière santé et sécurité au travail. L’étude est prévue sur deux saisons. Le bilan sera fait à l’issue de la saison 2026.

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