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Une chèvrerie écolo et économe en Côte-d’Or

Clémence Commereuc a construit un bâtiment selon ses valeurs. Écologie, bien-être de l’éleveur et de l’animal et esthétisme sont au rendez-vous.

Je n’imaginais pas ma chèvrerie autrement qu’en bois », assume Clémence Commereuc. Installée en 2016 en élevage caprin avec transformation à la ferme, la jeune femme apprécie de partager son expérience avec les participants aux journées portes ouvertes « bâtiment », organisées par la chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Sa chèvrerie allie savamment aspect économique, bien-être animal, écologie et esthétisme, avec une structure principalement en bois. Ce qui attire en premier lieu les visiteurs, c’est le dôme translucide ventilant qui surplombe le bâtiment. Sur toute la longueur du faîtage, soit 16,5 mètres, le dôme translucide apporte une clarté naturelle aux animaux et une très bonne ventilation globale. « La ventilation et la régulation thermique sont des paramètres importants à prendre en compte dans la conception d’une chèvrerie car les chèvres dégagent beaucoup de chaleur », rappelle Édouard Benayas, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture du département. D’autant que le troupeau est amené à s’agrandir un peu puisque, sur l’année 2018, il comptait seulement 33 chèvres en lactation et que la chèvrerie est prévue pour accueillir 50 adultes. « J’ai fait des stages en exploitations caprines et je me suis bien renseignée avant de définir mon projet, explique Clémence Commereuc à la trentaine de visiteurs sur sa ferme. J’ai ensuite travaillé avec la chambre d’agriculture pour dessiner les plans, en tenant compte de mes objectifs. »

Favoriser la circulation de l’air

Le bois en fait partie, ainsi que les panneaux photovoltaïques présents sur le toit (voir encadré). Bien qu’un des murs possède une porte d’accès aux cinq hectares de prairies attenantes au bâtiment, le bâtiment est fermé sur trois côtés en hiver lorsque cette porte est close. Il fallait donc un système pour que l’air puisse circuler correctement. Le dôme est ouvert sur les côtés, laissant ainsi sortir l’air chaud, sans pour autant que les précipitations n’entrent. Il arrive néanmoins que de la condensation se forme au niveau du dôme et provoque une hausse de l’humidité ambiante dans le bâtiment. Cependant, la structure et le bardage du bâtiment étant tous deux en bois, cela permet de réguler l’hygrométrie, le bois absorbant bien l’humidité.

CLEMENCE COMMEREUC : "Je savais quel bâtiment je voulais pour mes chèvres. Avec le recul, je suis satisfaite même si j'aimerais réaliser quelques changements." © B. Morel
 Clémence Commereuc a également entièrement construit sa salle de traite, quai et cornadis huit places inclus avec l’aide d’un voisin très bricoleur. « C’est avant tout pour des raisons économiques, mais j’envisage de couler une dalle en béton pour le quai de traite, c’est plus simple à nettoyer », précise l’éleveuse de 29 ans. Il leur aura fallu deux semaines à temps plein pour finaliser l’espace de traite, l’éleveuse reconnaît que l’ajustement des cornadis a notamment pris beaucoup de temps. Elle s’est entièrement renseignée par internet, notamment sur des sites canadiens qui pratiquent ce type d’auto aménagement. Derrière la salle de traite, on accède à la fromagerie, conçue en panneaux sandwich mais tout de même abritée sous le toit de la chèvrerie, ce que regrette un peu l’exploitante. Le lait est transporté à la main de la salle de traite à la fromagerie.

Un filtre à roseaux pour maîtriser les sorties d’eaux

« Il faut toujours prévoir un peu plus de place dans la fromagerie lors de la construction, met en garde Florence Guillerault, technicienne caprine pour la coopérative Alysé. En effet, on ne sait pas toujours si l’on va augmenter le troupeau et la production ainsi mieux vaut anticiper que se retrouver bloqué. » Clémence Commereuc utilise une armoire d’égouttage, une autre pour le séchage et deux pour l’affinage. Autre investissement, en lien avec les principes écologiques de l’éleveuse, l’installation d’un filtre à roseaux pour les effluents de salle de traite et de fromagerie. Pour 15 000 euros, Clémence Commeureuc a installé une première fosse de récupération de 4 000 m3 et deux fosses pour filtrer qui fonctionnent en alternance. Jean-François Dessolin, conseiller à Côte-d’Or conseil élevage, détaille : « les premiers filtres à roseaux sont apparus en Côte-d’Or en 1992 en vaches laitières. Le premier investissement peut être conséquent mais ensuite l’exploitant n’a plus rien à faire si ce n’est une coupe annuelle des roseaux. Les différents sables et graviers font le restent du travail de filtrage et l’eau ressort complètement dépolluée. »

L’énergie solaire plaît à la chevrière

Puissance installée de 22 kilowatts crête, mise en service en avril 2018 (les tarifs d’achat sont réglementés jusqu’à 100 kWc, au-delà l’exploitant doit faire un appel d’offres). La production cumulée à la mi-janvier était de 19 800 kWh.
Le prix du kilowattheure est fixe pendant 20 ans et gagne une majoration chaque année (l’éleveuse gagne ici 0,121 euro par kWh).
L’installation totale a coûté 28 000 euros HT, soit 1,27 euro du watt crête.
Le coût de raccordement est de 1 900 euros, l’installation étant à 50 mètres du compteur. Il ne faut pas que ce coût dépasse les 30 000 euros sinon l’installation sera difficilement rentable.

Du bois partout avec Les Charpentiers agricoles

La société Les Charpentiers agricoles travaille avec les exploitants souhaitant construire des bâtiments en bois. Basée en Saône-et-Loire, l’entreprise a un rayon d’intervention large sur la Bourgogne Franche-Comté et le nord d’Auvergne Rhône-Alpes. Brice Verjat, gérant de la société, argumente en faveur des bâtiments en bois : « en élevage, ce qu’il faut avant tout garantir, c’est l’absence d’humidité et de courants d’air. Le bois remplit très bien ces deux missions. » Selon l’entrepreneur, le bois possède trois qualités principales :

- Confort pour l’éleveur, le bruit résonne moins que dans une structure métallique,
- Confort pour les animaux, avec une ambiance saine et apaisante, cela joue sur la production de lait, humidité faible et pas de problème de condensation,
- En cas d’incendie, le bois a une meilleure tenue au feu que le métal.

Les Charpentiers agricoles utilisent des bois de conifères locaux tels que l’épicéa ou le douglas. Selon les départements, le bois peut être plus avantageux économiquement que le métal. En chèvrerie, il vaut mieux prévoir un surbardage d’au moins un mètre à partir du sol pour éviter que les chèvres n’abîment les parois avec leurs cornes.

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