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Stages à l´étranger
Nomades en Europe à la découverte d´autres élevages

Connaître d´autres filières caprines, développer des savoir-faire techniques dans des contextes différents, apprendre à réagir, à analyser. Tels sont les objectifs des stages à l´étranger organisés dans le cadre de la formation des techniciens en production caprine au CFPPA de Melle.


En Roumanie, les profondes transformations économiques et sociales survenues après la chute du communisme en 1989 ont bouleversé l´agriculture qui doit se réorganiser pour s´adapter à l´économie de marché.

C´est dans la région de la ville de Constanta, au bord de la mer noire, que Romain Guillonnet et Cédric Martin ont découvert les réalités de l´agriculture roumaine dans le cadre de l´Agence départementale de consultance agricole, un nouvel organisme dépendant du ministère de l´Agriculture, chargé du développement en agriculture.

Une enquête réalisée dans 18 élevages caprins de deux petites régions (Cogealac et Dobromir) a révélé des exploitations généralement de petite taille (moins de dix hectares) avec des troupeaux de 30 à 280 chèvres de Carpatina et Alba de Banat. La race Carpatina à poils longs qui représente 80 % du cheptel roumain est de couleurs variées, tandis que l´Alba de Barrat résulte du croisement de la Carpatina avec des Saanens.

La moyenne de production laitière constatée est de l´ordre de 400 l/chèvre pour une période de lactation d´avril à décembre.
Si la moitié des exploitations enquêtées est spécialisée en production caprine, il existe également des associations avec porcs, ovins et surtout bovins. Les systèmes d´alimentation, généralement avec pâture sur les communaux, comportent également du maïs et de la luzerne pour l´alimentation hivernale. Le lait est généralement vendu à une laiterie tandis que quatre élevages transforment leur lait en fromage à la ferme. Les fromages vendus au marché et dans les magasins d´alimentation sont valorisés autour de 1,5 à 1,75 euro/kg.

Dans chacun des deux zones étudiées une association regroupe les éleveurs : à Cogealac, 100 éleveurs, 3 000 chèvres, environ 600 000 l de lait produits. A Dobromir, 44 adhérents, 1820 chèvres et 400 000 l de lait produits. Le souhait des éleveurs des deux zones est la création d´une fromagerie sous forme coopérative afin de mieux valoriser leur lait.
Une étude réalisée sur la consommation des produits laitiers caprins a montré que les habitudes alimentaires sont de consommer du fromage de mélange (brebis-chèvre), le prix élevé du pur chèvre constituant un obstacle au développement de la consommation en raison du niveau de vie moyen de la population. Il est à noter que la majorité des personnes interrogées avaient déjà consommé des produits laitiers caprins comme le fromage (37 %), le lait (26 %) ou le yaourt (21 %).
©DR Troupeau de chèvres en Roumanie

L´agriculture doit se réorganiser pour s´adapter à l´agriculture de marché

Lors de leur stage en Transylvanie, dans les montagnes des Carpates, Samuel Bremaud et Yannick Delrieu se sont attachés à mieux connaître les systèmes d´élevages pratiqués.
Deux typologies se dégagent, d´une part, les exploitations vivrières d´une trentaine de chèvres associées à des ovins ou des bovins et dont les produits sont principalement auto consommés, et d´autre part, les exploitations dites commerciales, de 50 à 550 chèvres avec une alimentation basée sur le pâturage et dont les produits viande, lait, fromages sont vendus soit directement, soit à des entreprises.

Les chevreaux élevés sous la mère sont généralement vendus à 2 ou 3 mois avec un poids vif de 15 kg en moyenne. A Pâques, leur prix atteint 2,5 ? le kg. Traditionnellement le lait de chèvre mélangé à celui de brebis est transformé en laiterie pour fabriquer un fromage salé appelé Barduf. Une entreprise grecque (Tyrom) installée dans la région collecte 1,5 million de litres (brebis et chèvre) et exporte des fromages semi-transformés dans son pays d´origine, le litre de lait de chèvre est payé 0,3 ? aux producteurs.
©DR En Lituanie, la création d´élevages caprins laitiers est très récente

Lituanie, un élevage marginal
Production récente en Lituanie, l´élevage de chèvres est très marginal avec 31 000 caprins recensés au total. Les élevages sont de très petite taille (5 à 20 chèvres) et axés vers l´autoconsommation des produits lait et viande. Une association regroupe quelques élevages plus ou moins spécialisés (le plus important compte 70 chèvres) et c´est la présidente de cette association qui a accueilli Laëtitia Cailleau et Mireille Deichelboher venus découvrir une filière caprine naissante.

En effet, à la différence de l´élevage ovin, celui de la chèvre n´appartient pas à la tradition historique du pays et ce n´est que depuis l´indépendance, en 1993, que quelques éleveurs se sont intéressés aux caprins. Les Lituaniens consomment surtout le lait de chèvre et les quelques fromages fabriqués à la ferme sont à pâte cuite et pressée, mais consommés à l´état frais. Outre l´autoconsommation largement majoritaire, les rares fromages de chèvre proposés dans le commerce sont vendus entre 6 et 9 ? le kg.
©DR Chèvres Carpatina

La population de chèvres Carpatina à poils longs représente 80 % du cheptel roumain

L´élevage caprin s´organise en Hongrie
Au cours de leurs neuf semaines de stage, Antoinette Phelippeau et Véronique Sorin ont découvert l´agriculture hongroise dans le cadre du lycée Agricole de Bethlen Gabar qui possède un troupeau de 72 chèvres avec transformation fromagère.
Le lycée est un des rares établissements d´enseignement agricole à s´intéresser à la production caprine et, à ce titre, à participer à un programme pédagogique caprin dénommé Léonardo de Caprino avec la France et l´Espagne.

Dans cette région des grandes plaines de Behès, au Sud-Est de la Hongrie, l´élevage caprin du lycée sert de support pour la formation des élèves de l´établissement mais aussi de modèle pour les producteurs intéressés par cette filière. On recense actuellement 27 exploitations caprines dans cette région.
©D.R.

En Hongrie, le lycée agricole de Bethlen Gabar possède un troupeau de soixante-douze chèvres avec une fromagerie. En Hongrie, le lycée agricole de Bethlen Gabar possède un troupeau de soixante-douze chèvres avec une fromagerie.
Par ce biais le lycée offre ainsi des possibilité de développement d´activités à des exploitations locales et participe à l´amélioration des techniques d´élevage caprin. Cependant il n´existe pas de filière scolaire spécifique à la production caprine, les interventions ne sont donc que ponctuelles.
La fromagerie du lycée transforme des laits de vache, de chèvres et de brebis dont une partie est produite par l´exploitation du lycée et le complément collecté auprès des éleveurs de la région. Le lait de chèvre est payé à 0.30 ? le litre aux producteurs.

Les fromages fabriqués sont de quatre types : un gouda à pâte pressée et affinée, un fromage frais aux herbes, un fromage fumé et le Türo, un fromage blanc frais égoutté en sac de tissu. La valorisation des fromages vendus en crémeries, épiceries et dans les foires est de l´ordre de 8 ?/kg et le lait est payé à 0,30 ?/l aux éleveurs collectés.

A noter également la présence dans la région de la laiterie de Kecskement. Créée en 2002, cette laiterie qui regroupe dix éleveurs en coopérative avec 1 300 chèvres transforme 2000 litres par jour.
Au plan national hongrois, une association d´éleveurs de chèvres a été créée afin de regrouper les éleveurs et de promouvoir les produits caprins.

Autres stages, autres horizons
Outre les pays cités précédemment les stagiaires ont également découvert d´autres horizons. Pour Amélie Carbonneaux ce fut la Fromagerie Van Dijk aux Pays-Bas et pour trois autres le Sud de l´Italie à l´Istituto Sperimentale per la Zootecnica à Bella au Sud-Est de Naples (Canetta Marie-Pierre, Salvi Géraldine et Lucas Marielle).

Depuis 1980, cet institut de recherche appliquée s´est spécialisé dans la production caprine, avec des expérimentations axées sur le comportement de l´animal et l´effet des fourrages sur le lait et la transformation fromagère. Ces études sont réalisées avec des races de chèvres locales afin de participer à la sauvegarde de ces races et valoriser les fromages locaux.


Article rédigé sur la base des informations des rapports de stage des stagiaires
©DR L´Istituto sperimentale per la zootecnica de Bella ©Italie

L´Istituto sperimentale per la zootecnica de Bella (Italie)
s´est spécialisé dans la production caprine et possède des chèvres des principales races italiennes.




CFPPA de Melle : stages en Europe
Le Centre de Formation Professionnelle et de Promotion pour les Agriculteurs de Melle dans les Deux-Sèvres dispense depuis trente ans des formations spécialisées en production caprine.

Il est basé dans le Poitou-Charente, première région de France pour l´élevage caprin et riche d´une filière présente et organisée. Depuis la rentrée 2001, le CFPPA a ouvert un « certificat de spécialisation de niveau 3 » (Post BTS, CS 3) intitulé « technicien conseil en production caprine ».

Cette formation se déroule de septembre à fin mai, comporte dix-huit semaines de stage en entreprise dont neuf semaines dans un organisme européen (entreprise de collecte ou de transformation du lait, recherche, laboratoire d´analyse, fromagerie.).
Ce CS 3 répond aux besoins exprimés d´une part, par la filière (recherche de jeunes ayant des compétences techniques confirmées et une connaissance de l´organisation de la filière caprine européenne) et d´autre part, par les jeunes eux-mêmes (meilleure employabilité).
Ces placements à l´étranger ont été financés en grande partie par l´Europe, ils ont concerné douze stagiaires en 2004 (quatre garçons et huit filles), six stagiaires en 2002 et huit en 2003. Les pays concernés sont l´Italie (près de Milan et près de Naples), l´Espagne (près de Séville), la Pologne (un partenaire à Poznan), la Roumanie (trois partenaires à Hateg, Brasov et Constanta), la Hongrie (Guyomendrod), les Pays-Bas (Gilze Rijen), la Lituanie (Kaunas).

Jean-Bernard David (directeur), Anne Giraudel, Alain Joyeux, Simon Ouin, Martine Ripaux. Tél. 05 49 27 24 44

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