Aller au contenu principal

Mauvais poil et démangeaisons : quels troubles cutanés chez la chèvre ?

Les troubles et lésions cutanées ont différentes formes et des causes variées. Revue des infections qui grattent les chèvres.

Une chèvre en bonne santé a le poil brillant, dès que celui-ci devient terne ou clairsemé le troupeau fait mauvaise impression et l’éleveur se pose des questions. Nous allons voir comment bien les poser et y répondre avec intelligence. Les troubles cutanés ont des causes variées : nutritionnelle, virale, bactérienne, parasitaire, tumorale… Le diagnostic n’est pas toujours facile et peut faire appel à des examens complémentaires. Cependant l’observation clinique est primordiale afin de caractériser les lésions.

Le « mauvais poil » doit alerter sur l’état général

Le poil terne et sec peut être révélateur d’une maladie plus générale. C’est le cas des maladies parasitaires non maîtrisées, par exemple les strongyloses au pâturage ou la coccidiose chez la chevrette en croissance. On peut aussi suspecter un déséquilibre nutritionnel de type acidose chronique ou carences.

Dépilations et squames, plutôt lié aux carences

Dans un troupeaux, quelques chèvres peuvent présenter une dépilation. © X. Pouquet
Dans un troupeaux, quelques chèvres peuvent présenter une dépilation. © X. Pouquet
Dans un troupeau, quelques chèvres (5 à 10 %) peuvent présenter un pelage terne, clairsemé par endroits avec de nombreuses squames grisâtres, souvent sur le garrot et la ligne du dos (on parlera d’hyperkératose) ; en principe sans prurit ou très modéré et sans autres signes cliniques. On observe souvent une corrélation entre ces signes et le cycle de lactation, les saisons et la reproduction, souvent ils apparaissent en début de lactation et ont tendance à s’atténuer et disparaître en fin de lactation. On recherchera alors une cause carentielle, carence d’apport ou carence induite par le métabolisme tendu par le pic de lactation. Il faut rechercher du côté des vitamines A, E et des oligo-éléments, zinc, sélénium, cuivre. La mise en œuvre d’un profil métabolique confirmera le diagnostic.

Dépilations localisées : suspicion de teigne

Teigne © X. Pouquet
Teigne © X. Pouquet
En cas de dépilations localisées plus ou moins rondes (nummulaires), plus souvent localisées au niveau de la tête (oreilles), on peut aussi suspecter la teigne, des parasites champignons dermatophytes. Le diagnostic est difficile, on réalisera une mise en culture sur milieux spécifiques pour déterminer l’agent en cause (Microsporum, Trichophyton…). Si la suspicion se précise on agira surtout sur l’ambiance et les apports de vitamines et oligo-éléments. Est-ce vraiment pathologique ? Pas sûr ! Sauf si des favorisantes sont réunies (ambiance défavorable, carences, déficits immunitaires…)

Les poux, ça gratte

Le prurit se manifeste par du léchage, facilement repérable par les traces répétées (poils lissés par la salive), du grattage (pour se soulager les chèvres se frottent), quelquefois par de l’agitation dans les cases. Peuvent être associés des signes de pelage terne, clairsemé, avec des squames.

Poux des chèvres © X. Pouquet
Poux des chèvres © X. Pouquet
Pour un diagnostic sûr il faut aller chercher les poux, c’est le cas de le dire, pas toujours facile. En effet, ils ne mesurent que quelques millimètres et se cachent parmi les poils et pellicules. De plus, ils ne sont pas forcément nombreux. Plus souvent localisés sur les flancs et thorax. Il existe deux types de poux, les poux piqueurs (Linognathus) plantés dans la peau, de couleur noire, et les poux broyeurs (Damalinia), plus bruns, qui se promènent entre poils et squames. À noter que plusieurs animaux sont atteints du fait de la contagion.

Le traitement fait appel à des insecticides appliqués en « Pour On » de la famille des pyrethrinoïdes. Cependant, il se pose le problème du délai de retrait concernant les chèvres en lactation, d’autant qu’il faut traiter tous les animaux du lot. Le milieu extérieur n’a pas besoin d’être traité.

Les gales enflamment la peau

Galesur une patte © X. Pouquet
Galesur une patte © X. Pouquet
Les gales sont des maladies parasitaires de la peau due à des acariens. Le cycle parasitaire de ces acariens s’effectue entièrement sur l’animal. À la différence des poux, ils vivent dans l’épaisseur de la peau, ce qui engendre une réaction inflammatoire chronique d’où des lésions croûteuses et prurigineuses. Les lésions peuvent être suintantes du fait des complications bactériennes suite au grattage.

La contamination s’effectue par contact entre animaux ou via des matières contagieuses (débris cutanés, croûtes…). Les acariens ne survivent pas plus de 12 à 15 jours dans le milieu extérieur. Les gales les plus fréquentes sont la gale chorioptique, gale des pattes, et la gale psoroptique, gale des oreilles. La gale sarcoptique, tête et corps est rarissime. Le diagnostic fait appel à l’aspect croûteux, contagieux et prurigineux. Le diagnostic de laboratoire consiste à mettre en évidence les acariens au microscope à partir de raclages cutanés effectués au niveau des lésions. Le traitement fait appel aux endectocides (éprinomectine) administrés deux fois à 15 jours d’intervalle et aux acaricides utilisés en pulvérisation ou balnéation après dilution.

Les lésions dermatologiques localisées essentiellement sur la mamelle

La peau de la mamelle est fine, glabre et donc sensible et exposée aux maladies de peau. La dermatite solaire (coup de soleil) et la photosensibilisation (par ingestion de certaines plantes) concernent les chèvres d’extérieur à la sortie au pâturage. Cela peut concerner les oreilles à peau claire. La dermatite à staphylocoque se manifeste par des papules évoluant en pustules. Souvent en relation avec les infections mammaires. Le traitement fait appel à des désinfections cutanées et la mise en place d’hygiène mammaire à la traite. Rarement, on peut trouver des lésions prolifératives (papillomes, verrues) ou ulcératives d’origine virale. Notons aussi les rares lésions d’ecthyma sur les trayons des chèvres non immunisées qui se compliquent fréquemment en mammites.

À retenir

Savoir caractériser les lésions cutanées

Le « mauvais poil » : poil terne et sec
Squames : présence de pellicules.
Dépilation : présence de zones clairsemées sans poils.
Prurit : démangeaisons qui se manifestent par du léchage, du grattage et des croûtes. Il oriente vers des causes parasitaires
Observe-t-on des zones inflammatoires localisées ou étendues de type papule, pustules, ulcérations ?
Enfin, notez la forme et la répartition des lésions sur le corps (étendues, localisées, symétriques).

Mise en garde

FCO et fièvre aphteuse

La fièvre aphteuse et la FCO sont des maladies virales à expression cutanée possible. Les caprins sont sensibles à ces virus mais expriment peu de symptômes (beaucoup de formes inapparentes de la maladie). Les symptômes sont localisés au niveau buccal et podal (bourrelet coronaire des sabots). Toute apparition brutale et contagieuse de tels signes doit entraîner un appel à son vétérinaire.

Chez les chevreaux, les lésions buccales d’ecthyma

Les jeunes sont très sensibles à l'ecthyma.  © X. Pouquet
Les jeunes sont très sensibles à l'ecthyma. © X. Pouquet
Dû à un parapoxvirus, très contagieux et résistant dans le milieu extérieur, l’ecthyma peut se transmettre à l’homme qui présente alors des nodules inflammatoires souvent localisés aux mains. La contagion est facile à partir des croûtes qui représentent les matières virulentes. Les jeunes sont très sensibles par défaut d’immunité. La transmission s’effectue par contact, voire par la manipulation de bouclage et tatouage.

Aspect monstrueux sur la face

L’ecthyma se présente sous deux formes cliniques. La forme cutanée est la plus fréquente, caractérisée par des papules, vésico-pustules évoluant en ulcérations croûteuses. Localisées sur les lèvres, paupières et naseaux, les lésions deviennent quelquefois croûteuses et prolifératives donnant un aspect monstrueux ! L’évolution se fait sur deux à quatre semaines. Les surinfections bactériennes sont très fréquentes avec des lésions suintantes suppuratives. La forme buccale atteint les gencives, le palais, la langue, avec complications de stomatite bactérienne entraînant une incapacité de se nourrir.

Comme toute maladie virale, il n’y a pas de traitement spécifique. Les soins consistent surtout en une désinfection des lésions avec des produits iodés et une antibiothérapie en cas de surinfections. Il existe aussi un vaccin atténué vivant injecté par voie intra dermique.

Les plus lus

Logo du Concours général agricole
Le palmarès caprin du concours général agricole des produits laitiers 2024
Le concours général agricole des produits laitiers se tenait le lundi 26 févriers 2024. Parmi les 397 médailles du réputé…
Remise des prix du Trophée Gènes Avenir au Salon de l'agriculture 2024
Salon de l'agriculture : le Trophée Gènes Avenir récompense les éleveurs d'alpines et de saanen
Pour sa sixième édition, le Trophée Gènes Avenir a récompensé des éleveurs de Vendée en saanen et des éleveurs du Rhône en alpin…
Lisa Sabourault et Dorian Folco, fromagers fermiers dans le Maine-et-Loire
« Du lino sur le quai de traite des chèvres »
En reprenant l’élevage caprin, ces deux éleveurs de chèvres ont remis un bon coup de propre à la salle de traite. L’astuce de…
Collecte d'échantillons de lait de chèvre par un chauffeur-laitier
Dépister les maladies dans le lait de chèvre
En testant le lait de tank des chèvres, on peut détecter des maladies présentes dans le troupeau caprin sans multiplier les…
Analyse automatisée du lait au laboratoire Lilco de Surgères (17)
Cinq maladies à dépister dans le lait de chèvre
En analysant les laits de mélange des troupeaux de chèvres, il est possible de détecter certaines maladies caprines.
Vignette
Matériel de traite et de distribution à vendre
Une exploitation des Deux Sèvres vend du matériel de traite et un distributeur Mechineau.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre