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Interprofession
Les enjeux du renouvellement et des attentes sociétales

Lors de son assemblée générale, l’Anicap a présenté ses actions passées et à venir. L’occasion aussi d’approfondir les controverses citoyennes sur l’élevage.

Pour ouvrir l’assemblée générale de l’Association nationale interprofessionnelle caprine (Anicap) qui s’est déroulée le 4 juillet dernier à Paris, Marilyne Le Pape, sa directrice, a présenté la conjoncture caprine pour l’année 2016 et le début de l’année 2017. Mais, cette année encore, les données issues de l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer ont été partielles. Une amélioration de la qualité des résultats de cette enquête est attendue dans les mois à venir.

Un prix du lait de chèvre qui progresse

Le début de l’année 2017 a été marqué par une baisse de la collecte de lait de chèvre de 5,7 % à fin avril. Cette tendance est principalement attribuée à la mauvaise qualité des fourrages. Cette baisse semble cependant ralentir depuis car elle n’était plus que de 3,7 % selon le sondage hebdomadaire de FranceAgriMer arrêté au 18 juin. S’établissant en moyenne à 730 euros les 1 000 litres au premier trimestre, le prix moyen du lait payé aux producteurs est orienté à la hausse, ce qui est un point positif dans un contexte laitier pour le moins difficile. Aujourd’hui, plus de 80 % des fromages de chèvre produits en France sont consommés dans l’hexagone. Selon le panel IRI-Cniel arrêté au 9 avril, les ventes en volumes de fromages de chèvre en libre-service étaient en hausse de 0,4 % depuis le début de l’année. Les ventes de lait de chèvre UHT étaient aussi en hausse de 9,4 % en volume et de 13 % en valeur. Même constat pour les yaourts, en hausse de 30 %.

En 2016 et en ce début 2017, l’action de l’Anicap a notamment porté sur l’accord interprofessionnel relatif à la contractualisation (cf. La chèvre n° 341), qui vient d’obtenir l’extension des pouvoirs publics, ce qui rend désormais la proposition de contrat par l’acheteur de lait au producteur obligatoire, et sur celui relatif à la diffusion d’indicateurs de conjoncture. La diffusion de ces indicateurs se fera par le biais d’un site internet institutionnel en cours de construction.

Promotion des fromages de chèvre en France et à l’export

Depuis 2015, l’Anicap a considérablement réduit son budget dédié à la promotion des fromages de chèvre, que ce soit en France ou à l’export, au profit d’actions techniques, notamment dans le domaine sanitaire (travaux sur l’amélioration des teneurs en numérations cellulaires et sur les Stec en particulier). Sur le front de la promotion collective, si elle a mis en place fin 2016 un nouveau programme triennal en France basé sur les relations presse et internet, elle a mis fin à ses actions au Royaume-Uni car "la vente de fromages de chèvre français y est difficile ; les distributeurs britanniques favorisant clairement le référencement de produits nationaux. Par conséquent, investir dans des actions de promotion était de moins en moins pertinent ». En revanche, en 2017, l’Anicap a décidé de reprendre ses actions de promotion aux États-Unis, un marché à fort potentiel pour les fromages de chèvre. Et si 2017 a été une année blanche pour la promotion des fromages de chèvre français en Allemagne, un nouveau programme triennal sera mis en place en 2018. L’Allemagne est le premier client en dehors de nos frontières pour les fromages français, et par conséquent pour nos fromages de chèvre.

Cette année, l’Anicap prévoit également de mettre en place des actions visant à « favoriser de nouvelles installations afin de pallier le déficit de volume de lait de chèvre collecté en France ». Jacky Salingardes, le président de l’Anicap, a aussi précisé qu’à la rentrée, l’Anicap entamera "une réflexion sur le bien-être animal ".

62 % des Français ne pensent pas réduire leur consommation de produits issus de l’élevage

Anne-Charlotte Dockès de l’Institut de l’Élevage a d’ailleurs présenté les résultats du projet Accept qui vise à déterminer l’acceptabilité de l’élevage, toutes espèces confondues, par les citoyens. "Les controverses sur l’élevage ne datent pas d’hier. Les hommes se sont toujours demandé s’il était légitime de tuer un animal pour le manger. La question des droits des animaux se pose donc depuis l’Antiquité avec deux grands courants qui se font face : l’animalisme, qui place tous les êtres vivants à la même échelle, et les humanistes ». Ce positionnement s’est traduit juridiquement par une reconnaissance, dans le Code civil, de l’animal comme « être vivant doué de sensibilité » alors qu’il était autrefois considéré comme un bien meuble. En 2016, un parti animaliste a même été lancé en France. Il existe trois principales préoccupations qui nourrissent la controverse : les remises en cause environnementales, les préoccupations sur la condition animale et l’élevage intensif. Il convient cependant de rappeler que les végétariens constituent une faible part des consommateurs puisqu’il y aurait seulement 2 % de végétariens, végétaliens, vegans… Du reste, 66 % des personnes interrogées ne pensent pas réduire leur consommation de produits issus de l’élevage.

57 % des Français interrogés estiment mal connaître l’élevage, mais deux tiers se disent intéressés par les reportages traitant de l’élevage. Si 59 % s’estiment insatisfaits des conditions d’élevage, un Français sur deux considère que les éleveurs respectent l’environnement. Dans l’ensemble, la filière caprine jouit d’une bonne image auprès du grand public même si les systèmes d’élevage sont plutôt mal connus des citoyens.

Faire entendre le point de vue des éleveurs

Ces controverses peuvent avoir des conséquences sur le marché. Des grandes surfaces se sont ainsi positionnées pour l’arrêt de la vente d’œufs de poules en cage d’ici 2020. "Même si les citoyens ne connaissent pas l’élevage, ils ont une opinion qu’il faut accepter", rappelle Anne-Charlotte Dockès. Dans la salle, des producteurs ont appelé à remettre « le point de vue des éleveurs au centre du débat en tant qu’acteurs et interlocuteurs légitimes ». Ce qui peut être fait en « accueillant les citoyens dans leurs exploitations pour leur expliquer leurs pratiques car, en général, sur place, le public est prêt à les écouter ».

Un marché porteur mais trop peu d’installations

Le chèvre, une valeur sûre

Laëtitia Houdoyer, de Kantar World Panel, a présenté la consommation de fromage de chèvre en France. L’année 2016 a marqué une rupture avec une baisse des ventes en volumes dans le rayon alimentaire. Les foyers dépensent de moins en moins à chaque passage en grandes surfaces mais ils y vont plus souvent. Le marché du fromage de chèvre est lui toujours en croissance, dans un contexte où la fréquence d’achat de fromage en général est plutôt en baisse. "C’est un des fromages qui génèrent le plus de trafic sur les tickets de caisse, mais il est devancé par le fromage de brebis et les pâtes fraîches" explique Laëtitia Houdoyer. La dynamique du chèvre était plus forte l’année dernière où l’on a observé une forte progression de valeur sur les tickets de caisse.

2,4 kg de fromage de chèvre par foyer par an

En moyenne, les foyers français consomment 2,4 kg de fromage de chèvre dans l’année. Le fromage de chèvre est principalement consommé par des séniors. Cependant, les jeunes deviennent des consommateurs de plus en plus réguliers, notamment en ce qui concerne les bûchettes, les fromages frais et les pyramides. La bûchette a en effet été le principal moteur de croissance pour le marché du fromage de chèvre cette année tandis que les fromages panés sont en baisse. Cette année, 67,4 % des foyers français ont acheté de la bûche affinée au moins une fois. Pour les consommateurs qui cherchent de plus en plus des alternatives au lait de vache, les innovations dans le secteur des fromages de chèvre sont un plus. Si le chèvre demeure un marché de niche, il reste un marché innovant, ce qui fait sa force.

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