Filière caprine
Le nouvel indice spécifique Ipampa-lait de chèvre
Filière caprine
Avec l´Ipampa(1)-lait de chèvre la filière caprine se dote d´un nouvel indice pour connaître l´évolution de la structure des charges pour la production de lait dans les élevages livrant leur lait à l´industrie.
Une Commission de réflexion sur le prix du lait de chèvre a été réunie à plusieurs reprises dans le cadre de l´interprofession caprine Anicap, associant les représentants des familles professionnelles de la filière laitière caprine et des techniciens d´organismes ou institutions pouvant contribuer au travail sur ce thème.
A la demande de cette commission, l´Institut de l´élevage a élaboré un indice Ipampa spécifique pour le lait de chèvre qui vient d´être validé par l´Anicap, à l´image de celui qui existe déjà pour le lait de vache. Ce nouvel indicateur figurera désormais au tableau de bord économique établi tous les semestres par l´interprofession parmi les différents indicateurs disponibles relatifs aux flux de matières et aux prix dans le secteur du lait de chèvre. Il permettra de mieux apprécier l´évolution des charges de la production du lait, pour la partie qui concerne l´évolution des prix des biens et services nécessaires à la production.
Depuis plusieurs années, l´Ipampa-lait de vache fait ainsi partie de la palette des indicateurs utilisés notamment lors des négociations interprofessionnelles sur le prix du lait de vache.
Un indice des prix
L´Ipampa est depuis 1997 l´indice de référence au plan européen pour suivre l´évolution des prix d´achat des moyens de production agricole. Il s´agit d´un indice global publié mensuellement par l´Insee, tous secteurs agricoles confondus, qui couvre non seulement les produits industriels nécessaires aux exploitations agricoles comme l´Ippinea, qu´il a remplacé, mais aussi les services.
Cet indice global a des limites si l´on souhaite suivre l´évolution des prix des charges d´une production donnée du fait de sa structure de charges particulière. Depuis plusieurs années déjà, l´Institut de l´élevage a ainsi été amené à élaborer, en concertation avec la FNPL, un indice Ipampa spécifique pour la production de lait de vache.
Pour ce faire, l´indice spécifique agglomère les indices de prix élémentaires, publiés mensuellement par l´Insee, répartis en 12 postes de biens et services, selon une pondération particulière au secteur de production. Celle-ci est établie pour une année de base donnée et l´on utilise les mêmes conventions de calcul que pour l´Ipampa général. Tout dernièrement, dans le cadre du rebasement quinquennal de l´indice, la base est passée de 1995 à 2000.
L´Ipampa-lait de chèvre est donc établi sur la structure de charges représentative de la production du lait de chèvre en 2000. L´indice mesure donc l´évolution des prix à structure de charges constante depuis 2000, sans considération des évolutions qui ont pu intervenir dans les élevages dans la répartition et la pondération de ces charges depuis cette année de référence.
Pour la production de lait livrée
L´indice Ipampa-lait de chèvre ne prend en compte que les exploitations spécialisées caprines livrant le lait à l´industrie, et non celles réalisant la fabrication de fromages à la ferme. Celles-ci ont des structures de charges nettement plus complexes et diversifiées, plus difficiles à identifier. Les dix postes de biens et services de consommations intermédiaires et les 2 postes de biens et services d´investissement constituant l´indice, sont donc répartis selon une pondération spécifique aux exploitations livrant leur lait. Comme dans l´Ipampa général, un certain nombre de charges telles que les travaux pour cultures, les travaux pour élevage, le fermage, les impôts et taxes, les frais de personnel, les charges sociales et les frais financiers ne sont pas pris en compte dans l´indice.
Pour le lait de chèvre, la pondération des douze postes de l´indice a été obtenue à partir des résultats de l´échantillon d´exploitations de l´année 2000 du Rica(2), plus précisément à partir de la sous-Otex des exploitations spécialisées caprines.
Et parmi celles-ci, ont été isolées celles livrant exclusivement le lait à l´industrie. Elles sont relativement peu nombreuses. Mais il a pu être vérifié que leurs résultats moyens étaient cohérents avec ceux des Réseaux d´élevages suivis par l´Institut de l´Elevage. On retrouve pratiquement la même pondération des charges indicées.
Le Rica a donc été jugé représentatif en ce qui concerne la répartition des charges indicées dans l´ensemble des charges de la production du lait de chèvre livré à l´industrie. Les douze postes pris en compte dans l´Ipampa couvrent, en 2000, pour les exploitations caprines spécialisées livrant le lait, 73 % de l´ensemble des charges utilisées pour déterminer le résultat courant des exploitations.
Crédist photo : FD CUMA 47 |
Le poste « Aliments achetés » représente 40 % de l´indice
Parmi les charges indicées, le poste « Aliments achetés » est important dans la structure de charges des élevages caprins laitiers. Il représente en moyenne 40 % des charges prises en compte dans l´Ipampa. Rappelons que pour l´Ipampa-lait de vache, l´aliment acheté représente 23 % des charges indicées. Plus encore que pour le lait de vache, le suivi de ce poste doit être affiné en chèvres.
Il est la résultante d´une pondération entre divers aliments, variable selon les différents systèmes alimentaires présents en 2000, qui ne sont cependant pas quantifiables avec l´échantillon réduit du Rica. Grâce aux données des exploitations caprines des Réseaux d´Elevage et de l´appui technique, quatre grands types de systèmes laitiers caprins spécialisés ont pu être retenus selon la nature des fourrages utilisés et la part des aliments achetés, traditionnellement ainsi désignés : « ensilage de maïs », « stock herbager » (ensilage d´herbe, enrubanné.), « déshydratés » (>150 kg de déshydratés par chèvre par an), « vert » (pâturage, affouragement). Le système « ensilage de maïs » est naturellement le plus utilisateur d´azote et le système « vert » le plus utilisateur de céréales. La luzerne déshydratée représente 27 % du poste « aliments achetés » en système « déshydratés ».
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Une indication sur les prix mais pas sur les volumes
L´indice Ipampa-lait de chèvre est constitué de la combinaison de vingt indices de prix élémentaires de l´Insee, dont neuf concernant les aliments achetés. Il quantifie donc l´évolution des prix de la plupart des consommations intermédiaires et des investissements sur une base 100 en 2000 et à système constant. Il ne prend pas en compte, en particulier, les évolutions que les producteurs ont pu apporter à leur système de production en fonction de l´évolution des rapports de prix entre les différents aliments.
L´Ipampa-lait de chèvre donne donc une indication partielle sur l´évolution réelle des coûts de production du lait, celle concernant les prix et non celle relative aux volumes. Comme il a pu être constaté en lait de vache, certains postes évoluent peu ou régulièrement, d´autres sont sujets à des variations importantes, comme l´énergie et les lubrifiants, les engrais et amendements ou les aliments achetés.
Dans la période récente, par exemple, les prix des aliments ont considérablement augmenté, en prolongement de la canicule de l´été dernier. La modification des systèmes par les producteurs suite à ces évolutions de prix n´est pas prise en compte par l´indice qui reste sur la structure de charges pondérées en 2000.
Crédits photo : FD CUMA 47 |
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(1) Ipampa : Indice des prix d´achat des moyens de production agricole.
(2) Rica : Réseau d´information comptable agricole.