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Le métier d´éleveur
L´animal, son bien-être et les éleveurs

Ecouter les éleveurs, comprendre leurs façons de penser et d´agir vis-à-vis du bien être de leurs animaux. Résultats d´une étude originale réalisée par l´Institut de l´Elevage.


?Lº?relations entre les éleveurs et leurs animaux, comprendre les représentations des éleveurs et des techniciens de la notion de bien-être animal, identifier l´image qu´ils ont des attentes du grand public et des réglementations sur la question : tels étaient les objectifs d´une étude réalisée en 2000 auprès de 80 éleveurs de 6 régions, complétée par une enquête téléphonique auprès de 400 éleveurs. Il s´agissait d´éleveurs de bovins (laitiers et allaitants), de porcs et de volailles, mais les éleveurs de petits ruminants se retrouveront à divers niveaux dans la plupart des résultats de l´enquête.
©D. R.


Quelques points communs à toutes les enquêtes
Etre éleveur est tout d´abord une relation professionnelle aux animaux. C´est ensuite un rapport quotidien aux animaux, au vivant. Le métier d´éleveur est considéré par ceux-ci comme varié et complexe. Ils insistent sur le temps qu´ils passent à observer leurs troupeaux, et sur l´imbrication des temps professionnels, familiaux, personnels.
Pour tous les éleveurs, les accidents sanitaires sont vécus comme un échec, voire une souffrance. Au-delà de ces considérations générales, une typologie des attitudes des éleveurs vis-à-vis de leurs animaux a été proposée.
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L´animal fait partie de la vie de l´éleveur
Il s´agit d´éleveurs qui ont choisi leur métier par passion des animaux. Ils n´auraient pu concevoir leur vie autrement et ne voient quasiment que les aspects positifs du métier.
Ils ont une relation affective avec l´animal : c´est un être sensible avec lequel on communique et auquel on s´attache, en particulier aux femelles reproductrices qui restent longtemps dans les troupeaux. Ils ont une connaissance individuelle des animaux et affichent une préférence pour certains. Ces éleveurs aiment particulièrement les aspects de leur métier qui les mettent en contact avec l´animal et accordent beaucoup d´importance à l´observation, la surveillance, la manipulation des animaux. Ils trouvent souvent difficile de réformer leurs animaux.
Ils reconnaissent aux animaux des besoins physiologiques, comportementaux (bouger, sortir, pâturer pour les bovins), et psychologiques (absence de stress, communication.). Ils estiment souvent qu´ils pourraient encore améliorer leur confort. Ils considèrent enfin qu´il est légitime que la société exprime des demandes par rapport au bien-être qui pourraient, en théorie, induire des changements de leurs pratiques, mais ne se sentent pas mis en accusation.
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L´élevage est un métier
Il s´agit d´éleveurs qui n´ont pas explicitement choisi leur métier, ils le pratiquent plutôt dans une continuité familiale et pour quelques-uns regrettent même de ne pas faire autre chose. Ils voient des aspects positifs à leur métier (liberté, gestion du vivant), et des contraintes (temps, pénibilité psychique, aléas).
Selon eux, l´animal est un être sensible avec lequel on communique, mais ils ne s´attachent pas aux individus.

Ils aiment les aspects techniques du métier d´éleveur (l´alimentation, la génétique, la production laitière.), et parfois la manipulation des animaux, s´ils sont bien équipés pour le faire sans risque. Ils apprécient souvent la surveillance et l´observation.
Pour ces éleveurs, le départ des animaux pour l´abattoir fait partie du métier, voire en est l´aboutissement pour l´engraisseur. La réforme est vécue sans difficulté. Comme dans le groupe précédent, des besoins physiologiques, comportementaux et psychologiques sont reconnus aux animaux, dont la communication avec l´homme fait partie. Ces éleveurs sont cependant souvent satisfaits de la situation de leurs animaux. Il est important à leurs yeux de communiquer avec le grand public, en expliquant que les éleveurs font bien les choses.
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Eleveur malgré l´animal : l´animal est une contrainte du métier d´éleveur
Ces éleveurs exercent leur métier par continuité familiale ou par intérêt pour ses aspects techniques. Ils ont souvent choisi leurs productions pour des raisons économiques.
Ils insistent sur les difficultés du métier comme sur son intérêt, en particulier sur les satisfactions liées à la productivité technique et à l´autonomie d´organisation.
La communication avec l´animal est une nécessité, soit technique (elle améliore les performances), soit pour se protéger des réactions dangereuses de l´animal. L´animal est un être sensible, qui peut souffrir, mais il est instrumentalisé pour produire. La mort de l´animal est normale et intégrée dans le métier, c´est un aboutissement.
Les besoins physiques et comportementaux de l´animal sont reconnus. L´éleveur considère qu´ils sont suffisamment satisfaits de leur système. Les attentes de la société sont perçues comme légitimes dans la mesure où elles conforment un choix de système, et comme illégitimes et agressives sinon.

Eleveur pour la technique : la relation à l´animal n´est pas centrale
Il s´agit d´éleveurs passionnés par les aspects techniques, voire technologiques du métier. Ils peuvent afficher une passion à l´animal liée à la complexité de la gestion du vivant. Ils ne communiquent pas avec l´animal même s´ils souhaitent en être reconnus.
Ils aiment ce qui touche à la technique et à la mécanique, mais aussi à l´observation et à la surveillance pour identifier les facteurs de risque et les marges du progrès. Ils sont indifférents à la mort de l´animal, tant qu´il ne s´agit pas d´un accident majeur.
Ils voient essentiellement les besoins physiologiques des animaux (santé, alimentation) et considèrent qu´ils les satisfont. Ils s´estiment agressés par les demandes de la société qu´ils jugent parfois incompatibles avec la gestion économique de leur exploitations.

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