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Chèvres angoras
La production de mohair s’affine et s’étoffe

Les chèvres angoras représentent une petite filière en France, mais celle-ci est dynamique avec de plus en plus d’installations et la recherche pour lever les contraintes techniques.

Au cœur de l’Ardèche, sur le site d’Ardelaine, coopérative de valorisation de la laine, les éleveurs de chèvres angoras de la France entière se sont réunis début mars à l’occasion de l’assemblée générale de l’Aneca, une des deux associations nationales de producteurs de mohair. Dix jours après le Salon de l’agriculture à Paris, l’heure est au bilan. Et celui-ci est plutôt positif quant à la connaissance du mohair par le grand public. « Les gens s’intéressent à notre production via les sites internet, la vente directe ou encore les séjours à la ferme. Le mohair commence à être bien identifié », se réjouit Isabelle Venier, éleveuse de chèvres angora dans la Vienne et présidente de l’Aneca. L’engouement des consommateurs français pour les produits locaux participe grandement à la dynamique de la production. Des installations se font régulièrement, mais le turn-over est important, car comme le souligne la présidente, il n’est pas évident de se lancer et de pérenniser une activité 100 % mohair. « La facette commerciale est très importante dans notre secteur. Les éleveurs vendent globalement toute leur production en direct que ce soit à la ferme, sur les marchés et foires ou par internet. »

Une production plus proche des ovins

Pour Marie-Claire Degroote, qui élève 40 chèvres angoras avec son mari depuis un an en Ardèche, l’installation a en effet demandé beaucoup d’investissements. Avec un troupeau encore en croissance, il a fallu gérer les deux tontes annuelles, les mises bas, la commercialisation (ils font appel à des tricoteuses pour transformer la laine) en plus de leur double activité. En effet, par mesure de sécurité financière, les conjoints ont préféré conserver leurs emplois, le temps d’arriver à l’autonomie économique de leur exploitation. « J’ai suivi un BPREA au Pradel mais l’élevage de chèvres angoras est vraiment particulier et si l’on devait comparer à une autre production, je dirais que nous sommes plus proches des ovins allaitants que des chèvres laitières », raconte Marie-Claire Degroote, souriante et déjà très investie dans la vie de la filière.

Des animaux plus gros pour plus de toison

Mais la partie technique n’est pas pour autant de tout repos et les problématiques rencontrées par les éleveurs sont diverses. Si la qualité de la laine mohair française est excellente, la quantité mérite d’être améliorée. C’est d’ailleurs l’axe de recherche majeur aujourd’hui. « Le travail mené en génétique depuis 20 ans sur la finesse des fibres a porté ses fruits, expose Pierre Martin, directeur de Capgenes. Un plafond a été atteint quant au taux de fibres indésirables. Nous travaillons maintenant pour avoir des animaux avec un tour de poitrine plus important, pour plus de toison. » Car le poids de toison est directement proportionnel à la surface de peau et donc au gabarit de l’animal. Pour augmenter celui-ci, plusieurs pistes, dont la principale est de fournir un fourrage de qualité pour améliorer et augmenter le temps de rumination des chèvres. L’Aneca souhaite d’ailleurs nouer un partenariat avec l’école vétérinaire de Toulouse pour tester l’intégration de sainfoin dans les rations. Ce fourrage aurait une double action : le gain de gabarit par rumination et un apport de tanins, qui permettront de lutter contre le parasitisme. Les chèvres angoras sont en effet très sensibles aux parasites alors que paradoxalement elles nécessitent d’être un maximum de temps au pâturage.

Un manque de tondeurs spécialisés

Autre problématique pourtant essentielle pour la production, le manque de tondeurs spécialisés. « Les tondeurs ovins s’occupent rarement des chèvres angoras, explique Ludovic, éleveur dans les Hautes-Alpes, tondeur et formateur à la tonte des angoras. Un mouton, c’est tout rond, une chèvre c’est tout en angles. Le matériel n’est pas le même et le temps de tonte non plus, il faut compter 10 chèvres par heure contre environ 25 moutons sur la même durée. » Avec deux tontes par an, la pénurie de main-d’œuvre spécialisée se fait cruellement ressentir au sein de la production et les rares tondeurs d’angoras ne savent plus où donner de la tête. L’Aneca a donc mis en place depuis quelques années des formations à la tonte afin que chacun puisse s’occuper des toisons de ses animaux et alléger ainsi un peu la pression des professionnels de la tonte. Cependant, les chantiers de tonte angoras sont globalement bien mieux rémunérés que les chantiers ovins, de quoi peut-être inciter certains professionnels à venir grossir les rangs des experts de l’angora.

Un travail génétique remarquable

« Entrepris il y a 20 ans par des éleveurs passionnés et persévérants, le travail sur la génétique des chèvres angoras françaises porte aujourd’hui ces fruits », aime rappeler Pierre Martin, directeur de Capgenes. Cela est vrai pour la finesse des fibres, mais aussi dans la consanguinité, dans le taux n’a pas augmenter ces 10 dernières années. La collaboration avec l’Institut de l’Élevage pour exploiter les données de l’outil Pedig pour le suivi de la variabilité génétique a permis ce bon résultat. D’autre part, la cryoconservation fonctionne bien, avec deux boucs aujourd’hui en station. Les paillettes obtenues sont stockées et serviront en cas de crise sanitaire afin de restaurer un cheptel avec un bon niveau génétique. Enfin, signe de la bonne santé de la production, la section angora de Capgenes enregistre une progression de 10 % des cotisations sur 2019 grâce à une augmentation du nombre d’adhérents qui atteint désormais 68.

Le saviez-vous

Deux associations nationales pour la filière mohair

Deux associations nationales coexistent :

Mohair de nos chèvres, qui regroupe une vingtaine d’éleveurs représentant 30 % de la production nationale. Un volume de production minimum est demandé aux adhérents. La laine est transformée par l’entreprise Eureca.
Aneca regroupe 80 éleveurs, l’adhésion est ouverte à tout détenteur de chèvres angoras. La laine est transformée par la Sica.

La laine est lavée et triée en France par la Sica ou Eureca puis est envoyée en Italie pour être filée et revient en écheveaux aux producteurs, qui ne récupèrent donc pas forcément leur propre laine. D’où l’importance d’une qualité homogène de la production française.

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