Face à la crise de l’agriculture biologique, quelles réponses structurelles propose le CGAAER dans son rapport ?
Dans un rapport sur la crise de l’agriculture biologique daté de juin dernier et dévoilé par Contexte le 2 septembre 2025, le CGAAER formule différentes recommandations, notamment une restructuration du secteur.
Dans un rapport sur la crise de l’agriculture biologique daté de juin dernier et dévoilé par Contexte le 2 septembre 2025, le CGAAER formule différentes recommandations, notamment une restructuration du secteur.

« Crise de l’agriculture biologique française : conjoncturelle ou structurelle ? L’enjeu de la compétitivité » est l’intitulé du rapport du CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) daté de juin dernier et révélé par Contexte le 2 septembre 2025. Ce dernier estime que l’offre bio toujours plus étoffée et la demande des consommateurs toujours croissante, « deux moteurs complémentaires » du marché de l'agriculture bio ont trouvé leurs limites.
Si l’objectif de développement du bio est confirmé, il doit élargir son assise sociale, tant du côté de l’offre que de la demande
« Les nouvelles exploitations à convertir sont plus éloignées de la cible d’une conduite en AB et les nouveaux consommateurs à convaincre sont moins motivés, tandis que leurs ressources sont davantage contraintes. Si l’objectif de développement du bio est confirmé, il doit élargir son assise sociale, tant du côté de l’offre que de la demande » peut-on lire dans le rapport.
Estimant que « les outils de persuasion utilisés jusqu’ici restent nécessaires mais n’y suffiront pas », « la persistance dans notre pays des signes de la crise pour certaines productions et dans certains circuits de distribution, dont la grande distribution, appelle des réponses plus structurelles, afin d’améliorer la compétitivité des modes de production bio, en particulier sur le marché intérieur français. », affirme le CGAAER qui formule six recommandations.
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Les six recommandations formulées par le CGAAER face à la crise du bio
- Une structuration de l’agriculture biologique (AB) sur le modèle des organismes de défense et de gestion (ODG) des autres signes de qualité et d’origine (SIQO), à tous les niveaux géographiques, distincte de l’Etat et bien articulée avec les interprofessions qui doivent organiser en leur sein le développement des pratiques durables dont celui de l’AB. Une structuration qui permettrait de réguler certaines productions sur certains territoire.
- Clarifier les raisons de l’action publique : « Le développement du bio est un moyen pour réduire l’usage des pesticides et des engrais de synthèse », peut-on lire dans le rapport qui appelle à des objectifs stratégiques en matière de réduction des pesticides.
- Dans la prochaine PAC permettre une modulation du montant des aides (de type écorégime) apportées en fonction des enjeux, des territoires et des productions, pour tenir compte des écarts réels entre les modes de production bio et conventionnel. Par ailleurs, encourager des choix de production résilients et producteurs de services environnementaux et écosystémiques à long terme sur les territoires à enjeux particuliers par des aides de type MAEC.
- Fournisseurs d’intrants, collecte, transformation, commercialisation, tous les intermédiaires doivent être impliqués dans l’atteinte des objectifs, et doivent être responsabilisés, avec un pilotage et une réglementation contraignante si les objectifs ne sont pas respectés
- En relation avec les organisations professionnelles, l’Etat doit conserver la possibilité d’actions conjoncturelles pour faire face aux aléas que les systèmes d’assurance ne peuvent pas couvrir, en soutenant davantage la production bio que l'agriculture conventionnelle
- L’Etat pourrait encourager l’amélioration continue du cahier des charges bio pour qu’y soient intégrées les attentes liées à ses objectifs prioritaires de développement durable et encourager une déclinaison régionale et territoriale du logo AB-France permettant de conjuguer les positionnements marketing du bio et du local tout en veillant à la bonne information des consommateurs, et notamment en contrôlant la réalité des allégations.
Ne pas augmenter la SAU bio mais la compétitivité de l’agriculture biologique
Dans sa conclusion, le CGAAER préconise la mise en œuvre d’un nouveau plan d'action en faveur de l'agriculture bio « devant rapidement préciser la trajectoire assignée au bio, dans ses différentes composantes et sur les différents territoires ».
Selon lui, ce dernier doit rechercher une nouvelle cible, déterminer une nouvelle trajectoire et identifier les leviers à utiliser. le rapport précise : « la cible pertinente à long terme n’est pas l’augmentation de la SAU bio, mais l’augmentation de la compétitivité relative de l’agriculture bio vis-à-vis de l’agriculture conventionnelle. C’est cette compétitivité qui permettra de développer la production, la transformation et l’alimentation issue de produits bio, pour répondre aux marchés locaux, nationaux et internationaux ».
« Améliorer la compétitivité relative de l’AB par rapport à l’AC »
Le CGAAER estime par ailleurs qu’un effort particulier devrait être réalisé en direction de « certaines zones intermédiaires dont la production est aujourd’hui très consommatrice d’intrants et apparaît peu soutenable avec le changement climatique, ainsi que des territoires clés pour la ressource en eau ». Et de marteler : « En réponse à l’obstacle du prix, c’est bien l’amélioration de la compétitivité relative de l’agriculture bio par rapport à l’agriculture conventionnel qui permettra à la fois de répondre à la demande intérieure mais aussi d’améliorer le solde commercial du bio, aujourd’hui déficitaire en France ».