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Hérault
Des fromages toute l´année

Bien intégrées à la conduite du troupeau les 20 % de lactations longues permettent aux associés du Gaec du Mas Domergue d´approvisionner leurs marchés en fromages fermiers.


C´est au pied des Cévennes, près de la célèbre Grotte des Demoiselles dans l´Hérault, qu´est installé depuis 1983 le Gaec du Mas Domergue.
Les trois associés, Christian Bussat, Colin Cherra et Jean Poudevigne élèvent 160 chèvres sur 60 ha de prairies naturelles et de garrigues. Les 130 000 litres de lait produits annuellement sont transformés en fromages fermiers, dont une partie est valorisée dans la ferme-auberge du Mas ouverte pendant la saison touristique de Pâques à la fin de l´été.
Servir les marchés
"L´étalement de la production, avec notamment les lactations longues, est nécessaire pour servir nos marchés toute l´année, explique Jean Poudevigne. Si 15 % des fromages sont écoulés directement sur l´exploitation, les marchés et avec la ferme-auberge, les 85 % restants sont vendus dans la grande distribution dans la région. Ce sont des clients qui veulent des fromages toute l´année. C´est une contrainte forte, d´autant que la concurrence fait que l´on risque de perdre des marchés si on s´arrête de produire une partie de l´année".
Autre contrainte que s´imposent les associés : celle de ne pas avoir recours au report de caillé ou des fromages. Le report par congélation a été pratiqué autrefois mais, avec la mise en place de l´AOC Pélardon récemment reconnue, les reports sont désormais interdits. Cette nouvelle obligation de ne travailler qu´avec du lait frais toute l´année impose donc d´adapter l´organisation de la conduite de l´élevage.
"La reconnaissance de l´AOC justifie une politique de prix élevés, qu´acceptent d´ailleurs les grandes surfaces puisque nous valorisons en moyenne le litre de lait transformé autour de 11 F. Jusqu´à l´année dernière, nous avions 3 lots de mise-bas : 2 lots principaux avec mises-bas en novembre pour 80 chèvres et en mars pour 100 chèvres, et un troisième lot intermédiaire avec mises-bas en janvier. Ce troisième lot a disparu cette année. Le lot de novembre avec insémination artificielle et conservation des chevrettes pour la reproduction est le lot le plus intéressant au plan génétique".
Avec ce système, la production mensuelle de lait variait de 6 000 l en octobre-novembre à 15 000 l de mai à août. L´objectif fixé est désormais de ramener le rapport de production mensuelle qui était de 1 à 2,5 vers 1 à 2, d´où l´intérêt du désaisonnement et des lactations longues pour mieux étaler la production.
Chaque année, le principe retenu a été de maintenir en lactations longues les chèvres non fécondées par IA ou monte naturelle, ce qui représente 20 % des chèvres du troupeau.
"Ces chèvres poursuivent leur lactation en septembre et ne seront taries qu´en janvier, poursuit Jean, ce sont donc des bêtes qui font une lactation de 14 mois avec mise-bas vers le 15 novembre et tarissement au 15 janvier de l´année suivante. Pour le lot de chèvres qui mettent bas en mars, 10 % environ font une lactation longue du 15 mars au 15 septembre de l´année suivante, c´est-à-dire une lactation de plus de 18 mois. Au total, sur les 160 chèvres, ce sont donc 30 à 35 chèvres qui font donc une lactation longue de 14 ou 18 mois. Ce système permet de recaler les chèvres en lactation longue par rapport aux 2 périodes de mises-bas : c´est un problème de conduite de troupeau et de bonne organisation du travail".
Plus de pâturage
Le système d´alimentation basé sur le pâturage comporte 2 lots de pâturage en parc, sans gardiennage, qui risque d´évoluer rapidement vers 1 seul lot avec gardiennage. En effet, les conditions de production de l´AOC imposent un minimum de 210 jours de pâturage par an. Le système actuel stabulation + pâturage devra donc évoluer vers plus de pâturage pour atteindre les 210 jours nécessaires.
Cette extension du pâturage devrait également permettre de mieux utiliser les bois de garrigues pendant l´été, en automne et en hiver.
"Cette évolution vers plus de gardiennage va poser de nombreux problèmes d´organisation auxquels nous réfléchissons actuellement, explique Jean. Comme nous n´envisageons pas d´embauche, il nous faut dégager du temps sur les autres chantiers en les réorganisant : traite, distribution de l´alimentation, ferme-auberge. La gestion de 2 lots avec les lactations longues impose une complémentation différente à base de céréales + soja distribuée à la traite (2 fois 300 g) et à l´auge (jusqu´à 900 g/jour en pointe de lactation). Pour les chèvres en lactation longue il n´y a pas régime alimentaire particulier, elles reçoivent la même ration que les chèvres de leur lot d´affectation".
Ce système permet une bonne remontée des lactations pour les lactations longues, certaines chèvres remontent de 2,6 l, vers 8 à 10 mois de lactation, à 3,5 l/jour. Quelques vieilles chèvres, bonnes laitières, font parfois jusqu´à 24 mois de lactation. C´est ainsi qu´une chèvre qui a produit pendant 900 jours a donné 2,4 tonnes de lait à 43 g/kg de TB et 33 g/kg de TP. Le cas de cette chèvre nous conduit à nous poser pas mal de questions !".
Globalement, pour la conduite du troupeau, les 20 % de lactations longues ne sont pas une contrainte particulière car elles s´intègrent bien au cycle de vie du troupeau, tout en apportant une souplesse intéressante.
"Pour nous, conclut Jean, avoir beaucoup de lait l´été n´est pas un problème, car nous en avons la vente. La vraie contrainte est d´avoir suffisamment de lait l´hiver. Nous
avons plus à gagner avec le commercial qu´en augmentant la productivité laitière du troupeau".

Jean-Claude Le Jaouen
5H6FLM3C.pdf (917.08 Ko)
Légende
Fête de la chèvre 2017 à Couhé (86)

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