De capricieuses chèvres angoras pour tricoter du mohair normand
Tout récemment installée, Graziella Salgueiro est arrivée en octobre 2022 sur ses pâtures du village de Tirepied-sur-Sée dans la Manche avec une production atypique : des chèvres angoras.
Les chèvres angoras produisent une fibre appelée mohair, valorisable de la même façon que la laine de mouton. À Tirepied-sur-Sée, dans la Manche, Graziella Salgueiro gère ses 28 chèvres de façon à obtenir un mohair de la meilleure qualité possible. Sa passion pour le tricot a participé à susciter sa vocation pour l’élevage de ces animaux particuliers.
Graziella chérit ses chèvres comme des membres de sa famille. Chacune est prévue pour rester dans l’élevage le plus longtemps possible. Cela a d’ailleurs un intérêt pour la qualité de la laine : « Des chèvres d’âge différent donneront des fibres aux caractéristiques différentes. Une chèvre plus vieille donnera un mohair plus épais, idéal pour la literie, par exemple. Un mohair de chevreau sera, lui, plus fin et adapté à la fabrication de vêtements. »
Un mohair de qualité
Pour garantir la qualité de son mohair, Graziella a adapté la conduite de son troupeau. D’abord, celui-ci reste au pâturage toute l’année, même en hiver. L’alimentation est complémentée par du foin distribué à volonté et des bouchons de luzerne bio. En plus de permettre aux chèvres d’exprimer leurs comportements naturels, cela évite qu’un élevage en bâtiment ne rende la laine sale, paillée et crottée. L’accès aux ronces de la pâture n’est rendu possible qu’après leur tonte, de façon que le mohair ne s’abîme pas dans les épines. Ensuite, au moment de la tonte, le poids de chaque toison est référencé et des échantillons sont envoyés au laboratoire de la coopérative pour analyser leur finesse. « Le but est d’avoir des informations sur des caractéristiques à améliorer. C’est une aide intéressante à la gestion », explique l'éleveuse.
Filière modeste et ouverture au public
Graziella fait partie de la coopérative Sica Mohair, située à Castres (Tarn), qui exploite la marque Le Mohair des fermes de France. Elle mutualise et transforme le mohair de la centaine d’éleveurs adhérents en pelotes et produits textiles. C’est ensuite Graziella qui tricote la plupart des objets qu’elle commercialise. La filière du mohair reste modeste en France, pénalisée par la fermeture des unités de lavage et par la concurrence des fibres synthétiques ou du coton. Maintenant, le mohair français est envoyé en Italie pour être lavé et filé. Et la fibre de mohair ne bénéficie pas aujourd’hui du statut de produit agricole et de son taux de TVA réduit.
La ferme des Normandes capri’cieuses est ouverte au public. Beaucoup d’activités à portée locale sont organisées : des interventions dans des écoles, des ateliers pour les enfants, des portes ouvertes lors de la tonte… « C’est très agréable de pouvoir parler de son métier et de la chèvre angora. Cela permet également de mettre en avant le métier traditionnel de tondeur. » La ferme compte également un troupeau de chèvres des fossés. Leur conduite est similaire à celle des angoras, avec cette fois 45 têtes dédiées à la production de fromage.