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Création de références pour les rations mélangées

Les rations mélangées sont plutôt rares en caprins. Les premiers suivis montrent des élevages soucieux d’apporter rapidement une ration régulière.

Le 3 avril 2018, 28 éleveurs et conseillers d’élevage se sont retrouvés à Menomblet en Vendée pour partager leurs expériences sur l’utilisation de la ration mélangée en élevages de chèvres. Cette journée était proposée par l’Institut de l’Élevage, le Saperfel et Seenovia (le conseil en élevage des Pays de la Loire et de Charente-Maritime) dans le cadre du projet Casdar CapHerb.

Les rations mélangées sont peu développées en élevage caprin car elles nécessitent un compromis entre la sauvegarde d’une fibrosité physique et la limitation du tri alimentaire pour réduire les risques métaboliques. Ces rations sont surtout présentes dans les grands troupeaux, justifiées par une volonté de simplification du travail. Cette technique de distribution très fréquente et bien maîtrisée en élevages de vaches laitières l’est beaucoup moins en élevages de chèvres.

Dans les gros troupeaux avec un élevage bovin à côté

Les rations mélangées sont surtout présentes dans des exploitations mixtes caprins-bovins lait ou caprins-bovins allaitants. Vingt-deux élevages caprins valorisant une ration mélangée sont suivis depuis 2017 dans l’ouest de la France. Il s’agit d’élevages laitiers, avec un troupeau généralement saisonné (85 % des élevages), de taille supérieure à la moyenne de la zone (472 chèvres/élevage pour 1,7 unité de main-d’œuvre caprine).

Le choix du type de mélangeuse utilisée dépend souvent du matériel déjà en place pour l’autre troupeau et du type de ration. On observe une diversité de matériels dans les élevages suivis : dix utilisent un bol à vis verticale, quatre une mélangeuse à vis horizontale, huit une mélangeuse à pales et un automate de distribution et de mélange. L’investissement moyen est de 27 000 €, pour un volume de 15 m3. Le choix de la mélangeuse et de son volume se fait en fonction de la composition du bol et du nombre d’animaux à alimenter.

Des rations mélangées semi-complètes et complexes en élevage caprin

Contrairement aux élevages bovins, il n’y a que très peu de rations mélangées complètes en caprin. La ration est composée en moyenne de 7,5 aliments dont 5,5 mis en mélange. Il s’agit de rations complexes. Les aliments non mélangés (deux en moyenne) sont soit du fourrage mis à l’auge, soit du concentré distribué par un distributeur d’aliment déjà en place. Ceci permet d’adapter la ration de base en fonction des lots de production réalisés. L’ensilage de maïs est fréquemment présent (17 élevages sur 22), tout comme le foin de luzerne. Dans la moitié des élevages, un aliment fibreux est apporté en dehors du bol : foin de luzerne, foin de graminée ou paille.

Un équilibre à trouver entre simplification et coût de distribution de la ration

En moyenne, la préparation du bol et sa distribution représentent une heure de travail par jour, sans prendre en compte les repousses réalisées dans la journée. La mélangeuse permet également de connaître précisément les quantités d’aliments apportés aux chèvres. À condition que la machine dispose d’un système de pesées vérifié au moins une fois par an ! Celui-ci permet de vraiment maîtriser la ration en ne donnant que les quantités voulues, ni trop (gaspillage, soucis métaboliques…), ni trop peu (baisse de production).

Florian Blot de Seenovia a précisé lors de la journée que le coût de fonctionnement d’une mélangeuse est d’environ 14 € par chèvre et par an, en prenant en compte l’amortissement et l’usure du matériel, ainsi que les coûts de traction et de chargement.

Des références techniques à venir, grâce au projet CapHerb

Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet Casdar CapHerb, qui a pour objectif d’identifier les facteurs de réussite et de pilotage des rations mélangées en élevage caprin. Les vingt-deux élevages de l’ouest de la France sont suivis depuis 2017 quatre fois par an pour créer des références techniques : mesures de l’ordre d’incorporation des aliments dans la mélangeuse, du temps de mélange et de préparation du mélange, tamisage avec un Penn State Particle Separator pour déterminer la granulométrie et l’homogénéité du mélange distribué. Ce travail est également réalisé sur les refus. En 2018, des mesures complémentaires sont réalisées afin de mieux connaître la valeur alimentaire du distribué et des refus, ainsi que le taux de matière sèche de la ration mélangée et les coûts du système d’alimentation.

Ce travail a été réalisé en partenariat avec les étudiants de l’Ensat, en spécialisation Syspel.

Une ration précise et un mélange homogène

Le Gaec Le Rochais et ses 450 chèvres apprécient la régularité du mélange à base d’ensilage de maïs et de foin de luzerne.

À Saint-Marsault dans les Deux-Sèvres, Damien, Laurent et Xavier Girardeau élèvent 450 chèvres saisonnées avec une ration mélangée. La production annuelle est de 855 kg de lait (TP = 32,4 et TB = 39,2 g/kg). La ration a évolué au fil du temps. Dans les années quatre-vingt-dix, l’ensilage de maïs était la base de la ration. Suite à des problèmes métaboliques, un manque de précision de la pesée des aliments et de variabilité de pratiques entre les associés, ils ont choisi pendant deux ans de passer en ration sèche avec DAC. Pour mieux valoriser leurs fourrages de qualité, limiter les achats de concentrés (80 % d’aliments autoproduits actuellement), mieux organiser le travail entre associés et améliorer les résultats techniques et économiques de leur élevage (coût de la ration à 66 cts/chèvre au pic, pour 305 g de concentrés distribués/litre de lait produit en 2018), ils décident d’investir en 2009 dans un séchoir à botte de type Clim’Air et en 2011 dans une désileuse-mélangeuse (mélangeuse automotrice Kuhn à double vis verticale de 12 m3), avec deux voisins.

Un mélange fibreux distribué en 45 minutes

La ration distribuée est semi-complète puisque les chèvres disposent aussi de râteliers de paille et foin de graminée en libre accès, de 250 g/chèvre de foin de RGI déroulé avant la traite à l’auge et 240 g de concentré en salle de traite. Pour les 400 chèvres en lait, il faut deux tonnes environ de mélange, soit 5 kg bruts de mélange/chèvre. Ce mélange est composé de 60 % d’ensilage maïs, 18 % de foin de luzerne et 17 % concentrés (méteil et CL28). L’objectif pour les éleveurs est d’avoir un mélange homogène qui ne colle pas et qui se distribue de façon régulière sur le tapis de sortie. Il faut aussi conserver la qualité fibreuse et piquante du foin de luzerne ainsi qu’un ensilage non défibré avec encore un bon pourcentage de particules intermédiaires entre 8 et 14 mm ! Objectifs atteints comme le montre le suivi au tamis de la ration distribuée au mois de mars 2018 (voir figure).

Le temps de préparation et de mélange de la ration est de 20 minutes par jour, optimisé par l’organisation spatiale des différents aliments proches les uns des autres, suivi de 25 minutes de distribution. Il y a une distribution par jour vers 9 heures, suivi d’une repousse d’environ 20 % du mélange vers 16 h 30. Avec l’arrivée d’un troisième associé, le projet de l’année 2018 est de monter à 600 chèvres avec la construction d’un bâtiment supplémentaire pour les chèvres en lactation.

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