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Concilier performance, bien-être et produits de qualité

À la tête d’un troupeau de 1 050 chèvres, Philippe et Valérie Robin ont investi pour le bien-être des éleveurs et des animaux. Ils adhèrent aussi à la démarche Bleu-Blanc-Coeur.

Depuis dix ans, il y a beaucoup de questionnements sur l’élevage et le bien-être animal, constate Philippe Robin, cogérant avec sa femme Valérie de la SCEA du Chêne Blanc dans les Deux-Sèvres. Et pour nous, le bien-être des animaux passe par celui de l’éleveur. À l’arrivée de Valérie, en 2008, nous avons donc décidé de passer de 300 à 1 000 chèvres, pour pouvoir être nombreux et faciliter l’organisation du travail. Et nous avons fait le choix d’investir pour assurer les meilleures conditions aux animaux. » Aujourd’hui, six équivalents temps plein travaillent sur l’exploitation qui compte 92 hectares et 1 050 chèvres Saanen, pour 1,1 million de litres de lait. 30 000 l sont transformés en fromages et ultra-frais, le reste est livré à la Laiterie de Verneuil. « L’objectif est d’atteindre 100 000 l de lait transformés », précise Valérie qui s’occupe de la transformation avec leur fille Manon. La SCEA, qui a beaucoup misé sur la génétique et atteint 4 kg lait par chèvre à un stade moyen de lactation de 3,9 mois, vend aussi 500 reproducteurs par an à Soléo Chevrettes. Enfin, des panneaux photovoltaïques ont été installés sur quatre bâtiments, avec vente de l’électricité.

Confort des animaux et automatisation

Pour abriter les chèvres, la SCEA a fait construire en 2010 un bâtiment en bois (Morisset) de 84 m de long sur 35 m de large, avec bardage bois et toit en fibrociment sans amiante. La ventilation est assurée par deux ouvertures sur les côtés équipés d’un rideau en bâche translucide, avec sortie de l’air par le faîtage. « Le bien-être des chèvres a été la priorité dans la conception du bâtiment, insiste Philippe Robin. Il fallait qu’il soit lumineux, bien ventilé, avec 1,8 m² de couchage par chèvre. » Pour améliorer encore le bien-être, des brosses ont été ajoutées en 2016 et l’abreuvement avec apport de vitamines et oligoéléments se fait à l’eau tiède en hiver. La salle de traite équipée de deux quais de 42 postes avec décrochage automatique permet de traire 1 000 chèvres à une seule personne en trois heures. Au total, 750 000 € ont été investis dans la chèvrerie et la salle de traite. En complément, trois bâtiments de 120 m² isolés, chauffés et à ventilation dynamique ont été construits pour l’élevage des chevrettes et l’engraissement des chevreaux. Les mises bas sont regroupées sur deux semaines et demie en février-mars. Les chevreaux, élevés au colostrum, sont vendus à un mois. Les chevrettes issues d’IA (25 % du cheptel est inséminé) sont gardées pour le renouvellement, les autres étant vendues gestantes ou à un mois et demi. Fin 2018, la SCEA s’est aussi équipée d’un robot d’alimentation Triomatic T40 de chez Triolet. « Comme nous avons des salariés, la réduction du temps de travail est une priorité. L’objectif avec le robot est que les personnes de permanence le week-end n’aient pas à s’occuper de l’alimentation. Nous avons donc opté pour un robot qui permet d’automatiser la distribution de la ration du vendredi midi au lundi matin sans avoir à le charger. Et comme nous distribuons du foin, de la paille et de l’enrubannage, nous avons choisi un robot équipé d’un système de précoupe du fourrage. » L’ensemble a nécessité un investissement de 300 000 €, dont 50 000 € pour le bâtiment. « La programmation et l’entretien sont simples, assure l’éleveur. Depuis novembre 2018, il n’y a pas eu de problème ni de baisse de production. Le robot permet aussi d’économiser le concentré grâce au dosage plus précis. Mi-septembre, nous avions déjà économisé 10 000 € de concentré. »

Un label qui rassure

La ration, calée en début de lactation avec un objectif de sécurisation, est constituée de paille et foin (300-400 g de chaque), d’enrubannage depuis un an (300 g), de 2 kg de Verdi Cub Oméga (Alicoop) et de 500 g d’Optilin. Depuis deux ans, la SCEA adhère en effet à la démarche Bleu-Blanc-Coeur. « L’apport de lin dans la ration améliore à la fois la santé des animaux, la qualité et la valeur nutritive des produits, expliquent les éleveurs. De plus, comme nous vendons en direct une partie du lait et que nous ne pouvons pas être en bio pour des raisons notamment de surface de pâturage, avoir le label Bleu-Blanc-Coeur rassure les consommateurs. » Depuis qu’ils apportent du lin, les éleveurs ont notamment constaté une amélioration de la fertilité et de l’état des animaux et une plus grande onctuosité des fromages. Les résultats sont suivis au quotidien grâce au Visiolait chèvres et au Chevryplan. « Les résultats sont très bons, constate Florence Bodin, conseillère chèvre chez Alicoop. La réussite en première IA est de 70 %. La production approche 1 100 litres de lait par chèvre. Et au final, la marge brute atteint 443 €/chèvre, contre 387 €/chèvre pour l’ensemble des éleveurs Alicoop. »

Chiffres clés

92 ha SAU
47 ha fourrages (ray-grass hybride, trèfle)
30 ha céréales
15 ha tournesol
6 UMO
70 % de réussite en première insémination
443 € de marge brute par chèvre
€406 € de marge brute par 1 000 litres
139 000 € de marge brute par UMO

Transformation en fromages et ultra-frais

La transformation a débuté en 2014 avec la construction d’un premier atelier, complété en 2018 par un second local. La SCEA fabrique différents fromages (bûches, briques, mothais, apéri’chèvre, mouss’aillé…) vendus sous la marque Le Nambouré et régulièrement primés dans les concours. Un tiers du lait est transformé en yaourts, fromage blanc et crèmes dessert. Les produits sont vendus en local, dans le cadre de magasins (L’Épicerie du Marais Poitevin à Niort, Plaisirs Fermiers à Niort…), de la Ruche qui dit oui et ponctuellement de marchés de producteurs. « Nous commençons aussi à introduire le yaourt de chèvre dans les cantines », indique Valérie Robin.

Un robot avec précoupe du fourrage

Le robot monté sur roues n’a nécessité que l’installation de la cuisine et d’un rail d’alimentation électrique. Les différentes rations et lots sont programmés en début de saison, avec un nombre de repas déterminé (quatre par jour). La cuisine comporte trois tables permettant de distribuer le foin, la paille et l’enrubannage et assurant trois jours d’autonomie. L’avancement des balles vers le système de coupe est assuré par des tapis à chaîne. La précoupe du fourrage se fait grâce à deux paires de lames circulaires. Le fourrage coupé en brins de 7-8 cm tombe sur un convoyeur équipé de pesons qui l’amène vers le robot. Celui-ci charge ensuite de la mélasse (400 g/chèvre) et de l’eau, qui facilite le mélange et l’homogénéité de la ration, puis les aliments en bouchons et granulés.

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