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À chacun ses intercultures 

Les cultures dérobées apportent une plus-value agronomique et zootechnique pour les éleveurs. Les avantages diffèrent selon l’espèce choisie, comme en témoignent les deux expériences relatées ici.

 

Choux et betteraves fourragères dans la ration des chèvres

Antoine Bernard et Claire Mimault, de l’Earl Fromage de la Perrure, se sont installés en 2016 à Mervent en Vendée. Ils élèvent 100 chèvres, en agriculture biologique, en valorisant au mieux la ressource fourragère, notamment au pâturage. Les trois-quarts de la production sont livrés à la laiterie Gaborit, le reste étant transformé à la ferme. Pour poursuivre la distribution de fourrages verts en fin d’automne et en hiver, les éleveurs ont misé sur la betterave et le chou fourragers. Pour les 100 chèvres, ils ont implanté 0,5 ha de choux et 0,5 ha de betteraves. Ces parcelles sont à proximité de l’élevage pour la surveillance et le binage des cultures. La récolte se fait manuellement, souvent avec l’aide d’un stagiaire mais une réflexion est en cours sur la mécanisation de cette tâche. Entre deux implantations de ces cultures, de l’avoine est implantée en dérobée et pâturée par les chèvres. Cette pratique limite le salissement de la parcelle. Un mois avant le semis, un apport de fumier est réalisé, suivi d’un labour et d’un passage de vibroculteur.

Une ration hivernale incluant méteil, chou et betterave

La ration hivernale, qui concerne les chèvres en fin de lactation ou taries, est composée en brut de 6 kg de chou (un pied par chèvre environ), 1 kg de betterave (découpé à la pelle à bêcher) et de 400 g de méteil grain, avec un accès au foin à volonté. Toute la distribution de ces aliments est faite manuellement. Choux et betteraves sont un moyen de gagner en autonomie alimentaire et de conserver l’état des animaux en fin de lactation. La betterave, riche en sucres, permet une reprise d’état tardive. Le chou fourrager permet un apport de vert au moment où le pâturage est arrêté en fin d’automne. Ces deux aliments sont donc complémentaires pour l’apport d’énergie et d’azote. Le lait reste donc assez riche en fin de lactation (TP de 45), ce qui permet aux éleveurs de poursuivre la production de fromages sur la période pré-hivernale.

Du ray-grass italien en dérobé pour de l’enrubannage de qualité

Christiane et Gilles Morisset élèvent 200 chèvres dans le sud des Deux-Sèvres. L’exploitation se situe dans une zone céréalière avec des terres peu profondes et irrigables. L’objectif de cette exploitation est d’être autonome au maximum, en assurant une productivité importante avec des apports de concentrés limités. La ration des chèvres au pic de la lactation se compose de 1,6 kg MS de foin de luzerne, de 0,6 kg MS d’enrubannage de ray-grass italien (RGI), de 0,6 kg de maïs grain, de 0,8 kg de complément pour chèvre laitière, de 0,1 à 0,2 kg de correcteur et de 0,3 à 0,4 kg d’aliments déshydratés selon les niveaux de stock et la qualité des fourrages. Cette ration composée d’excellents fourrages permet une forte production laitière par chèvre, 1 350 litres en moyenne.

Deux fauches et des économies de concentrés

« Mon conseiller du Saperfel pilote la ration du troupeau et nous ajustons régulièrement la quantité de concentrés par rapport à la production. Chaque année, nous réalisons un bilan technico-économique qui nous permet de mesurer la marge de l’atelier caprin ainsi que les principaux critères économiques de la ration. En 2017, avec des fourrages de qualité, j’ai pu retirer 90 g de correcteur tout en gardant la même production. Ainsi, sur la campagne, nous avons distribué en moyenne 495 g de concentrés par litre de lait produit », détaille Gilles Morisset. Pour assurer des fourrages en quantité et en qualité, Gilles a choisi de produire du RGI en culture dérobée. L’objectif est de réaliser une coupe en enrubannage et une autre en foin avant d’implanter un maïs grain. Le RGI est semé début septembre à 25 kg/ha puis roulé. Début février, pour chaque hectare, l’éleveur apporte 100 unités d’azote liquide, 100 kg de chlorure et 150 kg de super 45. La fauche est réalisée le plus tôt possible, le 22 mars en 2017 alors qu’en 2018, elle a eu lieu à la mi-avril. Le fourrage est fané tous les jours pendant six jours.

Un enrubannage de qualité à utiliser avec précaution

Au pressage, il est passé au rotocut puis enrubanné en combiné avec six couches de bâche. « Cette phase est très importante, l’objectif est de chasser l’air au maximum pour assurer une bonne conservation », ajoute l’éleveur. Le fourrage obtenu était d’excellente qualité avec 20 % de MAT, 0,9 UFL à 56 % de MS. Son intégration dans la ration est réalisée trois semaines après les mises bas. « Ce fourrage était extra mais dangereux. L’apport de fourrages fibreux étant indispensable, je le donne toujours quatre heures après le premier repas de luzerne de première coupe », explique Gilles. La deuxième coupe réalisée début mai se fait généralement en foin. La récolte de maïs grain qui suit est globalement très bonne, même avec des conditions difficiles comme la sécheresse l’année passée. Chaque année, une dizaine d’hectares de RGI sont implantés en dérobée afin d’assurer les stocks et satisfaire l’alimentation des 200 chèvres. « Anticiper les stocks avec de la qualité pour être maître de sa ration est une des clefs de la réussite », conclut Gilles Morisset.

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