Ensilage de maïs : attention au gaz orange des silos
Les sécheresses et canicules impactent le métabolisme des plantes. Elles peuvent notamment induire des niveaux de nitrates élevés dans les végétaux et provoquer des effets néfastes au silo, comme le dégagement de gaz toxique. La vigilance est de mise.
Les sécheresses et canicules impactent le métabolisme des plantes. Elles peuvent notamment induire des niveaux de nitrates élevés dans les végétaux et provoquer des effets néfastes au silo, comme le dégagement de gaz toxique. La vigilance est de mise.

Le 28 août dernier, le lendemain de son chantier d’ensilage de maïs, Amélie Asselin, éleveuse de vaches laitières à Pornic en Loire Atlantique, s’interroge : « ça craint si un gaz orange se dégage du silo ? ». Définitivement, la réponse est oui. Ce gaz, qui dégage une odeur forte de javel, est dangereux. Il s’agit de dioxyde nitreux très corrosif pouvant provoquer des brûlures de la peau et des poumons.
Et il ne s’agit pas d’un cas isolé… D’autres situations ont déjà été relayées, notamment dans l’Orne et en Touraine par le passé. Un tel phénomène survient suite à des épisodes de stress hydrique et thermique. La sécheresse contrarie la croissance du maïs et entraîne un desséchement prématuré de la plante, avec des conséquences sur la minéralisation de l’humus et l’absorption des minéraux, notamment de l’azote. Dans ces conditions, une pluie peut provoquer une libération massive de nitrates, qui seront alors absorbés par les plantes. Lorsque la pluie intervient avant la récolte, les plantes n’ont pas le temps de métaboliser ces nitrates, qui peuvent alors s’accumuler dans les tiges. Les plants de maïs sont en fait coupés dans leur cycle et dans les heures qui suivent la confection du silo, ces nitrates, mais également les nitrites, peuvent former, en s’oxydant, du dioxyde nitreux.
Dans une telle situation, les conseillers recommandent de couper le maïs un peu plus haut. Une fois que les gaz toxiques se sont évaporés, le fourrage reste a priori consommable mais il est recommandé de réaliser une analyse pour vérifier le taux de nitrates. Il faudra peut-être revoir la ration pour diluer le fourrage avec d’autres sources fourragères. Un délai d’attente de minimum trois semaines est recommandé pour écarter tout risque.
Mise en garde
Evitez à tout prix d’être en contact direct avec ce gaz très toxique.
Éloignez aussi éventuellement les niches à veaux si vous en avez à proximité.
Respecter un délai de trois semaines pour intervenir
Amélie Asselin, éleveuse en Loire Atlantique
« Ne pas risquer d'être intoxiqué »
« Nous avons vu du gaz orange s'échapper du silo de maïs le lendemain du chantier de récolte. Nous devions finir de parfaitement couvrir le silo avec mon salarié mais nous avons préféré attendre pour ne pas risquer d’être intoxiqué en mettant les boudins. Vingt-quatre heures plus tard, le silo ne sentait plus l'eau de javel. Et comme il y a eu beaucoup de vent, cela a permis de bien dégager le gaz.
Il s’agissait d’un maïs irrigué. Mais le dernier tour d’eau n'a pas été fait. Une semaine avant d'ensiler, il y a eu un gros coup de chaud et une partie de la parcelle a commencé à sécher sur tige. L’ensilage tourne autour de 32-33 % mais la tige était très sèche. Et le lendemain de l'ensilage, alors que le silo n'était pas encore complètement couvert il y a eu une très grosse rosée. Nous étions aussi sur un précédent de vieille prairie qui a reçu du fumier en plus, donc riche en azote. »