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Boiterie : comment lutter efficacement contre la Mortellaro ?

Une fois installée dans un troupeau, cette affection des pieds d’origine bactérienne ne disparaît jamais totalement. En suivant les conseils des vétérinaires Marc Delacroix et Pieter Geboers, vous pourrez lui couper l’herbe sous le pied.

La Mortellaro, aussi appelée dermatite digitale ou digitée, est une maladie d’origine infectieuse provoquée par des bactéries anaérobies (tréponèmes). Son apparition est favorisée essentiellement par l’excès d’humidité, une mauvaise ventilation, un manque d’hygiène au niveau du sol et des logettes, mais aussi une trop forte concentration en animaux dans le bâtiment.

La première façon de prévenir, ou d’endiguer la maladie, consiste à créer un environnement dans le bâtiment qui soit défavorable à son installation et sa propagation. « En cas de surcharge, l’élimination des vaches en surnombre s’avère indispensable et rentable. Avec moins de vaches, vous diminuerez les boiteries et produirez plus de lait », expose Marc Delacroix, vétérinaire spécialiste des boiteries. Une fois présente dans l’élevage, il faut organiser un plan de lutte efficace adapté. Ne cherchez pas de solution miracle. Elle n’existe pas !

Une détection et des soins précoces

maladie de mortellaro soin et traitement vétérinaire Pieter Geboers dans la Meuse avec cage de contention
Un bon système de contention fixe est indispensable. C’est un investissement rentable et faisant l’objet de subventions. « Il faut privilégier les cages qui prennent les pattes de la vache au niveau du jarret », recommande le vétérinaire Marc Delacroix. © P. Geboers

« Sa maîtrise nécessite d’adapter des mesures à chaque exploitation en fonction des conditions d’élevage et de l’ampleur de la pathologie », décrit le vétérinaire, formateur de pareurs. Il est possible de contenir la maladie, mais très difficile de la supprimer totalement. Un plan de lutte efficace passe par la détection la plus précoce possible des vaches boiteuses et des soins individuels appropriés. D’où le rôle crucial de l’éleveur. Observer les animaux et lever le pied avec une cage de parage adéquate pour identifier les causes de la boiterie sont un préalable à tout traitement. D’autant qu’il n’y a pas que la Mortellaro qui sévit dans les troupeaux.

Un passage au pédiluve tous les 15 jours

Pour poser un diagnostic fiable et réaliser un traitement efficace, l’appui d’un pareur et d’un vétérinaire sont utiles. Ils le sont d’autant plus si vous manquez de temps ou si vous n’êtes pas assez formés, ni correctement équipés en cage de parage.

Selon le niveau d’infection, un traitement collectif peut être nécessaire pour diminuer la contamination de l’ensemble du troupeau. Plusieurs techniques sont possibles.

L’installation de pédiluves dans les règles de l’art (longueur de 3 à 3,50 m, bon emplacement…) est un moyen de juguler le problème. « L’idéal est de le faire tous les quinze jours sur des pieds propres, sinon cela ne sert à rien », souligne Marc Delacroix. Le défi à relever c’est le pied propre. Seul bémol, le nettoyage des pieds consomme de l’eau.

Traiter des pieds propres et secs

maladie de mortellaro soin et traitement vétérinaire Pieter Geboers dans la Meuse
Pose d'un pansement qui sera retiré au bout de trois à quatre jours. Selon la situation, ce traitement peut être renouvelé une seconde fois. © P. Geboers

Le traitement collectif par pulvérisation au cornadis ou en salle de traite, mais de préférence en dehors de la traite, est également efficace. « Nous appliquons sur les pieds propres un produit à base de minéraux chélaté (cuivre et zinc) », indique Pieter Geboers, vétérinaire dans la Meuse. Le traitement peut également être programmé au niveau d’un robot de traite.

« Nous poussons également les éleveurs à acheter des cages de contention pour qu’ils puissent faire des traitements individuels soit avec un produit à base de minéraux chélatés soit avec de l’acide salicylique sur un pied propre et sec », souligne Pieter Geboers. Un pansement posé jusqu’à cinq jours complète le traitement.

Le saviez-vous ?

Il n’y a pas assez de pareurs en France. « Comme ils sont surbookés, ils manquent de temps et parent au plus pressé », constate avec regret Marc Delacroix. Lequel met en garde contre la facturation avec un tarif dégressif selon le nombre d’animaux. « Cela pousse à faire un maximum d’animaux en un minimum de temps. La qualité s’en ressent obligatoirement. La solution, c’est l’intervention régulière par lot d’animaux ciblés. »

Le saviez-vous ?

La perte économique liée à la maladie de Mortellaro est estimée à 280 euros en moyenne par vache et varie de 100 à 600 euros. « La Mortellaro ne coûte pas forcément très cher quand elle est détectée très rapidement et traitée correctement. Dans le cas contraire, cela peut coûter rapidement plus cher », prévient Marc Delacroix.

La Mortellaro a parfois bon dos

Faute de remontées fiables et exhaustives, il n’est pas possible d’établir un bilan précis sur l’évolution de la maladie de Mortellaro en France. Pour autant, elle sévit bel et bien, mais à des degrés divers selon les élevages. À tel point qu’elle est parfois incriminée à tort. « Les gens sont souvent obnubilés par la Mortellaro. Mais, un train peut en cacher un autre. C’est notamment le cas avec le fourchet dont les conséquences économiques peuvent être plus importantes que celles de la Mortellaro », prévient Marc Delacroix. D’où la nécessité de faire un bilan lésionnel précis à l’aide d’un parage sur un maximum de vaches, lorsqu’il y a un problème de boiterie pour en connaître l’origine et ensuite travailler par lot ciblé.

Des bémols autour des index génétiques

Il existe plusieurs index génétiques autour de la santé du pied. Sans nier leur intérêt, Marc Delacroix y voit une limite. « Le problème est la fiabilité des données qui remontent du terrain. Pour contourner cette limite, il faudrait mettre en place en France un système de formation des pareurs comme cela se fait pour les pointeurs des vaches. » Ces derniers se réunissent une ou plusieurs fois par an et confrontent leur manière d’évaluer la morphologie des vaches. « Tous les pareurs devraient être régulièrement formés pour éviter les biais dans les notations des lésions », expose le vétérinaire.

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