Pêche : des nouvelles variétés pour le créneau de juillet
Les surfaces en pêche, jaune et blanche, sont en recul depuis dix ans. Pour ceux qui souhaitent replanter, zoom sur les créneaux où la production est déficitaire.
« Pour les nouvelles plantations, tenez compte de la production nationale. » Cette recommandation est celle formulée chaque année par l’association des organisations de producteurs (AOP) Pêches et Abricots de France. Premier constat : ces cinq dernières années, les volumes en nectarine n’ont cessé de grimper, au détriment de la pêche. « Cette année, on a manqué de pêche et son prix était équivalent à celui de la nectarine », a indiqué Raphaël Martinez, directeur de l’AOP, lors de la présentation des évaluations variétales par le CTIFL en septembre dernier dans le Gard.
Muriel Milan, responsable technique de l’AOP, précise : « Depuis dix ans, les surfaces en nectarine ont augmenté de 12 % alors que les surfaces en pêche ont reculé de 10 %. » Il peut donc être intéressant d’enrichir l’offre en pêche mais pas sur n’importe quel créneau. En effet, la saison 2025 confirme, selon Muriel Milan, la tendance observée depuis plusieurs années : en août, les apports sont trop élevés par rapport aux demandes du marché, notamment entre le 10 et le 30 août. Les opportunités se dessineraient plutôt sur les variétés qui produisent sur les trois dernières semaines de juillet.
« De façon récurrente, en pêche, on constate un creux d’apports en semaines 29 et 30, presque toujours précédé d’un pic en semaines 26 et 27, et suivi d’un second pic sur les semaines 32 à 34 », détaille Muriel Milan. Les évaluations variétales réalisées par le CTIFL au centre de Balandran dans le Gard, à la Sica Centrex dans les Pyrénées-Orientales et sur le site de l’ex-Sefra dans la Drôme donnent des indications sur les variétés qui pourraient se positionner sur ce créneau du 10 au 30 juillet.
En pêche jaune, pour viser le créneau 10 au 20 juillet
En pêche jaune, sur le créneau 10 au 20 juillet, époque Royal Summer Zaimus cov (IPS), deux variétés en début d’évaluation donnent des résultats encourageants : Charlotte cov (PSB) et Crispdanna cov (ASF). Elles ont été observées en troisième feuille, exceptée Crispdanna encore en deuxième feuille à la Sica Centrex. Charlotte affiche un bon comportement général dans le Gard, avec un bon niveau de production, un calibre élevé et homogène, un fruit attrayant, de forme régulière. Les observations sont plus mitigées dans la Drôme et dans les Pyrénées-Orientales (PO). Julien Ruesch, responsable du programme pêche-nectarine au CTIFL, signale aussi un arbre « un peu plus technique avec un bois souple, donc à revoir sur les arbres un peu plus structurés ». Crispdanna affiche, elle, une charge moyenne mais un fruit considéré comme très attrayant. « Son point fort pour l’instant, c’est sa très belle présentation et sa très bonne qualité gustative », résume Julien Ruesch.
Deux variétés à potentiel sur l’époque 20 au 30 juillet
Juste après, sur l’époque 20 au 30 juillet, Royal pride Zaisula cov (IPS) confirme son potentiel de charge et de calibre élevé, autant sur le site du CTIFL dans le Gard que sur celui de la Sica Centrex dans les PO. Elle s’affiche toujours comme une variété de référence sur ce créneau de maturité. « La présentation du fruit n’est pas très moderne », reconnaît Julien Ruesch. Mais sa qualité gustative reste intéressante : juteuse, sucrée et aromatique. Attention toutefois à sa sensibilité aux tâches liégeuses. Quelques jours après Royal Pride, Pajidole cov (Star Fruits), en troisième feuille sur les trois sites, semble combiner un potentiel de charge et de calibre élevé, peu de déchets, une présentation attrayante et une bonne qualité gustative. Une variété à confirmer mais qui semble prometteuse.
En pêche blanche, deux variétés à suivre
En pêche blanche, sur le créneau du 10 au 20 juillet, où l’AOP Pêches et Abricots de France signale un creux d’apports, deux variétés peuvent se détacher. D’abord, Melox 30 VIFMB 12 79 cov (Escande). Son bon comportement général est souligné sur les trois sites d’évaluation. « Elle confirme d’année en année un potentiel agronomique élevé. Les fruits sont attrayants, lumineux. La qualité gustative est bonne », décrit Julien Ruesch. Il signale toutefois un calibre parfois moyen sur les rameaux faibles. « Il faut donc veiller à avoir un bon renouvellement du bois. Mais globalement c’est une très bonne variété », souligne-t-il. Sweetbingo cov (ASF), variété en troisième feuille sur les trois stations expérimentales, devra quant à elle être confirmée. « Elle a montré une entrée en production assez rapide et très satisfaisante sur l’ensemble des sites. Son point fort également, c’est sa belle présentation », indique l’ingénieur du CTIFL. Son point faible pour l’instant est sa qualité gustative, évaluée comme « moyenne » sur les trois sites.
Sur fin juillet, concurrencer Sweetregal
Entre le 20 et le 30 juillet, époque Tonicsweet Sweetregal cov (ASF), la variété Pablova cov (Star Fruits), en troisième feuille dans le Gard, la Drôme et les Pyrénées-Orientales, a affiché un comportement très satisfaisant pour la présentation et la qualité gustative. « La charge et le calibre sont toutefois variables selon les sites, à revoir donc avec une année de plus », avertit le chargé d’expérimentation.
Enfin, sur ce créneau de fin juillet, la variété Sweetpinkie cov (ASF) offre un comportement intéressant. « Quasiment tous les voyants de cette variété sont au vert, résume Julien Ruesch. L’arbre est facile. La productivité est forte tous les ans, le calibre homogène. Petit point faible : elle reste assez rosée dans le feuillage mais avec un rosé plutôt lumineux. » Il signale également une qualité gustative « un peu supérieure à celle de Sweetregal. » Ce qui pourrait justifier de tester la variété Sweetpinkie. « Mais, sur ce créneau, il est pour l’instant difficile de faire mieux que Sweetregal, qui est quand même très impressionnante en termes de productivité, de présentation, et dont la qualité gustative reste correcte même en situation de forte charge », concède Julien Ruesch.
Trois sites d’évaluation variétale en pêche et nectarine
1. Le CTIFL à Bellegarde, dans le Gard
Le centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) supervise l’évaluation des nouvelles variétés de pêche et nectarine. Vingt à trente nouvelles variétés de pêche et nectarine sont implantées chaque année sur les trois sites d’évaluation. Julien Ruesch, ingénieur, assure la coordination de ce réseau d’évaluation. Il pilote également les évaluations sur le centre opérationnel de Balandran, à Bellegarde, dans le Gard.
2. Le site de l’ex-Sefra à Étoile-sur-Rhône, dans la Drôme
Suite à la liquidation en juillet dernier de la station expérimentale fruits Rhône-Alpes (Sefra), la chambre d’agriculture de la Drôme a assuré le suivi des évaluations variétales pour 2025 sur le site d’Étoile-sur-Rhône. Camille Micheli, chargée d’expérimentation, supervise ce volet. Les évaluations se poursuivront en 2026 sous l’égide d’une nouvelle structure expérimentale portée par la profession.
3. La Sica Centrex à Torreilles, dans les Pyrénées-Orientales
Le centre expérimental des fruits et légumes du Roussillon est le troisième site d’évaluation variétale du réseau pêche-nectarine. Nathalie Courthieu est en charge des évaluations. Comme sur les deux autres sites, il est prévu que les variétés soient conservées sur une durée de sept années, au cours desquelles sont observés la vigueur de l’arbre, le potentiel de production, l’époque de débourrement et floraison, l’attrait, la fermeté et la qualité gustative du fruit.