Octobre rose : Quand le cancer du sein bouleverse l’exploitation...
Une femme sur huit développe un cancer du sein, selon La Ligue contre le cancer. Sabine Palisse, éleveuse de chèvres en Ardèche, vient de traverser cette épreuve. Témoignage.
Une femme sur huit développe un cancer du sein, selon La Ligue contre le cancer. Sabine Palisse, éleveuse de chèvres en Ardèche, vient de traverser cette épreuve. Témoignage.

L’annonce est tombée en août 2023, au détour d’une mammographie de routine. À la tête, avec son mari Eric*, d’un troupeau de 200 chèvres à Saint-Barthélémy-le-Plain en Ardèche, Sabine Palisse apprend qu’elle va devoir être opérée très rapidement d'un cancer du sein. « Au pire moment pour nous puisque 80 % de notre troupeau met bas en septembre », résume l’éleveuse.
Une première question s’impose pour le couple : comment s’organiser pour que Sabine n’ait pas la charge mentale de l’exploitation durant son traitement, tout en évitant que son mari ne croule sous la charge de travail. Leurs trois enfants, alors âgés de 18, 23 et 25 ans, vont beaucoup les aider, tout comme les collègues exploitants. Mais il faut aussi assurer les deux traites quotidiennes et le suivi des mises-bas durant l’absence de Sabine.
Très impliquée dans les services de remplacement sur son territoire et à l’échelon départemental, elle sait qu’elle va pouvoir compter sur eux. Par chance, elle obtient le CV de Lucie qui postule comme agent de remplacement. « En quelques jours avec elle, j’ai vu que c’était quelqu’un d’autonome, dynamique et responsable, ça m’a déchargée avant et après l’opération », confie Sabine. La jeune femme va rester six semaines. « Il suffisait qu’elle me crie par la porte avant de partir ‘tout est OK pour les chèvres’ et je me sentais soulagée », se souvient l’éleveuse.
Huit mois de traitements
Mais, le combat se révèle plus long que prévu. Une chimiothérapie est annoncée en plus des rayons initialement programmés. « Je partais pour huit mois de traitement avec des moments où je pourrais assurer la traite et d’autres non », décrit Sabine. Malgré les différentes aides auxquelles elle a droit (voir encadré), il faut trouver la solution de remplacement la moins coûteuse pour ne pas mettre en péril l’exploitation.
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Un premier renfort va venir d’un ancien stagiaire, prêt à revenir sur l’exploitation pour son année d’alternance en bac pro. Sabine Palisse prend également contact avec une éleveuse retraitée, qui habite à quelques kilomètres. « Je lui ai proposé de me remplacer ponctuellement pour la traite, en étant embauchée par le service de remplacement », précise-t-elle. L’ex-éleveuse a été ravie de renouer avec son ancien métier et Sabine a pu compter sur elle durant les périodes de chimiothérapie.
Prévoir le pire pour préserver la ferme et l'humain
Depuis avril 2024, le plus dur est passé. Même s’il ne faut pas minimiser le traitement d’hormonothérapie sur cinq ans et ses effets secondaires. Sabine Palisse se projette désormais sur l’installation de son fils, en SCEA, avec elle et son mari au 1er novembre 2025. Elle reconnaît que préserver l’exploitation et l’humain durant l’épisode de sa maladie a été « une équation très complexe ». C’est pourquoi, dans une filière caprine très féminisée, avec de nombreuses femmes cheffes d’exploitation, Jean-Philippe Goron, conseiller chez Adice (Ardèche-Drôme-Isère Conseil élevage) invite à ne pas éluder le risque de cancer du sein. Et il encourage à se poser au moins une question : « Si ça m’arrive demain, comment l’exploitation s’organise ? ».
* Eric Palisse est chef d’exploitation, Sabine conjointe collaboratrice. L’exploitation compte 200 chèvres (lait collecté par la Fromagerie de la Drôme - société Triballat) et 8 vaches allaitantes, le tout sur 55 ha en autonomie fourragère.
Financer le remplacement
Différents dispositifs ont permis à Sabine Palisse de prendre en charge une partie du coût du remplacement durant sa maladie :
- les indemnités journalières MSA,
- une indemnité à hauteur de 100 euros / jour durant 30 jours dans le cadre d’un contrat d’assurance groupe avec les services de remplacement,
- le crédit d’impôt à hauteur de 80 % du coût de 17 jours de remplacement,
- une aide de 30 euros par jour durant 15 jours par la laiterie de la Drôme,
- une aide exceptionnelle de la MSA.