Haie : adapter son entretien selon l’objectif visé en termes de production de bois ou d’impact sur l’environnement
Produire du bois, favoriser la biodiversité utile, lutter contre l’érosion… Une haie peut répondre à de multiples objectifs à condition de l’entretenir comme il le faut. Préconisations.
Produire du bois, favoriser la biodiversité utile, lutter contre l’érosion… Une haie peut répondre à de multiples objectifs à condition de l’entretenir comme il le faut. Préconisations.



En situation de grandes cultures, une haie doit être entretenue régulièrement, déjà au moins pour ne pas gêner le passage des engins agricoles. Mais l’objectif recherché par l’agriculteur avec sa haie implique une taille adaptée. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les inondations récurrentes et l’érosion des sols sont telles que des agriculteurs choisissent d’implanter des haies basses spécifiques pour en limiter l’ampleur. « Cette haie, qui doit être maintenue d’1,20 m à 1,50 m de haut, est vouée à produire un système racinaire puissant pour favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol et limiter le ruissellement. Il faut alors trouver un équilibre entre la taille des branches et la production de racines. La pousse de nouvelles branches engendre la repousse de racines », explique Arnaud Deltour, conseiller en agroforesterie à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Il préconise une taille fréquente, tous les ans à tous les deux ans avec un outil comme une épareuse qui suffit pour bien couper des branches de faible diamètre.
C’est différent pour les haies plantées pour favoriser les auxiliaires. Elles peuvent séduire les agriculteurs pour leur rôle utile et aussi car elles nécessitent peu d’entretien. « Pour cet objectif de biodiversité, on laisse la haie vivre sa vie. L’idéal est de ne pas y toucher », considère Arnaud Deltour. Il faut malgré tout éviter l’expansion des branches trop loin à l’intérieur de la parcelle. « Une taille latérale suffira tous les trois ou quatre ans. Je conseille l’utilisation d’un outil de type lamier ou sécateur monté sur bras articulé plutôt qu’une épareuse qui n’est pas adaptée pour les branches de grosse section. »
Ne pas utiliser l’épareuse dans toutes les conditions
L’épareuse (broyeur) est un outil souvent présent dans les exploitations, les Cuma, les ETA… Il est pratique et facile d’utilisation et sert à débroussailler les bordures de parcelles, les zones en friches… « Pour l’entretien de nos haies, nous faisons appel à une entreprise pour passer cet outil. C’est simple et efficace avec du broyage d’entretien pour ne pas avoir de branches gênant les travaux dans la parcelle, témoigne Martin Gosse de Gorre, agriculteur avec son épouse Hélène à Ostremont. Mais la haie n’apprécie pas : on l’abîme trop avec des branches éclatées qui ont du mal à cicatriser, ce qui aboutit à un ralentissement du développement des arbres et arbustes, À l’avenir, nous envisageons de recourir à une scie à section montée sur bras articulé, qui coupera les branches plus proprement que l’épareuse. » Vu l’importance que les haies prennent sur leur exploitation (7 kilomètres dont 5 en agroforesterie), Martin et Hélène Gosse de Gorre envisagent d’investir dans cet équipement qui coûte aux alentours de 5 000 euros s’il est adapté sur un microtracteur.

Des agriculteurs en Champagne Crayeuse privilégient la plantation de haies pour la biodiversité avec le concours de la fédération de chasseurs locale. « Les haies poussent lentement sur les sols plus ou moins superficiels et calcaires de notre région. La haie arbustive est adaptée à ce contexte mais on peut y mettre quelques arbres de haut jet, explique Solène Allart, de la Fédération départementale des chausseurs de la Marne. Si l’on veut contenir la haie sur une largeur qui ne déborde pas sur la parcelle, il est nécessaire de la tailler régulièrement, tous les deux ou trois ans, mais pas trop fréquemment pour permettre aux ligneux de produire des fleurs et fruits utiles à la biodiversité. Il ne faut pas en faire une haie de jardin ! » Pour la spécialiste, l’utilisation de l’épareuse est possible tous les deux ou trois ans avec une coupe assez nette des branches sans trop abîmer la haie. « Mais l’outil n’est pas adapté à la taille des grosses branches de plus de 3 cm de section. Sur les haies âgées avec de telles branches, il faudra privilégier des outils avec des scies plutôt que des broyeurs, comme un lamier ou la tronçonneuse. »
Un recépage à réaliser pour la production de bois plaquette
Pour alimenter des chaudières ou être utilisées en litière par les éleveurs, des haies sont gérées pour produire du bois plaquette avec des essences à croissance rapide : saule, aulne glutineux, érable, merisier… « Après deux premières années de croissance libre, ces arbustes seront coupés à proximité du collet. Ce recépage a comme objectif de créer de petites souches d’où repartent de multiples branches qui seront récoltées tous les dix ans ensuite, sans autres interventions », explique Arnaud Deltour. Hélène et Martin Gosse de Gorre consacreront une partie de leurs haies récemment plantées à ce débouché. « Il nous faudra alors un grappin coupeur monté sur mini-pelle. Un achat est prévu dans les cinq ans dans notre Cuma, prévoient-ils. À terme, l’entretien et le travail du bois de nos haies en agroforesterie nous prendront deux à trois semaines tous les hivers avec la taille du bois d’œuvre, le grappin coupeur et le taille-haie mécanique. »
Pour la production de bois d’œuvre, les arbres doivent être accompagnés au fil de leur croissance avec des tailles régulières, à commencer par des tailles de formation en éliminant les branches basses pour favoriser les passages d’engins agricoles et pour faire monter le fut bien droit. L’Association française d’agroforesterie conseille de ne pas enlever plus d’un tiers du volume des branches à chaque intervention. Les branches seront coupées au ras du tronc avec des outils adaptés pour obtenir une taille nette : tronçonneuse, sécateur, scie…
Penser à retirer à temps les protections anti-gibier
Au moment de leur plantation, les jeunes plants reçoivent une protection anti-gibier matérialisée par la pose de manchons ou de gaines grillagées à mailles fines. « Ces protections ont une utilité pendant trois ans environ. Ensuite, elles doivent être retirées, ce qui peut être fastidieux et prendre du temps », reconnaît Solène Allart. Elle remarque parfois des protections laissées en place trop longtemps qui entravent le développement de branches pour les arbustes avec, à terme, le risque de retrouver dans la nature ces protections non biodégradables.
Équipements à privilégier selon le type de haie
