Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) : « Avec plus de la moitié de nos animaux qui ont été abattus, nous avons des questions sur la suite »
En Haute-Savoie, Killian et André Tissot ont vécu la douleur de l'abattage de 67 bovins le 7 août, sur les 126 bovins que comptait l'exploitation avant l'arrivée de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Ils attendent des réponses sur les indemnités et le retour des animaux.
En Haute-Savoie, Killian et André Tissot ont vécu la douleur de l'abattage de 67 bovins le 7 août, sur les 126 bovins que comptait l'exploitation avant l'arrivée de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Ils attendent des réponses sur les indemnités et le retour des animaux.

Au Gaec La belle vue, à Massingy, en Haute-Savoie, la vaccination contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a eu lieu en deux temps - 19 juillet pour les vaches traites et génisses du site principal et 22 juillet pour les vaches taries et les génisses plus âgées.
« Début août, lors d'une visite du vétérinaire, deux vaches présentaient des nodules et l'une d'elle était très affaiblie et a fini par mourir. Le vétérinaire a effectué des prélèvements (nodule, sang et écoulement nasal et buccal) et les analyses ont montré que ces trois prélèvements ressortaient positifs et que ces vaches avaient bel et bien la dermatose. Il y avait un petit effet du vaccin mais mineur par rapport à la cause naturelle », détaille Killian Tissot, en Gaec avec son père.

Les autres animaux abattus étaient-ils porteurs ?
La sentence tombe alors : les vaches de la stabulation seront abattues, ainsi que les jeunes animaux à proximité immédiate des vaches. « Pourtant les autres animaux n'avaient aucun symptôme et étaient vaccinées depuis 19 jours. Mais ils n'ont pas été testés, donc nous ne saurons jamais si leur abattage était vraiment nécessaire ! Je suis déprimé et attristé. J'ai le sentiment que des années de travail et de sélection génétique ne sont pas respectées. La règle est que même si le troupeau est à plus de 25 jours de vaccination, si une vache est positive à la DNC, le lot est totalement abattu. »
La veille de l'abattage, les animaux ont été expertisés pour estimer leur valeur, en vue de l'indemnisation. Puis, le 7 août, la mise à mort a eu lieu sur l'élevage. « C'était vraiment choquant. J'ai entendu dire qu'en Italie, les vaches sont emmenées pour être euthanasiées à l'abattoir ; cela aurait été moins dur. »
Dans la même journée, l'étable entravée a été désinfectée et désinsectisée. « Le protocole prévoit qu'une semaine plus tard, il y a à nouveau un nettoyage à l'eau chaude, une désinfection et désinsectisation. »
Les 52 animaux restants sont bloqués
Il reste 52 animaux au Gaec. Dans les prairies : 6 vaches taries, des génisses gestantes et des génisses de 1 à 2 ans. Et dans un bâtiment proche de l'étable entravée des laitières : des petites génisses. « Elles auraient aussi pu être abattues. Nous avons pu les sauver. Elles sont régulièrement visitées par le vétérinaire. »
Comme les animaux ne peuvent pas revenir sur le site principal à moins de 45 jours après les deux nettoyages et traitements, « deux vaches taries ont vêlé dans la prairie. Les veaux sont alors installés dans des niches que nous avons mis dans un coin de la prairie. Nous trayons les vaches au pot trayeur ; il a été mis à disposition par la FDCL (Fédération des coopératives laitières des Savoie), qui propose également des barrières de contention, des cornadis et même une salle de traite mobile pour des éleveurs de la zone. Pour la traite au pré, nos vaches sont bloquées à notre râtelier qui a des cornadis autobloquants. Le lait est donné au veau et le reste est jeté. Cela ne vaut pas le coup de faire fonctionner le tank pour une si faible quantité. Mais ce serait possible. » Les éleveurs apportent au pré la complémentation des vaches en lactation : maïs en affouragement en vert, farine d'orge et de maïs et tourteau de colza et de soja.

Quand les animaux pourront-il revenir ?
Dans cette dure épreuve, Killian et André Tissot reçoivent du soutien, « essentiellement des éleveurs touchés par la maladie et qui ont vécu l'abattage de leurs vaches. Mais aussi de nos partenaires, comme l'installateur de la salle de traite. Par contre, notre coopérative de Massingy n'a pour l'instant manifesté aucun soutien particulier. Nous toucherons un paiement pour la collecte de juillet et de début août. Puis, plus rien. Jusqu'à ce que l'on puisse repeupler notre stabulation. Mais cela, on ne sait absolument pas quand. Il faudra attendre la fin de la circulation du virus et la levée de la zone réglementée et de l'interdiction de circulation. »
Les vaches qui entrent en lactation intègreront la nouvelle stabulation que le Gaec vient d'achever, après trois ans de montage du projet et de chantier. Les vaches devaient y entrer fin août. Ce sera forcément plus tard à présent. Pour les remboursements, la banque ne prélèvera pas le remboursement du capital, mais il faudra quand même payer les intérêts. « Comme c'est un bâtiment neuf et que les vaches taries et les génisses prêtes à vêler seront à plus de trois semaines de vaccination, nous demandons à l'administration qu'elles puissent rejoindre la nouvelle stabulation pour vêler », espèrent les éleveurs. Sinon, il faudra attendre 45 jours après les deux nettoyages et traitements du site.
Quid de l'aide à la perte de production ?
Le ministère de l'Agriculture a prévu une aide pour couvrir la perte de production (lait et vente d'animaux) sur « la période pendant laquelle le renouvellement est impossible, tant que la circulation d'animaux est interdite sur la zone de l'exploitation, ainsi qu'une durée d'organisation du repeuplement, fixée à 12 mois pour les bovins allaitants, et 3 mois pour les bovins laitiers ».
« Mais je n'ai reçu aucun document, ni formulaire à remplir. J'espère qu'ils tiendront compte des factures sur douze mois et pas que celles d'été, où les volumes de lait collectés sont plus faibles », s'inquiète Killian Tissot.
Des questions sur les indemnités des animaux abattus
Les éleveurs ayant subi un abattage reçoivent des indemnités, forfaitaires dans un premier temps, puis un complément pour tenir compte de la valeur réelle des animaux. « D'ici un mois, je recevrai l'indemnité forfaitaire de 2100 € par animal de plus de deux ans. Le problème, c'est qu'on ne sait pas quand le complément sera versé et à combien il se montera. Comment reconstituer un cheptel de valeur si nous ne sommes pas correctement indemnisés ? »