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Big Data : Tell Élevage vise la supervision des poulaillers avec l’intelligence artificielle

La start-up Tell Élevage prévoit d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour créer un outil de conseil au pilotage en temps réel des élevages de volailles.

Avec l’IA, Jean-Luc Martin compte passer de la correction des dysfonctionnements des bâtiments d’élevage au copilotage de leur conduite par l’éleveur.
Avec l’IA, Jean-Luc Martin compte passer de la correction des dysfonctionnements des bâtiments d’élevage au copilotage de leur conduite par l’éleveur.
© P. Le Douarin

Fondateur de deux start-up (Tell Élevage et Tell Digital), après trente et un ans d’expérience dans le domaine de la maîtrise de l’ambiance, Jean-Luc Martin a un rêve depuis 2021 : « la supervision de la conduite d’élevage ». En quoi est-ce que cela consisterait ? « Après avoir décortiqué si longtemps le fonctionnement des bâtiments, je suis convaincu que trop peu d’éleveurs exploitent le potentiel de leur outil et que trop peu parviennent à compenser ses dysfonctionnements. Beaucoup trouveraient un avantage économique à être conseillés en temps réel. »

Il en est d’autant plus convaincu qu’il a testé une méthode de coaching avec une dizaine d’éleveurs de volailles. Pendant plusieurs mois, il a analysé chaque matin le tableau de bord quotidien construit avec les données collectées en continu dans les poulaillers par des capteurs Copeeks, qu’il recoupait avec les audits des bâtiments réalisés précédemment par Tell.

Visualisation des données collectées par un capteur Copeeks

 « Quand il y avait un critère qui dérivait, je cherchais la cause possible et je faisais un retour à l’éleveur, via la messagerie WhatsApp. Au final, c’est lui qui décidait quelle correction ou amélioration apporter. » Cette expérimentation « manuelle » a fonctionné, mais elle était trop chronophage pour se poursuivre en l’état. « Il fallait passer à la vitesse supérieure, d’où le projet de faire appel à la puissance de l’intelligence artificielle. »

Passer au conseil continu automatisé

La décision de se lancer dans la réalisation d’un « POC » (proof of concept : preuve de concept) est quasi actée. Il s’agit de la démonstration de faisabilité, c’est-à-dire la réalisation expérimentale concrète. L’objectif de cette plateforme digitale est d’inventer le ciment qui collera toutes les briques.

 

 
Principe du copilotage d'un atelier avicole via des capteurs connectés et l'intelligence artificielle
Principe du copilotage d'un atelier avicole via des capteurs connectés et l'intelligence artificielle © Source : Pascal Le Douarin

Ce ciment, c’est l’intelligence artificielle développée par une entreprise prestataire. L’IA devrait permettre d’identifier ce qui cloche par rapport à une situation optimale et à un historique et de suggérer des solutions.

Les briques, ce sont des milliards de data à faire parler : la « carte grise » des caractéristiques du bâtiment (issue du diagnostic Tell Élevage), les données fournies par l’éleveur sur un support digital ou par des appareils connectés, ainsi que celles de capteurs connectés en permanence. La liste est non exhaustive : peson automatique, compteur d’eau, compteur d’aliment, compteur d’énergies (gaz, électricité), mesureurs d’ambiance (poussière, température, CO2, ammoniac, hygrométrie…), enregistreurs d’images et/ou de sons. « Je fonde beaucoup d’espoir sur l’image, car le comportement animal reste le meilleur indicateur du confort animal dans le bâtiment. En croisant les images avec les données, on comprend vite ce qui cloche. »

 

 
Big Data : Tell Élevage vise la supervision des poulaillers avec l’intelligence artificielle
© Copeeks

L’éleveur restera le seul maître à bord

Ce n’est donc pas un hasard si la start-up Copeeks, spécialiste des capteurs d’élevage, a rejoint Tell en juillet 2023. « Développer nos propres capteurs connectés, dont l’imagerie, nous donne plus d’indépendance, souligne le dirigeant. Force est de constater que le partage des données ne va pas de soi chez tous les fournisseurs, même si réglementairement ils n’en sont pas propriétaires. »

Avec un état des lieux dans le poulailler réalisé plusieurs fois par jour, cette plateforme devrait permettre de détecter précocement les dérives. « Avec notre outil, l’éleveur sera alerté plus vite et pourra réagir préventivement. » Aujourd’hui, beaucoup passent le matin, puis reviennent seulement en fin de journée, sauf si une alarme fonctionne.

Jean-Luc Martin insiste sur le copilotage qu’apportera un tel outil. « Rien ne remplacera l’éleveur dans son bâtiment, mais ce sera une aide précieuse, par exemple pour celui ayant plusieurs bâtiments à distance. » D’autant plus que l’intelligence artificielle ne pourra prodiguer des avis pertinents que si les données récoltées sont fiables. « C’est pour cette raison qu’il sera important d’auditer annuellement les bâtiments et les capteurs pour valider les data. »

 

Améliorer ses performances avec le plan d’actions Tell

Réalisé par Tell Élevage dans un millier d’élevages depuis 2017 (dont 700 en volailles), le plan d’amélioration de la conduite des bâtiments repose sur un audit très détaillé.

Big Data : Tell Élevage vise la supervision des poulaillers avec l’intelligence artificielle

« Nous apportons aux éleveurs des conseils d’améliorations très concrets, sous la forme d’un plan d’actions visant à améliorer la maîtrise des paramètres d’ambiance de leur bâtiment d’élevage, avicole ou porcin », détaille Jean-Luc Martin, fondateur de Tell Élevage en 2017. Réalisé par cette start-up indépendante et neutre, le diagnostic concerne tous les bâtiments : neuf avant démarrage, ancien avant travaux, rénové après travaux.

La méthode repose sur un audit du bâtiment concernant sa structure et son fonctionnement, avec plusieurs centaines de points à renseigner sous forme d’un questionnaire à choix multiples. Il faut compter une journée d’intervention pour l’auditeur qui inspecte tout.

QCM et actions correctives

Ces investigations fournissent des centaines de données (qualitatives, mesures physiques, photos) analysées par le système expert digitalisé de Tell Digital, qui dès la fin de l’audit édite un rapport avec des propositions d’amélioration.

 

 
Sur la tablette, une des nombreuses pages du QCM de l'audit bâtiment. (sur l'autre écran tableau de bord des synthèse des audits sur Power BI)
Sur la tablette, une des nombreuses pages du QCM de l'audit bâtiment. (sur l'autre écran tableau de bord des synthèse des audits sur Power BI) © P. Le Douarin

Classées par niveaux de coût et de facilité de mise en œuvre, les préconisations sont discutées entre l’auditeur et l’éleveur et débouchent sur le plan d’actions digitalisé, avec un échéancier. Celui-ci est « collaboratif », car partageable avec les partenaires impliqués par les modifications (constructeur, maçon, électricien, équipementier…).

Depuis 2020, cette méthodologie est aussi appliquée dans une trentaine d’entreprises et organisations du secteur agricole et agroalimentaire (Choice Genetics, Cochon de Bretagne, Ecomiam, Herta, Savéol…), afin d’auditer et d’améliorer leurs process.

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