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Bien préparer les brebis à la reproduction

La préparation des animaux dans les deux derniers mois avant la lutte est primordiale afin de s’assurer de leur état corporel et optimiser leurs performances au moment de la reproduction. Pour les brebis, cette préparation doit s’accompagner d’un tri rigoureux pour éliminer plusieurs facteurs de risque afin d’assurer un bon taux de fertilité, que ce soit à l’insémination ou en monte naturelle.

<em class="placeholder">Eleveur qui surveille son troupeau de brebis laitières</em>
Le choix des brebis à mettre à la reproduction suit trois étapes : l'aptitude physiologique, l'intérêt génétique et l'état général de l'animal.
© B. Morel

Trier ses brebis

Pour choisir les brebis à mettre à la reproduction, il est recommandé de réaliser un tri selon trois étapes successives : sélectionner les femelles aptes à la reproduction d’un point de vue physiologique, trier les animaux présentant un intérêt génétique et vérifier l’état général des animaux avant la reproduction.

La sélection des brebis selon des critères physiologiques passe par le résultat de la reproduction précédente, l’intervalle entre la mise bas et la lutte suivante (idéalement au moins 180 jours sans descendre en dessous de 120) et les performances de production laitière. Pour suivre les brebis infertiles et les réformer le plus rapidement possible, il est important de réaliser en routine un constat de gestation par échographie, de tenir à jour le carnet d’agnelage ou d’utiliser un logiciel de gestion de troupeau.

Le choix génétique des animaux est lié aux objectifs de l’éleveur pour son troupeau. Dans les élevages en contrôle laitier officiel (CLO), les brebis ayant un index Isol négatif ou trop faible par rapport à la moyenne du troupeau doivent être écartées. Dans les élevages en contrôle laitier simplifié (CLS), on se basera sur la dernière lactation. Dans tous les cas, les animaux présentant des tares (problèmes de pis, d’aplombs, de caractère, de double trayon ou brebis qui ne donnent pas le lait…) doivent être écartés de la reproduction.

Enfin, au moment de la reproduction, les brebis maigres (NEC __SWYP_INC__ 2,25) qui ne sont pas en reprise de poids seront écartées de la reproduction. Les brebis présentant des problèmes mammaires (pis déséquilibré, trop long ou avec un seul quartier fonctionnel), malades ou boiteuses seront également écartées.

Préparer ses brebis

Après avoir choisi les brebis qui vont être mises à la lutte, il est essentiel de bien les préparer en amont (alimentation, logement, santé) afin d’assurer un bon état général du lot et de diminuer les risques d’échec.

<em class="placeholder">Troupeau de brebis au pâturage</em>
Lors de la mise à la lutte, il est important d'avoir des brebis en reprise d'état avec une NEC à 3. Un flushing peut être mis en place au moins trois semaines avant le début de la lutte. © A. Peucelle
Après avoir réalisé une notation de leur état corporel (NEC), les brebis doivent être allotées et conduites de manière différenciée pour atteindre une NEC optimale favorisant la reproduction. Au moment de la lutte, les brebis ne doivent être ni trop grasses, ni trop maigres : il faut viser une NEC de 3 avec des brebis en reprise d’état corporel. Pour les brebis dont la NEC est inférieure à 3, l’alimentation doit s’accompagner d’un flushing réalisé en augmentant les apports d’énergie (céréales et/ou fourrage de très bonne qualité) au moins trois semaines avant le début de la lutte et pendant trois semaines après pour stimuler l’ovulation.

Pour une bonne remise en état des brebis, il est également nécessaire de s’assurer de leur santé et d’écarter tout problème de parasitisme, boiterie, maladie ou dentition. Il est conseillé de réaliser l’ensemble des interventions stressantes (tonte, parage, vaccination) au minimum un mois avant la lutte. Dans la mesure du possible, pour les saillies naturelles et les retours d’insémination animale (IA), il est préconisé de séparer les agnelles des brebis : les béliers préférant saillir les brebis adultes, le taux de fertilité des agnelles serait alors pénalisé.

Gérer sa reproduction pour des agnelages groupés

Après une IA qui fait suite à un programme de synchronisation hormonal classique (éponge FGA + PMSG) ou alternatif, tout stress doit être évité. Un repos de minimum 24 à 48 heures après l’insémination est recommandé, afin de ne pas accroître le risque d’avortement précoce.

Suite à l’IA, il est nécessaire d’assurer une lutte de qualité sur les retours en chaleur, grâce à des béliers bien préparés. Ils seront introduits dans le lot des brebis au minimum sept jours après l’IA afin de pouvoir différencier les fécondations issues de l’IA de celles issues du retour et de connaître les paternités.

Des stratégies différentes selon la saison

En monte naturelle à l’automne, lorsque toutes les brebis du troupeau sont cyclées, la durée minimum de la lutte est de trois semaines. Si les brebis ont une NEC inférieure à 2,5, et sont en reprise de poids, il est conseillé de faire durer la lutte pendant deux cycles (34 jours).

Lors des luttes de printemps, une plus faible part des brebis est cyclée et la venue en chaleur des brebis non cyclées est la conséquence d’un effet bélier. Lorsque l’on réalise un effet bélier de 14 jours (avec des béliers vasectomisés ou portant un tablier) suivi d’une période de lutte avec les béliers reproducteurs, il est conseillé de prévoir une durée de lutte équivalente à deux cycles (34 jours). Lorsque les brebis sont exposées aux béliers reproducteurs dès les premiers 14 jours d’effet bélier, il faut prévoir une durée de lutte totale équivalente à 3 cycles (50 jours, soit 14 jours d’effet bélier + une durée équivalente à deux cycles).

Faire durer les luttes plus de deux cycles aura pour effet de rallonger la période d’agnelages, augmentant ainsi le travail d’astreinte et le coût d’alimentation, pour un nombre d’agneaux et/ou un volume de lait supplémentaire relativement faible. De plus, les brebis mettant bas tardivement auront un intervalle plus court entre la mise bas et le début de la lutte suivante, ce qui pourra impacter négativement la réussite de leur reproduction suivante.

Deux mois de flushing pour les béliers

Pour des luttes réussies, les béliers nécessitent une attention particulière et de l’anticipation. La préparation plus de deux mois en amont de la reproduction permet de s’assurer d’avoir un effectif suffisant, des animaux en bonne santé, en bon état corporel et bien préparés à la mise en lutte.

Les béliers ne doivent être ni trop gros ni trop maigres. Il faut viser une note d’état corporel (NEC) optimale entre 3 et 3,5. Une alimentation stable et équilibrée durant l’année garantira un bon état d’engraissement au moment de la lutte.

La spermatogenèse (production et maturation des spermatozoïdes) dure deux mois et les béliers dépensent beaucoup d’énergie lors de la lutte.

15 à 20 % d’énergie supplémentaires pendant la lutte

<em class="placeholder">Béliers</em>
La préparation des béliers doit commencer deux mois avant la mise à la lutte. Pendant cette période, il est préférable d'éviter les manipulations stressantes et les traitements médicamenteux qui peuvent avoir un effet sur la fertilité. © B. Morel
Un flushing de deux mois permet de remettre en état les béliers trop maigres en reconstituant les réserves corporelles avant la période de lutte. Pendant la lutte, les besoins en énergie sont à majorer de 15 à 20 % (à moduler en fonction de l’état d’engraissement) sans changer les apports azotés.

Toute maladie ou blessure entraînant une réponse immunitaire chez l’animal, de même que certains traitements pouvant être nécessaires sur un animal malade ou blessé (certains antibiotiques ou anti-inflammatoires) peuvent perturber la spermatogenèse et entraîner une infertilité passagère.

Pas d’interventions anxiogènes avant la lutte

Un bélier blessé et/ou boiteux ne sera pas efficace durant la période de reproduction (difficultés pour réaliser les approches, la monte, et l’effet mâle en général). Ainsi, il est primordial d’assurer la bonne santé et l’intégrité physique des béliers toute l’année et d’autant plus durant les deux mois avant et pendant la période de lutte.

<em class="placeholder">Agneaux en bergerie</em>
Il est recommandé de laisser les agneaux en groupe mixte jusqu'à cinq mois pour développer leur instinct copulatoire. © B. Morel
Il est par ailleurs indispensable de réaliser toutes les interventions stressantes en amont de la lutte (idéalement deux mois avant) : parage des onglons, coprologies et traitement antiparasitaire si nécessaire, vaccinations. On n’oubliera pas non plus de réaliser un contrôle des organes génitaux des béliers avant le démarrage de la saison de lutte (fourreau et testicules).

Le logement des béliers doit leur permettre une alimentation et un abreuvement facile et régulier. Le contact avec des femelles pendant la période trois à cinq mois d’âge a un effet favorable sur l’apparition et l’évolution de l’activité copulatoire chez les béliers. L’absence de contacts avec les femelles à cette période cause un retard dans le démarrage de l’activité sexuelle. Il est donc important de laisser les agneaux en groupes mixtes à cet âge autant que possible.

Le choix des agnelles, attention à l’âge !

<em class="placeholder">Agnelles Manech Tête Rousse au pâturage</em>
Lors de la première mise à la reproduction, les agnelles doivent peser au moins les deux tiers de leur poids d'adulte. © J. Chabanet
Il est recommandé de mettre à la reproduction des agnelles qui respectent ces deux conditions : au moins huit mois d’âge au moment de la lutte et les deux tiers du poids adulte de la race atteint au moment de la première lutte. Dans certains systèmes, les éleveurs font le choix de mettre les agnelles à la reproduction à partir de 18 mois pour une première mise bas à deux ans. Dans ce cas précis, les besoins de croissance des agnelles peuvent être moindres la première année.

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