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Bien-être animal : le diagnostic Boviwell est plus qu'une simple note

Il faut deux à trois heures pour collecter des informations et effectuer des observations en stabulation. Le diagnostic Boviwell est aussi un moment d'échanges entre le conseiller et l'éleveur.

En ce 30 juin, les quatre associés du Gaec La Coudorière, à Fontaine les Coteaux, dans le Loir-et-Cher, étaient tous présents à la pause café de 9 h, pour la présentation du déroulé du diagnostic bien-être animal. « Huit à quinze jours avant de réaliser le diagnostic sur place, nous envoyons un questionnaire à l'éleveur pour qu'il puisse préparer certaines données, comme la mortalité des veaux et des vaches sur les trois dernières années et des données de santé : concentrations cellulaires, mammites cliniques, césariennes, naissances et vêlages », présente Olivier Pierru, technicien production laitière chez Bel. 

Le diagnostic Boviwell prend deux à trois heures sur place. Il consiste d'une part en une collecte de données et de renseignements. D'autre part, en des observations, uniquement sur les vaches traites, ainsi que sur la stabulation des vaches traites et ses équipements, comme les abreuvoirs.

Surfaces, places et linéaires suffisants

On entre dans le logiciel la surface de couchage et de libre circulation en stabulation. Il faut au moins 9,6 m2 par vache traite en système logettes. Et 10 m2 en aire libre dont 7,3 m2 par vache pour l'aire de couchage. C'est la surface minimale requise pour la facilité de mouvement des animaux, et aussi le minimum requis par l'outil pour ne pas avoir de points en moins. Il faut au moins une logette par vache traite. Joanna demande aussi si les animaux sont triés en fonction de leur type (lait/viande), âge et sexe.

Pour les abreuvoirs, il en faut au moins deux dans la stabulation, « pour éviter la compétition entre vache dominante et dominée, et donc le stress pour cette dernière », explique Joanna Chillet, apprentie chez Bel et en charge du diagnostic du Gaec de la Coudorière. Il faut aussi au moins 6 cm de linéaire par vache.

Les abreuvoirs sont mesurés, pour évaluer s'il y a un bon accès à l'eau. Joanna Chillet constate leur propreté et Jean-Luc Huard, un des associés, affirme contrôler la propreté une fois par jour.
Les abreuvoirs sont mesurés, pour évaluer s'il y a un bon accès à l'eau. Joanna Chillet constate leur propreté et Jean-Luc Huard, un des associés, affirme contrôler la propreté une fois par jour. © C. Pruilh

Accès à l'extérieur, contention

Des questions portent sur la présence ou l'absence de certains dispositifs et de certaines pratiques, mais n'influencent pas la note donnée par Boviwell. C'est le cas de l'entretien des logettes. « Les références – 7 à 9 kg de paille par animal en aire paillée, et 3 à 5 kg par animal en logette – ne servent que lors de l'échange entre le technicien et l'éleveur », précise Joanna Chillet. C'est aussi le cas de la présence/absence de box d'isolement, de matériel de contention (barrière amovible, cornadis, cage), de brosses pour que les vaches puissent se gratter...

« Ces questions donnent des informations sur la bien-traitance. Il y a une différence entre ce que l'on pense faire du bien et ce qui permet d'assurer le bien-être animal et les cinq libertés fondamentales. Boviwell s'attache à noter les indicateurs vraiment objectifs des cinq libertés », insistent les deux conseillers.

Pour l'instant, Boviwell ne note que la présence/absence d'une aire d'exercice extérieure pour les vaches laitières. Ce point évoluera et sera pris en compte différemment dans la note.

Lire aussi : « Le bien-être de nos vaches et veaux, nous y veillons et nous en parlons »

Joanna Chillet demande aussi aux éleveurs si des diagnostics de confort thermique et de ventilation (test au fumigène) ont été effectués. Autre question : en cas de gel, ou à contrario de forte chaleur, y a-t-il des dispositifs particuliers prévus sur l'élevage ? Ces éléments servent à l'échange et n'entrent pas dans la note Boviwell.

Mortalité des veaux et des vaches

Sur le chapitre santé et gestion de la douleur, « c'est là que c'est le plus difficile d'obtenir une bonne note », prévient Joanna Chillet. Le logiciel recense le taux de mortalité des veaux entre 0 et 48 heures, sur trois ans. Il faut qu'il soit sous 4,63 % pour avoir la meilleure note, et sous 9,88 % pour ne pas avoir la plus mauvaise note. Le taux de mortalité des vaches doit être sous 2,48 % pour avoir la meilleure note, et sous 4,75 % pour ne pas avoir la plus mauvaise note. « Dans certains départements, les données détaillées remontent automatiquement aux éleveurs. Dans d'autres, non. Là, par exemple, dans les données transmises, il n'y avait pas de distinction sur l'âge des veaux au moment du décès. Or, le diagnostic ne prend que les mortalités intervenant entre 0 et 48 heures. Heureusement, dans leur cahier, les éleveurs avaient noté la date de naissance des veaux et donc nous avons pu retenir les seuls veaux morts avant 48 heures », détaille Olivier Pierru.

Écornage : prendre en charge la douleur

Pour l'écornage, les bonnes pratiques qui permettent d'obtenir la meilleure note sont d'ébourgeonner avant 4 semaines ; pratiquer trois piqûres : un sédatif, un anesthésiant et un analgésique anti-inflammatoire. L'utilisation du gène sans corne n'a pas encore d'impact sur la note, du fait que cette solution n'est pas encore vraiment probante.

Lire aussi : "Le diagnostic bien-être animal nous aide à progresser"

Pour le parage, il est conseillé de prévoir un suivi préventif, en plus du curatif, pour les élevages à fortes productrices. La prise du colostrum doit avoir lieu dans les 24 heures après la naissance. Joanna Chillet demande aussi s'il y a un suivi annuel par le vétérinaire avec un plan d'actions. Si un diagnostic de gestation est réalisé avant le départ à l'abattoir. Si les fourrages sont analysés pour bien caler la ration et ajuster les complémentations. Ces informations servent à l'échange et n'entrent pas dans la note Boviwell.

Des vaches propres et en état

En bâtiment, la première étape est l'évaluation de la détresse et de la peur des vaches. L'éleveur se déplace lentement le long du cornadis. Les vaches doivent rester calmes. C'est le cas ici.

Joanna Chillet observe ensuite un échantillon de vaches choisies de façon aléatoire : 42 sur 112 vaches traites ce 30 juin. Les vaches sont d'abord bloquées, puis libérées une à une, pour permettre l'observation de chacune : notation d'éventuelles blessures, de l'état corporel et de la propreté. Joanna regarde si la vache se déplace bien et s'il y a des blessures. « Une tarsite est une blessure plus grosse qu'une pièce de 2 euros, sur n'importe quel membre. »

L'observation d'un échantillon de vaches choisies de façon aléatoire - 42 sur 112 vaches traites ce 30 juin -, se fait en stabulation. Les vaches sont d'abord bloquées, puis libérées une à une, pour permettre l'observation de chacune : notation d'éventuelles blessures, de l'état corporel et de la propreté.
© C. Pruilh

Puis, les deux conseillers circulent dans la stabulation avec l'éleveur. Les abreuvoirs sont mesurés. La luminosité est bien notée dès lors que l'on peut lire un journal dans la stabulation. Le confort de couchage et la qualité du sol des aires d'exercice n'entrent pas dans la note Boviwell.

À l'issue du diagnostic, Joanna Chillet montre aux éleveurs l'appréciation globale, et l'appréciation pour chacune des libertés, avec un code couleur pour chaque niveau d'appréciation : non classé, acceptable, supérieur, excellent. « Ce qui est bien, c'est qu'on peut se comparer par rapport à une moyenne de groupe », commente Jean-Luc Huard, un des associés. À la fin du diagnostic, des pistes d'amélioration peuvent être inscrites.

À retenir

Les cinq libertés fondamentales :

1 - Ne pas souffrir de faim et de soif

2 - Ne pas souffrir d'inconfort

3 - Ne pas souffrir de douleurs, blessures, maladies

4 - Ne pas éprouver de peur ou de détresse

5 - Pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce

Avis d'experts : Joanna Chillet et Olivier Pierru, de Bel

« Apporter des réponses aux questions de la société »

« Depuis décembre 2020, nous proposons aux producteurs de l'APBO (association de producteurs Bel de l'Ouest) le diagnostic bien-être animal Boviwell, à chaque fois qu'il faut faire une revalidation de la charte des bonnes pratiques d'élevage. Le diagnostic est pris en charge à 100 %. Les éleveurs estiment faire très bien en matière de bien-être animal et être injustement décriés par leurs concitoyens. Ce diagnostic leur donne des arguments et des réponses. Le diagnostic est un état des lieux qui ouvre l'échange avec l'éleveur, pour envisager des mesures de progression.

Nous demandons à chaque éleveur s'il accepte la transmission de ses données à l'Institut de l'élevage (Idele), pour alimenter la base de données collective de la filière. L'objectif : faire évoluer l'outil de diagnostic et publier des synthèses de données agrégées (jamais de publication de données individuelles), pour communiquer sur la réalité du bien-être animal en élevage. »

L'outil Boviwell évalue les 16 indicateurs du plan de filière

L'outil de diagnostic Boviwell a été développé pour évaluer de façon fiable et rapide des élevages bovins laitiers et allaitants sur le bien-être animal. Cet outil permet d’évaluer les seize indicateurs de bien-être animal du plan de filière de l’interprofession laitière, qui permettent de vérifier le respect des cinq libertés fondamentales. Il intègrera la nouvelle version de la charte des bonnes pratiques d'élevage qui sera présentée cet automne. Il est déployé par les techniciens des organisations agricoles : conseil en élevage, coopérative, laiterie…

Lire aussi : La filière se dote d’un socle de seize indicateurs de bien-être animal

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