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Avec le super-panaris, les heures pour traiter la vache sont comptées !

Détection, diagnostic et traitement précoces sont préconisés pour toutes les boiteries. Mais pour le super-panaris, c’est une question d’heures. Et même dans ce cas, les échecs ne sont pas rares.

Le panaris (ou phlegmon interdigital) est un grand classique. Diagnostiqué et traité correctement et promptement, il se guérit la plupart du temps très facilement. Le « super-panaris » donne beaucoup plus de fil à retordre. Désormais présent en France depuis quelques années, il peut créer des dégâts considérables si l’on ne prend pas des mesures sévères et adéquates.

Trois signes simultanés pour le panaris

Le diagnostic du panaris repose sur trois signes essentiels qui doivent coexister :

1 - la boiterie est soudaine (du jour au lendemain) ;

2 - elle est sévère (l’animal pose à peine le pied) ;

3 - une enflure symétrique de la couronne et du paturon apparaît d’emblée. Elle est très douloureuse.

L’animal présente en plus une hyperthermie.

Sans traitement, l’aggravation rapide conduit à « l’explosion » de la peau interdigitale libérant du pus, avec des atteintes graves plus profondes, articulaires et tendineuses.

Des antibiotiques le plus vite possible

Le traitement consiste en une administration la plus précoce possible d’antibiotiques ou de sulfamides par voie générale. C’est la seule pathologie du pied qui nécessite ce type de traitement en première intention. L’ajout d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) peut être utile. Un traitement local n’est nécessaire qu’en cas de plaie.

Trois jours de traitement suffisent dans la majorité des cas. Si le traitement est précoce et à la bonne posologie, une amélioration très nette est constatée dès le premier jour. Sinon, il faut reconsidérer le diagnostic et lever le pied.

Des séries de panaris peuvent survenir dans un troupeau, liées à des conditions conjoncturelles d’élevage : sortie dans des chemins agressifs, sécheresse l’été, excès d’humidité, mauvaises conditions des surfaces d’exercice en bâtiment, etc.

Une amplification des signes avec le super-panaris

Le super-panaris se caractérise par une amplification de tous les signes du panaris.

- Sa progression est très rapide.

- L’enflure et la douleur sont très importantes. L’animal ne pose pas le pied.

- L’espace interdigital se nécrose très vite et montre systématiquement une large et profonde plaie du bord dorsal au bord plantaire (ou palmaire) (voir photo).

Malgré un traitement précoce, l’évolution peut être incontrôlable et conduire à la mort de l'animal.

La plupart du temps, une série de cinq à dix et plus d’animaux sont atteints.

L’intervention du vétérinaire s’impose sans tarder.

Des raisons mal connues de l’aggravation

Les raisons d’une telle amplification de la gravité sont mal connues. Plusieurs hypothèses sont envisagées : 

- une mutation possible des bactéries avec une efficacité redoublée de leurs « toxines » ;

- une résistance acquise de ces bactéries aux antibiotiques ;

- une diminution de l’immunité des animaux, liée à l’intensification, à l’alimentation, ou à la faveur de l’introduction d’animaux…

Il est souhaitable que des études soient menées pour mieux cerner cette maladie grave.

Association d’anti-inflammatoires et de traitement local

Le traitement par voie générale doit donc être très précoce et durer 6 à 10 jours. Certains auteurs préconisent d’augmenter en plus la posologie des anti-infectieux. L’association des AINS est systématique. Si la vache n’est pas gestante, le recours aux corticoïdes à la place des AINS est utile.

Un traitement local de la plaie interdigitale est indispensable : nettoyage, désinfection, application d’antibiotique in situ de façon durable.

Il semble important de séparer immédiatement les animaux atteints du troupeau, dans un local très confortable.

Panaris : deux bactéries en cause et des facteurs favorisants

° L'inflammation, d’origine infectieuse, est due au développement principalement de deux bactéries anaérobies (Fusobacterium necrophorum et Dichelobacter nodosus). Cette infection fait suite à leur inoculation au travers de la peau interdigitale, à la faveur de blessures même légères voire de micro-blessures liées à des objets contondants ou simplement à un environnement agressif. La première est une bactérie naturellement présente dans le microbiote digestif. Elle agit en synergie avec la seconde qui est un « hôte » durable de la peau des pieds des bovins. 

° Un environnement agressif humide ou très sec pour les pieds fragilisant la peau interdigitale sont les principaux facteurs favorisant le panaris.  

° L’alimentation joue son rôle entre autres pour la qualité et la résistance de la peau (en particulier la vitamine A et le zinc) ainsi que pour les défenses immunitaires.

° Le stress thermique est un facteur aggravant, en particulier du fait que les animaux restent trop longtemps debout (fatigue, stase sanguine, etc.).

° La dermatite digitée (maladie de Mortellaro) est un facteur de risque, d’après plusieurs études.

Mise en garde

Deux erreurs sont courantes avec le panaris. L’une consiste à attendre « pour voir si ça passera tout seul » ! L’autre, à ne pas respecter la posologie, en particulier avec certaines présentations en « one shoot ».

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