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Au Gaec Dyna'Milk en Ille-et-Vilaine : « Nous avons vendu le robot et réinvesti dans une salle de traite pour nos 125 vaches »

À l’occasion de son agrandissement, le Gaec Dyna’Milk a fait machine arrière sur la stratégie de traite. Les associés ont préféré embaucher un salarié pour la traite plutôt qu'investir dans un nouveau robot. Un choix dicté par des raisons économiques et sociales.

En 2012, Pierre et Catherine Marqué, qui élèvent 70 vaches laitières en Ille-et-Vilaine, choisissent de s’équiper d’un robot de traite double stalle SAC Christensen. « Leur motivation était de réduire l’astreinte de la traite, explique Romain Marqué, leur fils, aujourd’hui associé avec ses parents et un voisin, Pierrick Dupont, au sein du Gaec Dyna’Milk. Le robot d’une capacité de 110 vaches répondait à leurs besoins. Il n’était jamais saturé et le pâturage était possible. Mais un couple avec un robot, c’est une prise d’otages ! Trouver un remplaçant pour les week-ends ou des vacances est très difficile. Il faut quelqu’un de compétent techniquement, qui accepte de venir la nuit en cas de problème. Au final, les week-ends pour mes parents se résumaient à ne partir que sur la journée et pas trop loin pour pouvoir revenir rapidement en cas de besoin. »

En 2017, le Gaec change de dimension avec l’installation de Romain et le regroupement avec un voisin. « Nous sommes alors progressivement passés à 125 vaches pour 1,2 million de litres de lait, détaille Romain. Le robot s’est trouvé saturé, le pâturage impossible et il fallait chaque jour anticiper et aller chercher les vaches dans le bâtiment pour ne pas prendre de retard. »

Compteurs à lait, conductivité et écran

Les éleveurs décident donc de réinvestir pour la traite. « Un robot est à son optimum économique quand il est saturé, mais cela au détriment du travail et de la vie sociale, analyse Romain. De plus, si nous avions acheté un deuxième robot, il y aurait eu un robot neuf et un autre de 5 ans, et donc des décalages de technologie. L’achat de deux robots neufs aurait été trop lourd à amortir. Enfin, mes trois associés ont autour de 60 ans et partiront en retraite dans les quatre ans. Je n’ai pas l’ambition de trouver d’autres associés et je ne me voyais pas être toujours disponible pour le robot pendant les trente ans à venir. Une fois le travail fini le soir, je veux être tranquille pour ma vie de famille. »

Le Gaec choisit donc de vendre son robot et de s’équiper d’une salle de traite TPA 2x12 (prévue pour 2x16) SAC Christensen. Parce qu’ils avaient pris goût aux données fournies par le robot, la salle de traite est équipée de compteurs à lait, de la mesure de la conductivité et d’un écran donnant des informations d’identification (très pratique en TPA), de tri, de conductivité ...

Une aide d'un ergonome pour les aménagements

Les vaches sont équipées de colliers pour la détection des chaleurs et la mesure de l’ingestion. Des équipements ont aussi été installés pour faciliter le travail et rendre l’outil attrayant. Le plancher de la fosse est mobile sur 30 cm, ce qui permet à une personne d’être à l’aise quelle que soit sa taille. « Nous avons été accompagnés par la MSA, avec l’appui d’un ergonome et une aide financière, ce dispositif favorisant la santé et le bien-être des salariés », précise Romain.

Le Gaec a également investi dans une barrière poussante hydraulique qui pousse les vaches sur l’aire d’attente et racle le sol au retour. « Nous ne voulions pas d’un chien électrique, l’électricité posant assez de problèmes en élevage sans en rajouter. L’investissement pour cette barrière a été de 25 000 euros. Mais elle permet de gagner 15 minutes à chaque traite. Au coût horaire d’un salarié, elle sera amortie en cinq ans et le trayeur fait des choses plus valorisantes que de pousser du lisier. »

Pouvoir déléguer la traite en toute sérénité

L’orientation de Romain Marqué est en effet de miser sur le salariat. Un salarié – un facteur qui souhaitait compléter son revenu — a été embauché pour la traite du soir cinq jours par semaine et un dimanche sur trois. « Mon objectif est de pouvoir déléguer en toute sérénité et sans avoir à chercher la perle rare, précise Romain. Beaucoup de personnes sont intéressées par travailler quelques heures par jour. Tout est donc prévu pour que quelqu’un qui ne soit pas forcément compétent dans le domaine puisse le faire. Les griffes de la salle de traite ne descendent pas si le lait de la vache doit être écarté. Il y a des notices et des tutoriels partout. C’est plus de sécurité pour nous et plus de sérénité pour le salarié. »

Déléguer à terme les travaux de culture

L’éleveur est également prêt à employer plusieurs salariés à temps partiel. « À terme, pour 150 vaches, il faudra 2,5 UTH, calcule-t-il. Cela ne me gêne pas de salarier une personne pour s’occuper des veaux, une autre pour la traite et une troisième pour nettoyer les logettes matin et soir. C’est plus facile à trouver et moins risqué. Si un salarié fait l’ensemble et qu’il fait faux bond, ça peut être difficile de le remplacer au pied levé. »

À terme, Romain Marqué veut aussi déléguer les travaux de culture. « Je préfère me concentrer sur l’élevage, c’est là que l’on fait le revenu. De plus, le matériel coûte très cher. » Il veut par contre conserver la gestion administrative et l’approche technico-économique. Enfin, pour les vacances, il prévoit si besoin de faire appel au service de remplacement. « La trajectoire reste à définir, mais c’est le modèle que je veux développer, conclut Romain Marqué. Simplifier et faciliter le travail pour pouvoir déléguer et se faire remplacer facilement. »

À lire aussi notre dossier : Apprendre à travailler avec un salarié

Un « plus » au plan sanitaire

Pour Romain Marqué, un atout de la salle de traite est qu’on est libre de faire ce qu’on veut, notamment au plan sanitaire. « Au robot, la désinfection des trayons se faisait à l’eau bouillante. Mais parfois, il est nécessaire de compléter cette désinfection avec d’autres protocoles. Or, si le robot n’est pas prévu pour le faire, ça peut être difficile à mettre en place. En salle de traite, on fait plus facilement ce qu’on veut, ce n’est qu’une question de temps. »

Côté éco

L’investissement total s’est élevé à 315 000 €, incluant un bâtiment salle de traite isolé avec parc d’attente de 150 m², la salle de traite prévue 2x16 équipée 2x12, le chauffe-eau (12 000 €), le plancher mobile (10 000 €), la barrière poussante (25 000€), 3 DAC et une porte de tri.

Optimiser les bâtiments

L’objectif à terme de Romain Marqué est de saturer les bâtiments et d’arriver à 150 vaches en traite pour 1,6 million de litres de lait.

Avec l’accroissement du cheptel et le changement du système de traite, l’ensemble des bâtiments et du système d’alimentation ont été revus et optimisés. Des logettes vont être installées dans la vieille stabulation. La salle de traite est équipée d’une porte de tri qui permet de séparer les vaches en deux lots, les fortes productrices d’un côté, alimentées en ration semi-complète avec DAC, et les faibles productrices, nourries en ration complète, moins coûteuse. L’élevage s’est aussi équipé d’un chauffe-eau solaire. « Entre le changement du système de traite et le chauffe-eau, nous économisons 10 000 euros d’électricité par an, ce qui paie une partie de l’outil. »

Le parcellaire a également été réorganisé, avec la création d’un nouveau chemin et l’aménagement de vingt et un paddocks permettant le pâturage tournant dynamique. « Nous n’utilisons plus l’autochargeuse, indique Romain Marqué. Et cela permet de continuer à répondre au cahier des charges Agrilait - Bleu Blanc Cœur, dans lequel l’élevage était déjà engagé mais qui implique depuis 2019 de faire pâturer les vaches 150 jours par an. » Le passage du robot à la salle de traite a par contre réduit la production, qui est passée de 33-35 kg/VL/j à 30 kg/VL/j, avec une augmentation des taux.

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