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Asperge : « Cette année, les suspicions de francisation ont été récurrentes tout au long de la campagne »

3 questions à l’AOPn Asperges de France, suite à son alerte mi-mai sur de probables cas de francisation.

colis bois d'asperges, photo prise sur un marché à Bordeaux en 2021
L’AOPn Asperges de France soupçonne des cas de francisation d’asperges. Ce serait principalement sur les étals des marchés et en commerce de détail, hors grande distribution, que ces pratiques illégales auraient lieu. Photo d’illustration.
© AOPn Asperges de France

Il y a deux semaines, l’AOPn Asperges de France s’émouvait de prix très bas constatés sur le marché français pour des produits d’import et alertait quant à de probables cas de francisation d’asperges. Comment détecte-t-on une francisation, c’est-à-dire le fait de commercialiser sous origine France d’un produit en réalité importé ? L’asperge était-elle un produit déjà très touché par cette pratique délétère et illégale ?

Pour le site Réussir Fruits et Légumes, Astrid Étèvenaux, directrice de l’AOPn Asperges de France, a apporté un éclairage supplémentaire. 

A relire : Asperge : soupçons de francisation, l’AOPn sonne l’alerte

 

L'asperge était-elle déjà beaucoup touché par les cas de francisation comme le kiwi peut l’être ou est-ce un phénomène plus récent ? 

Jusqu’ici, nous avions eu quelques retours isolés -mais annuels- de probables cas de francisation. Cela ne nous avait jusqu'alors pas véritablement alarmés. Mais cette année, les suspicions de francisation ont été récurrentes tout au long de la campagne. 

La configuration de la saison 2025 s'est peut-être davantage prêtée à la visibilité de cette pratique déloyale puisqu’il y a eu un fort ralentissement du marché à compter des 1er et 8 mai, avec des volumes d’import sur cette même période qui ont saturé le marché, et des prix jusqu'alors élevés qui rendent ces fraudes d’autant plus tentantes pour certains opérateurs sans scrupules.

Ne relève-t'il pas du devoir civique pour les opérateurs de l'aval de privilégier l'offre française en pleine campagne d'asperges, pourtant déjà très courte ?

Lire aussi : Lutte contre la francisation : encore 10 000 contrôles de la DGGCRF prévus cette année

 

Comment détecte-t-on les cas de francisation ? L’asperge fait-elle partie du champ de recherche concernant les marqueurs de terroir par isotope ?

Astrid Étèvenaux : Il est très difficile de détecter la fraude à l'origine à l'œil nu. Les asperges sont parfois vendues comme origine France directement dans les caisses bleues caractéristiques de l'offre étrangère. 

Certaines filières, comme le melon, l’ail, ou encore le kiwi et les pommes et poires, font l’objet de recherches et expérimentations afin de caractériser le terroir d’origine par des marqueurs isotopiques. Pour l’asperge, il n’y a pas de travaux sur les isotopes en cours, les investissements sont importants.

A relire : Asperges de France : quels espoirs et quels challenges pour la saison 2025 ?

 

Vous parlez, pour le produit d’import, de prix très bas et de volumes importants. Pouvez-vous détailler ?

Astrid Étèvenaux : L'offre étrangère oscille entre 2 € et 3 € le kilo à ce stade de commercialisation. Récemment, la facture d'un détaillant précisait l'achat d'asperge hollandaise blanche à 1,5 € alors que l'asperge française était aux environs des 6 €.

Les prix très bas qui déstructurent le marché concernent principalement les origines belge, hollandaise et allemande sur l'asperge blanche (c’est sur ce segment que la France a des volumes). 

L'offre espagnole, qui représente 80 % des importations en période de production française se concentre sur la verte. Cette offre complète donc pour beaucoup les volumes français insuffisants pour la consommation française. Elle peut toutefois être nuisible sur les marchés du Sud-Est de la France, notamment, qui produit en grande majorité de l'asperge verte. Mais ce n'est pas la responsable des problématiques rencontrées sur cette campagne 2025.

Lire aussi : Pourquoi produire de l’asperge verte en France est un enjeu autant qu’un challenge ?

Selon les chiffres des douanes, en 2024, 10 300 tonnes d’asperges ont été importées sur la période de production française (de février à juin), dont 8 150 tonnes provenant d'Espagne (asperges vertes pour 99 % des volumes) et 1 100 tonnes d’Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Pologne (par ordre décroissant).

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