Ardèche : lutte biologique contre Drosophila sur myrtilles sauvages
En Ardèche, début juillet, un lâcher de Ganapsis kimorum, ennemi naturel de Drosophila suzukii, a eu lieu sur myrtilliers. Cette nouvelle introduction de Ganapsis fera l’objet d’un suivi par l’Inrae et la chambre d’agriculture de l’Ardèche.
En Ardèche, début juillet, un lâcher de Ganapsis kimorum, ennemi naturel de Drosophila suzukii, a eu lieu sur myrtilliers. Cette nouvelle introduction de Ganapsis fera l’objet d’un suivi par l’Inrae et la chambre d’agriculture de l’Ardèche.


Le 8 juillet, à Saint-Julien-du-Gua (Ardèche), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a effectué un lâcher de Ganapsis kimorum. Cent femelles, fécondées en laboratoire ainsi qu’une cinquantaine de mâles de cette micro-guêpe ont été introduits sur des myrtilliers. Objectif : que ce parasitoïde spécifique de Drosophila suzukii se développe sur le territoire pour sauver la production locale de myrtilles sauvages.
Lire aussi : Drosophila suzukii : quels sont les nouveaux porte-greffes de cerisiers adaptés à la conduite sous filet ?
Drosophila suzukii, cette mouche originaire d’Asie, identifiée en France en 2010 a déjà causé d’énormes dégâts au sein de la filière cerise. Depuis cinq ans, elle s’attaque également à la myrtille ardéchoise. Le processus d’attaque de ce nuisible est le même que sur la cerise : la mouche pond ses œufs dans les fruits sains avant leur maturation. Ses larves se nourrissent ensuite de la chair du fruit qui se dégrade très rapidement.
Lire aussi : Myrtilles françaises : vers une récolte record en 2025
« Il suffit de 3 jours pour perdre toute la récolte »
« Il suffit parfois de moins de trois jours pour perdre la récolte », confirme Francis Giraud, producteur à Saint-Julien-du-Gua et président de l’association « La myrtille sauvage d’Ardèche ». Chaque été, il récolte ses fruits sur cinq à six hectares de landes à myrtilles. « Les meilleures années, nous en ramassons jusqu’à 5 tonnes. L’an dernier, moins de 200 kg », précise-t-il.
La filière ardéchoise menacée
En Ardèche, le potentiel de production est estimé à 400 tonnes de myrtilles sauvages. Ce petit fruit procure un revenu complémentaire aux agriculteurs, par ailleurs producteurs de châtaignes ou éleveurs. Mais, entre changement climatique et arrivée de Drosophila suzukii, cette filière est aujourd’hui menacée, alerte le parc naturel régional des Monts d’Ardèche.
Coup de chance pour les producteurs, ces landes à myrtilles présentent un intérêt scientifique pour déployer le programme de lutte biologique avec Ganapsis kimorum.
Un parasitoïde efficace contre Drosophila suzukii
Après sept années de tests en laboratoire, cette micro-guêpe a été identifiée par l’Inrae comme un parasitoïde efficace de Drosophila suzukii. Dès 2023, des lâchers expérimentaux ont été réalisés près de vergers de cerisiers dans le Vaucluse, en Alsace, Gironde, Ardèche…
Nicolas Borowiec, ingénieur de recherche à l’Inrae, rappelle l’objectif de ce programme : « Diminuer les populations de Drosophila suzukii à l’échelle du paysage, notamment dans les réservoirs naturels où elle est particulièrement présente ».
Des zones refuges pour Drosophila suzukii
À Saint-Julien-du-Gua, le site choisi pour le lâcher de Ganapsis kimorum coche toutes les cases : la présence de myrtilliers mais aussi, tout autour, d’espèces sauvages hôtes de Drosophila suzukii comme le sureau, le sorbier, la ronce, le merisier, le prunier sauvage… « L’été, les zones d’altitude, comme ici à 600 mètres, sont des zones refuges pour Drosophila suzukii », précise Nicolas Borowiec. À vol d’insectes, en supposant que le relief ne soit pas un obstacle, le site est également proche de la commune de Vesseaux (Ardèche) où un lâcher de Ganapsis a déjà eu lieu en 2024.
L’Inrae cherche en effet à mailler le territoire avec ses lâchers. Cette nouvelle introduction de Ganapsis fera l’objet d’un suivi par l’institut de recherche et la chambre d’agriculture de l’Ardèche. Il permettra de mesurer la dynamique d’implantation du parasitoïde. « Mais, avertit l’ingénieur, l’efficacité de ces lâchers ne sera visible que d’ici quelques années ».