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Adieu Brexit, bonjour lourdeur bureaucratique

Certification de conformité, certificat phytosanitaire, contrôles… : depuis le 1er janvier, le Royaume-Uni est un pays tiers pour les exportateurs de fruits et légumes français. Le poids administratif nouveau pourrait décourager certains opérateurs.

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Selon Freshfel, la filière est déjà confrontée à des coûts supplémentaires s'élevant à environ 400 € par camion
© Philippe Gautier-FLD

Le replay du wébinaire consacré aux défits 2021 pour l'export des fruits et légumes bientôt ici

 

Après quatre ans de négociations et de psychodrames, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont signé, le 24 décembre 2020, un accord régissant le futur des relations commerciales entre les deux blocs. La limite était prévue pour le 31 décembre : autant dire que « le coup passa si près que le chapeau tomba », pour citer Victor Hugo.

La France est le troisième fournisseur de fruits et légumes pour le marché britannique, derrière les Pays-Bas et l’Espagne. La part des fruits et légumes français s’est régulièrement érodée depuis 2015 où elle représentait 240 000 t, pour atteindre 170 000 t en 2019. En comparaison, les Pays-Bas ont vendu 865 000 t et l’Espagne 1,5 Mt. La France exporte principalement des pommes (77 000 t), des tomates (21 000 t), des choux-fleurs (13 000 t), (10 000 t) mais aussi des bananes (3 800 t).

Lire aussi : Le Royaume-Uni aura encore besoin de l'Union Européenne

Un certain soulagement

« La signature d’un accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni est certainement une bonne chose. Souvenons-nous qu’en cas de no deal, les exportateurs auraient fait face à des droits de douane, en sus de toutes les autres démarches administratives », rappelle Daniel Soares, responsable du Service Europe et International à Interfel.

Dans les mois qui ont précédé sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni avait annoncé son nouveau régime tarifaire (UK Global Tariff) : variation saisonnière du tarif britannique spécifique à chaque fruit et légume, des pourcentages à deux chiffres pour certains produits (16 % pour la pêche par exemple, seulement 4 % pour la pomme)… L’accord conclu in extremis entre Londres et Bruxelles a fait disparaître quota et droits de douane, et les fruits et légumes frais, non transformés, ne sont pas soumis à la TVA britannique (ce qui n’est pas le cas pour tous les produits alimentaires).

Un printemps qui s’annonce perturbé

Cependant l’horizon vers les côtes de la Grande-Bretagne n’est pas aussi dégagé pour autant. Car un point demeure et demeurera : la libre circulation des biens entre les pays de l’UE et le Royaume-Uni est révolue. Et l’instauration d’une nouvelle frontière s’accompagne bien entendu de démarches administratives renforcées.

Depuis le 1er janvier, il faut disposer d’une certification de conformité à l’export, un document émis par le pays exportateur, requis pour chaque expédition et pour le dédouanement, certifiant que les marchandises sont conformes aux réglementations et normes techniques du pays. Les opérateurs du grand export sont habitués à ce type de documentation, peut-être pas tout le monde.

Les délais d’obtention provoquent déjà des perturbations. Cela risque de se compliquer à partir du 1er avril avec l’introduction d’un certificat phytosanitaire. Or là aussi les délais d’obtention peuvent aussi être longs, des deux côtés de la Manche : « C’est pour cela qu’il faut absolument aller vers la dématérialisation du certificat pour accélérer le processus, plaide Daniel Soares, sinon il pourrait très difficile d’assurer des livraisons A pour B avec des produits périssables comme les fruits et légumes ». Cet avis est partagé par les Anglais d’ailleurs (lire plus bas).

Moins d’acteurs dans le jeu

La somme de toutes ces démarches risque de décourager certains opérateurs.

C’est ce que souligne Marc Kerangueven, président de Prince de Bretagne qui est en contact régulier avec les négociants exportateurs fréquentant le cadran : « Depuis le début de l’année, les choses se mettent place mais ce sont des contraintes supplémentaires. Il y a le risque de voir le marché se resserrer autour des gros opérateurs. Tout ce qui peut partir par camions complets demeurera mais qu’en sera-t-il de la demi-palette de légumes anciens par exemple ? ». Cela pourrait entraîner des pertes de débouchés.

Autre souci potentiel : le taux de change. Bien évidemment, celui entre l’« English pound » et l’euro entrait en compte dans les flux commerciaux entre Royaume-Uni et l’Union européenne. Mais, la valeur d’une monnaie tient à la santé économique du pays et aux décisions politiques. Jusqu’à aujourd’hui, le cours a connu une certaine stabilité. Qu’en sera-t-il demain ?

« Une des questions que nous nous posons concerne la stratégie qui sera adoptée en matière d’autosuffisance, poursuit Marc Kerangueven, nous exportons environ 40 millions de choux-fleurs par an et le Royaume-Uni en achète entre 6 et 8 millions, ce qui représente environ 10 % des volumes en frais. On le sait, le pays produit des choux-fleurs. S’il devenait autosuffisant, ces 10 % repasseraient sur le cadran, avec l’impact que cela aurait en termes de prix ».

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