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Dégâts d’oiseaux : des produits efficaces à venir en traitement de semences

De nouvelles spécialités corvifuges sont en cours de test pour le traitement de semences de maïs et de tournesol, avec parfois des efficacités intéressantes. À côté, les leviers de lutte agronomique et les méthodes d’effarouchement restent d’actualité.

Le décalage de semis de maïs ou de tournesol augmente le risque d'attaques importantes de pigeons et corvidés.
Le décalage de semis de maïs ou de tournesol augmente le risque d'attaques importantes de pigeons et corvidés.
© Arvalis

Des sociétés s’activent pour présenter de nouveaux produits de traitement de semences (TS) corvifuges. Actuellement, un seul produit phytosanitaire est autorisé pour cet usage sur maïs, Korit 420FS, à base de zirame. Or, son temps est compté puisque l’approbation de la substance active au niveau européen prend fin le 15 mars 2025. « Après le retrait du thiaclopride et du thirame en 2018 et 2020, l’utilisation de ce produit atteint 25 à 30 % des semences de maïs grain et fourrage actuellement, présente Jean-Baptiste Thibord, responsable du pôle ravageurs chez Arvalis. Plusieurs sociétés proposent de nouvelles solutions à tester. Le défi est de trouver des substances actives répulsives sans tuer les oiseaux. Par ailleurs, l’évaluation des solutions n’est pas toujours simple. »

Le produit Korit 420FS reste une référence pour réduire les dégâts d’oiseaux, mais il ne fait pas de miracle. Son efficacité peut s’avérer partielle voire insuffisante lorsque les populations de corvidés sont trop élevées et que les conditions agroclimatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux. Il faut l’utiliser à bon escient. « Cela ne sert à rien de mettre du Korit partout. On doit l’utiliser là où les risques de dégâts sont élevés, par exemple où le maïs est minoritaire parmi les cultures comme dans les régions Centre et Hauts-de-France, souligne Jean-Baptiste Thibord. Les corvidés ont tendance à concentrer leurs attaques sur cette culture. Les régions Bretagne, Rhône-Alpes ou encore Alsace connaissent aussi d’importants problèmes de corvidés. C’est moins le cas dans le Sud-Ouest. »

Syngenta, Bayer et Corteva sur les rangs pour proposer des nouveautés en TS

Dans les nouvelles spécialités de biocontrôle et conventionnelles en cours de test, l’une d’elles est disponible : Kuanavo. Il s’agit d’un fertilisant à base de soufre commercialisé par Syngenta. Il n’est pas homologué en tant que produit phytosanitaire. Le produit a été testé en association avec les spécialités de traitement de semences Force 20CS et Redigo M. Les résultats sont un peu en deçà de ceux de Korit 420FS mais confirment un intérêt technique, selon Arvalis, qui note toutefois une forte variabilité des efficacités contre les dégâts d'oiseaux. De prochaines expérimentations doivent permettre de mieux évaluer les performances de l’association.

Les sociétés Bayer et Corteva agriscience présentent respectivement une et deux spécialités en évaluation. Le produit de Bayer montre une action contre les corvidés mais inférieure à celle de Korit 420FS. Les deux spécialités de Corteva (dont le projet Ecovelex) présentent des efficacités intéressantes, proches de celles de Korit.

D’après Jean-Baptiste Thibord, l’une des solutions appliquées en traitement de semences a obtenu des résultats très encourageants à la fois dans les essais réalisés en microparcelle (67 % d’efficacité contre 72 % pour Korit 420FS) et dans les tests de fréquentation des oiseaux (83 % d’efficacité sur le critère de fréquentation et 54 % sur la protection des plantes).

Les résultats manquent parfois de régularité. Les expérimentations se poursuivent pour, entre autres, préciser les conditions d’application favorables à une meilleure efficacité. « Après le retrait de Korit 420FS, il y aura des solutions de substitution et c’est une bonne nouvelle, avec un des projets qui montrent des performances très proches de la protection Korit », conclut le spécialiste d’Arvalis. Quant aux spécialités applicables sur les semis ou en végétation au champ, il n’y a rien de probant dans celles testées, selon l’institut technique.

Des zones attractives pour détourner les oiseaux des semis

Plusieurs mesures agronomiques permettent de réduire le niveau d’exposition des graines et jeunes plants. Arvalis teste la stratégie des zones attractives, détournant les corvidés de la parcelle. « En bordure de parcelle, un peu avant le semis du maïs, l’épandage de grains en surface et l’enfouissement superficiel d’une partie de ces grains qui s’imbibent d'eau semble bien fonctionner pour retenir les corvidés hors des parcelles semées, renseigne Jean-Baptiste Thibord. Nous devons acquérir suffisamment de résultats sur cette technique pour affiner l’efficacité de sa mise en œuvre. »

Par ailleurs, le groupement des semis permet de diluer les attaques d’oiseaux. Une parcelle isolée dans le temps (avec un semis tardif) ou géographiquement se retrouve fortement exposée. La préparation du sol pour aboutir à une ligne de semis bien rappuyée et des conditions de levée rapide contribuera à réduire les attaques. Dans les zones à risques, on pourra privilégier un semis profond du maïs (4-5 cm ou plus) pour rendre les semences moins accessibles, à condition que les conditions de levée soient bonnes.

À la recherche des effaroucheurs sans effet d’accoutumance

Les systèmes d’effarouchement font l’objet d’innovations, en cours de test. Pour Christophe Sausse, de Terres Inovia, « le futur est à l’effarouchement sonore couplé à une détection optique permettant un déclenchement seulement au moment où les oiseaux sont présents, ce qui réduit l’effet d’accoutumance. » Ce type d’équipement comme le prototype présenté par la start-up Galinios nécessite une mise au point technique et un coût économique raisonnable pour permettre un futur développement.

Parmi les effaroucheurs classiques, Jean-Baptiste Thibord remarque la bonne efficacité du système Avistop associant le son au mouvement. « Il fonctionne bien, mais sur une surface réduite et son coût est assez élevé », remarque-t-il. Directeur de la Fredon Bretagne et à l’origine de la conception du système, Gérard Angoujard le présente : « L’appareil permet de protéger cinq hectares. Il produit trois effets : de surprise avec un déclenchement d’effarouchement aléatoire, sonore avec une détonation et visuel avec la propulsion de leurres le long d’un mat au moment de la détonation. L’appareil coûte 1 800 euros HT. » De son côté, la société Agriprotech prépare la mise en service d’un rover pouvant rouler dans un champ en émettant des cris de détresse d’oiseaux. Quant aux drones, leur utilisation en vols autonomes n’est pas autorisée en France.

Signaler ses dégâts d’oiseaux

« En cas d’attaques sur vos prochains semis, il est important de signaler les dégâts subis, souligne Jean-Baptiste Thibord, d’Arvalis. Le signalement ne donne droit à aucune indemnisation mais le recensement des dégâts occasionnés par les oiseaux est pris en considération pour l’étude de leur classement ou non sur la liste des 'espèces susceptibles d’occasionner des dégâts' (ESOD). » Le signalement peut se faire via l’application « Signaler dégâts faune sauvage » ou via un formulaire en ligne proposés par Chambres agriculture France. Dans certains départements, des formulaires en ligne sont mis à disposition par d’autres organismes (DDT, FDSEA, FDC selon les départements…).

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