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Vacciner la dinde contre trois virus « malfaiteurs »

Une enquête épidémiologique menée par le laboratoire Merial montre l’intérêt à vacciner les dindes contre les virus de la rhinotrachéite et du paramyxovirus, qui font le lit de germes opportunistes.

Une dinde atteinte d'une rhinotrachéite typique avec des œdèmes orbitaires symétriques. Les analyses révèlent souvent la présence d’un cocktail de pathogènes bactériens (E. coli notamment) et virux (RTI, PMV notamment).
© M. Loyau/Chene vert Conseil

Espèce à durée d’élevage longue, la dinde de chair est régulièrement affectée par des troubles respiratoires aux origines diverses. Parmi celles-ci, deux virus sont assez souvent impliqués. Il s’agit du pneumovirus de la rhinotrachéite (RTI) et du paramyxovirus de type 1 (PMV1). Leur présence chez la dinde peut favoriser les troubles causés par des bactéries ou des champignons. Mais, ces virus ne sont pas systématiquement recherchés. C’est pourquoi, à la demande de la division amont du groupe LDC, une enquête épidémiologique a été réalisée dans 68 élevages de dindes du Grand Ouest (Bretagne et Pays de la Loire) pris au hasard (sans rapport avec leurs antécédents pathologiques). Elle a associé le laboratoire Merial (devenu Bœrhinger Ingelheim depuis le 1er janvier), deux cabinets vétérinaires (MC Vet Conseil à Sablé-sur-Sarthe et Chêne Vert Conseil à Moréac) et le Centre technique des productions animales (CTPA à Ploufragan) qui a réalisé l’analyse statistique des données. Il s’agissait d’évaluer la circulation des trois virus préoccupants pour la production de dinde : le virus de l’entérite hémorragique (HEV), le virus rhinotrachéite infectieuse (RTI) et le paramyxovirus de type 1 (PMV1) ; de faire le lien avec les performances du lot ; et d’évaluer les relations entre vaccination et traitements antibiotiques.

Neuf pour cent des lots triplement touchés

Entre juillet 2015 et février 2016, cinq prises de sang ont été prélevées sur les mâles à l’abattage. Les analyses sérologiques révèlent que la quasi-totalité des lots (96 %) a été touchée par le virus HEV, 29 % par le virus RTI et 17 % par le virus PMV1. Et 9 % sont triplement affectés. Le PMV1 et le RTI se retrouvent plutôt en zone d’élevage dense (en Bretagne 20 % des lots en PMV1 et 32 % en RTI, situés plutôt dans le sud-est du Morbihan). Peu d’élevages réalisent le programme complet de vaccination, sauf contre la RTI (lire tableau). La comparaison de performances entre lots vaccinés ou non a pu être réalisée statistiquement. Avec l’entérite hémorragique (pas de vaccination pour 45 % des lots), la marge poussin-aliment (MPA) des lots vaccinés augmente de 2,1 euros/m2 (à 21,7 €/m2) et le taux de saisies baisse de 0,4 point (à 1,3 %, niveau significatif au niveau statistique). Sévissant surtout à l’état subclinique (peu de formes hémorragiques sont observées), le HEV dégrade les performances (mortalité aggravée), surtout lorsqu’il est associé à une infection bactérienne, type E. Coli ou aspergillus. Il en est de même avec le virus RTI. Comme seulement 6 % des lots n’étaient pas vaccinés, la comparaison a porté sur l’importance de la circulation du virus RTI (faible ou forte) dans les lots. La MPA et les saisies sont différentes de manière significative : dans le groupe à « faible circulation » 23 euros/m2 de MPA et 0,52 % de saisies contre 18,9 euros et 0,96 % dans le groupe à « forte circulation ».

Retour sur investissement de huit pour un

Les élevages ayant reçu le programme vaccinal complet (17 %) obtiennent les meilleures MPA. Par ailleurs, les lots ayant été infectés par RTI ont subi 4 jours de traitements antibiotiques de plus que les élevages indemnes (14,6 jours au total). Cette étude confirme que les trois virus sont extrêmement présents. Guillaume Perreul, vétérinaire responsable du service technique de Merial/Bœrhinger Ingelheim, précise que les taux de vaccination faibles constatés ne reflètent peut-être pas la réalité (effet de l’échantillonnage ?). En revanche, il attire l’attention sur l’effet positif du programme vaccinal complet (différence de MPA allant de 2 à 4 euros/m2). « Nous estimons que la vaccination apporte un retour sur investissement de huit euros pour un euro investi. » Le programme revient à environ 15 centimes par dinde (un euro par m2 d’élevage).

Effets collatéraux à surveiller

Vincent Turblin, vétérinaire dans la Sarthe, souligne l’importance de la qualité de la vaccination et de la prise en compte des contaminations d’origine environnementale. Des productions de poulet et de pintades géographiquement proches des dindes ou précédentes peuvent être une source de virus PMV (stockage de litière à proximité notamment). Le vétérinaire rapporte aussi que des éleveurs polyvalents déclarent parfois « avoir eu des lots de gallinacés qui bricolaient ?????, selon leur expression. » En investiguant, on trouve que ces lots à durée d’élevage courte étaient porteurs de PMV et ne faisaient l’objet d’aucune vaccination.

La sérologie, un outil sous utilisé

Marc Loyau, vétérinaire dans le Morbihan, estime que “l’utilisation de la sérologie doit être plus régulière, comme outil de contrôle des bonnes pratiques vaccinales (voie d’administration, matériel adéquat, quantité d’eau utilisée…) ou bien comme outil de diagnostic pour mettre en évidence un ou des passages viraux sauvages. La réalisation de deux séries de prises de sang, une au moment des troubles sanitaires et l’autre trois à quatre semaines après, permet d’identifier le ou les virus agresseurs et d’adapter le plan de prophylaxie. Selon l’effectif, cinq à dix prises de sang faites ????? semaines après le dernier vaccin permettent de valider le statut vaccinal des animaux. »

Trois causes majeures du complexe respiratoire

. Virus HEV - entérite hémorragique

Cet adénovirus assez persistant dans le milieu se manifeste par un effet immunodépresseur (baisse des défenses immunitaires) et par une forme subclinique. Il favorise les infections bactériennes.

. Virus RTI - rhinotrachéite

Ce métapneumovirus est assez fragile, mais très contagieux (aéroportage en zone d’élevage dense). En chair, dans ????? se forme la plus sévère, il peut se manifester par ses signes cliniques de gonflement infra orbitaux (grosse tête) et par une chute de ponte en repro. Il déprime également l’immunité cellulaire.

. Virus PMV1 - paramyxovirus type 1

Ce virus est assez résistant dans la matière organique. Il touche d’autres espèces de volailles (responsable de la maladie de Newcastle avec des souches plus agressives). Il agit au niveau respiratoire et digestif, d’où une transmission par aérosol ou orofécale par l’environnement.

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