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Unité mixte technologique Bird
Scientifiques Inra et ingénieurs Itavi innovent main dans la main

Créée en 2006 sous l’impulsion des pouvoirs publics, l’Unité mixte technologique Bird de Nouzilly a présenté son nouveau programme d’études finalisées menées au service des filières avicoles.

Co-animatrice de l’UMT Bird, Isabelle Bouvarel (Itavi) rappelle les objectifs de l’association Inra-Itavi : « décloisonner la recherche et mélanger les métiers pour être plus efficaces et créer de l’innovation en apportant des outils techniques aux filières. Nous voulons aussi contribuer à améliorer la compétitivité de notre aviculture et apporter des solutions en réponse aux attentes sociétales. » À l’origine, les deux partenaires de l’UMT Bird devaient construire et conduire ensemble un programme de recherche et de développement sur cinq années. Ce premier partenariat a démontré la synergie des compétences (« un plus un vaut plus que deux »), de sorte que l’association s’est pérennisée. Outre la présentation de quelques-uns de la trentaine de travaux menés en nutrition, qualité des viandes, bien-être animal, durabilité…, la journée d’échanges du 11 janvier avait pour but de susciter de nouveaux questionnements des filières et de nouvelles collaborations avec les entreprises avicoles, même si certaines viennent déjà rencontrer les chercheurs et ingénieurs.

Une démarche intégrée plus globale et plus large

« Nous avons commencé par des études par discipline (alimentation, bien-être animal, qualité des produits), souligne encore Isabelle Bouvarel. Puis progressivement, elles sont devenues plus transversales, en prenant en compte les impacts économiques et sociaux, sous l’angle de la durabilité des systèmes de productions(1). » Désormais, l’approche globale (ou systémique) est la règle, d’autant que les enjeux dépassent largement le cadre technique ou économique au sens strict. Car, à l’avenir, toutes les filières devront montrer « patte blanche » pour améliorer leur durabilité (vis-à-vis du changement climatique, de l’environnement…), pour mieux s’insérer dans leurs territoires et pour établir un meilleur dialogue sociétal. C’est sur ces bases qu’a été construit le nouveau programme de l’UMT Bird qu’a présenté Élisabeth Duval (Inra). Les recherches privilégieront trois axes : mieux utiliser les ressources (matières premières notamment) ; adapter les volailles à leur environnement (et vice versa) pour une meilleure acceptabilité ; maîtriser la qualité des produits en conciliant diversité, productivité et bien-être animal. L’objectif final est de rechercher la « multiperformance » des filières dans les territoires.

L’unité amorce ce virage en élargissant ses travaux à la santé animale avec l‘équipe Inra locale qui s’intéresse à trois pathologies majeures des volailles (colibacillose, salmonellose et coccidiose). L’UMT accueille aussi deux nouveaux partenaires que sont l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) et le Syndicat des sélectionneurs avicoles et aquacoles français (Sysaaf) qui gère les ressources génétiques avicoles avec des sélectionneurs. L’institut du végétal Arvalis est aussi un partenaire régulier sur les problématiques alimentaires amont. Au-delà du défi de l’innovation, ce troisième programme vise aussi à relever un second défi. Après la communication entamée avec les filières, il s’agit de faire sortir la science de son vase clos en partageant avec la société. Aussi bien pour montrer ce qui est fait que pour l’impliquer dans les prochaines études de l’UMT.

(1) Un système est plus ou moins durable (ou soutenable de l’anglais « sustainable ») s’il est organisé de manière à assurer sa pérennité en minimisant ses impacts négatifs sur l’environnement, l’économie et le social.
En savoir plus

UMT Bird

L’Unité mixte technologique Bird est abritée à Nouzilly (37) dans les locaux du Centre Val de Loire de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Nouzilly est l’un des sites historiques de la recherche avicole française, avec le site du Magneraud (17) qui est désormais consacré aux recherches sur les productions alternatives et bio. Comme le prévoit le dispositif imaginé par le ministère de l’Agriculture, l’UMT rapproche au moins deux partenaires sur le site, c’est-à-dire une quarantaine de scientifiques de plusieurs unités de recherche de l’Inra et d’ingénieurs de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi).

Évaluer avec Ovali pour évoluer

Ovali est un outil de mesure de la durabilité et de la multi performance qui a été créé par l’UMT Bird, à l’usage des chercheurs et des filières. Il fait un état des lieux des impacts sociaux, économiques, environnementaux d’un système ou d’une technique. Ceux-ci sont évalués à travers 9 objectifs, divisés en 28 critères et mesurés par 45 indicateurs. Ovali permet aussi de mesurer les progrès réalisés. "En résumé, explique Isabelle Bouvarel Ovali concentre à la fois les attentes d’une filière et celles de la société. Et il les confronte pour identifier les pistes de travail. » La coopérative Terrena l’a utilisé pour évaluer sa filière poulet de chair standard et contribuer à la mise au point de sa démarche « Nouvelle Agriculture ». Ce calculateur multicritère est aussi utilisé pour évaluer la durabilité d’une problématique, comme une alimentation sans soja à base de matières premières locales. Depuis l’an dernier, l’UMT Bird réalise une étude multicritère sur les impacts et les services rendus par les élevages de volailles élevées en plein air, qu’ils soient matériels ou immatériels : santé et bien-être des oiseaux et des éleveurs, impacts sur la biodiversité, création de valeurs. Pour les filières, il est difficile d’intégrer cette approche multicritère dans un contexte concurrentiel se fondant le plus souvent sur le seul critère, celui du coût ou du prix. Néanmoins, cette démarche est de plus en plus partagée assure Isabelle Bouvarel, du moins en Europe sous la pression sociétale.

Vers l’alimentation éco compatible

Selon le critère environnemental choisi (foncier, changement climatique, énergie consommée…), l’aliment contribue entre 30 à 100 % de l’impact environnemental global pour produire un poulet standard. Avec la formulation « multi objectif » des rations, Bertrand Méda (Inra) prend en compte une part des impacts environnementaux. Il s’agit d’aboutir à une hausse « raisonnable » du prix de l’aliment tout en diminuant ses impacts. Par rapport à la formulation « au moindre coût », le chercheur obtient un surcoût de 3 % avec des impacts diminués de 12 à 18 % (sauf + 4 % pour l’occupation des terres).

Pour aller plus loin, le chercheur développe le concept « d’alimentation de précision ». Le principe est de mélanger deux aliments à la ferme pour adapter quotidiennement les apports aux besoins. L’optimisation est faite simultanément sur la composition des prémélanges, sur leur pourcentage d’incorporation et sur le coût alimentaire. Les simulations montrent une baisse de 6 % du coût avec une baisse des rejets de 4,3 % en phosphore et de 10,8 % en azote. Le concept va être testé sur le terrain en 2018 et 2019. Ce projet a beaucoup fait réagir la profession qui craint qu’on ne « réinvente l’eau chaude » avec un dispositif complexe à gérer en pratique. De plus, il ressemble à l’intégration du blé entier qui se développe peu en France. Pour Isabelle Bouvarel, « cette approche est plus novatrice que le blé entier car elle est optimisée plus globalement. »

Nouvelles approches en santé animale

Contrairement aux idées reçues, les animaux ne sont pas tous égaux face aux pathogènes. En santé animale, les travaux de l’UMT Bird porteront sur les oiseaux « super-excréteurs », dont la découverte récente impose de modifier les moyens de lutte. L’Inra travaille sur de nouvelles approches antibactériennes, comme les virus qui tuent les bactéries présentes en dehors des cellules (phagothérapie), les défensines isolées dans la moelle osseuse de volailles, l’élaboration d’un vaccin anticoccidien vivant et de nouveaux anticoccidiens (brevets déposés). L’unité prévoit aussi de travailler sur le comportement de la barrière intestinale confrontée à des agressions (projet Integrity).

Une mangeoire révolutionnaire

Sandrine Grasteau (Inra) en rêvait depuis douze ans : disposer d’une mangeoire capable de mesurer le poids individuel d’une volaille et de caractériser sa consommation (fréquence des prises, quantités…) dans un environnement d’élevage collectif et ouvert. Ce qui permet d’étudier des comportements alimentaires individuels dans la perspective d’une optimisation (génétique, alimentaire). Jusqu’à présent, cet outil parfait n’existait pas (même chez les sélectionneurs). Depuis deux ans, l’UMT met au point un prototype de mangeoire cylindrique avec 8 descentes et plateaux de pesée. Chaque poussin est identifié par une puce RFID. L’immense quantité d’informations (3,5 milliards de données pour 100 poulets élevés 50 jours !) impose un tri informatisé pour les rendre interprétables. La mise à l’épreuve est prévue en 2019 avec un modèle préindustriel conçu cette année.

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