Revaloriser la prestation des éleveurs en volière
Éleveur depuis 1997, Gaétan Boishardy élève 500 000 de poulettes par an dans d’anciens bâtiments de ponte réaménagés.
Éleveur depuis 1997, Gaétan Boishardy élève 500 000 de poulettes par an dans d’anciens bâtiments de ponte réaménagés.
Depuis cinq ans, Gaétan Boishardy a complètement changé sa vie professionnelle. Avant 2012, il était producteur d’œufs à Maroué dans les Côtes-d’Armor, avec un cheptel de 60 000 places (dans deux bâtiments de 1 000 et 600 m2) et avec une poussinière au sol de 2 000 m2. « Au moment de la mise aux normes, je n’ai pas voulu continuer. Il aurait fallu changer le vieux matériel et investir dans un neuf de 100 000 places, résume Gaétan. Au bout du compte j’aurais dû embaucher et je n’aurais pas gagné plus. » Il s’est tourné vers un métier qu’il connaissait, celui de la poulette. « Une visite de volières de ponte aux Pays-Bas et des discussions avec des éleveurs bretons cherchant des poulettes de volière m’ont convaincu. » Aujourd’hui, encore aidé par sa mère retraitée, il est devenu éleveur de poulettes alternatives sur trois sites qui totalisent 200 000 places. Depuis 2012, l’ex-site de ponte abrite 90 000 places en volière Farmer Automatic à deux niveaux avec un balcon intérieur (40 000 dans l’un et 50 000 sur deux niveaux dans l’autre). La même année, il a racheté un bâtiment de ponte transformé en volière Farmer Automatic de 60 000 places. En 2014, sa poussinière de 2000 m2 a brûlé. Elle a été reconstruite pour accueillir 48 000 poulettes élevées au sol avec des plateaux ascenseurs additionnels. « Je ne voulais pas être à 100 % en volière. Cette poussinière convient très bien pour les élevages ayant un niveau de caillebotis avec pondoir central. »
Trois fois plus de temps en volière
Les trois sites fonctionnent avec un décalage de deux mois, de manière à limiter les pointes de travail. Cela demande une bonne organisation du planning, notamment pour les interventions. La période d’après-élevage est la plus chronophage. « Je prévois un vide d’un mois entre deux lots. » La surveillance et l’éducation des poulettes prennent aussi du temps, notamment la visite du soir, indispensable pour relever les poulettes du sol sur le système, voire en placer en infirmerie « pour se requinquer quelques jours ». Certaines mettent plus de temps à comprendre la différence entre la zone de grattage exempte de matériel et le système. Au final, Gaétan estime passer trois fois plus de temps en volière que dans la poussinière à plateaux, plus facile à surveiller. L’éleveur est satisfait de ses résultats. « Au début, je faisais comme les Néerlandais, en ouvrant tôt les façades. Les poulettes tombaient plus qu’elles ne sautaient. En retardant la sortie à six sept semaines, je suis passé de 5 % de mortalité à 2-3 % avec moins de coccidioses. »
Difficile de rentabiliser du neuf
Pour se lancer dans la poulette en volière, Gaétan Boishardy a bénéficié d’un avantage de poids. « Les coques étaient amorties et en bon état. Je n’ai pas eu à faire de gros frais en dehors des volières. J’avais déjà le sol bétonné et le hangar à fientes. » Gaétan admet aussi avoir été attentif au prix, ce qui l’a détourné de systèmes à plateaux plus onéreux à la poulette. Il voulait aussi loger plus de sujets. Sur son site de 90 000 places, il atteint 40,9 têtes par m2 de sol, pour un coût d’environ 5 euros par place. « J’ai dû changer de banque pour être financé intégralement sur dix ans au taux de 3,7 %, que je vais d’ailleurs renégocier. » Gaétan estime ses charges variables en volière à 30 centimes par tête et autant pour les annuités, soit plus d’un euro pour dégager un revenu. « Idéalement, il faudrait une prestation d’un centime par jour d’élevage, c’est-à-dire 1,20 euro. En neuf, le minimum serait de 1,26 euro. » Pour l’instant, Gaétan en est loin, avec une prestation moyenne de 1,02-1,05 euro (contre 0,85 à 0,88 euro en poulette au sol). Dans ces conditions, il lui paraît difficile pour les organisations de production de recruter de nouveaux investisseurs, y compris parmi les éleveurs de poulettes au sol. Mais la loi de l’offre et de la demande va s’imposer. Gaétan a déjà rempli son planning pour 2018. Pour obtenir des poulettes de qualité, certains opérateurs proposent déjà 1,1 euro, voire plus.
Une poussinière à plateaux maison
Après l’incendie de son bâtiment, Gaétan Boishardy a reconstruit une coque Sérupa renforcée équipée de plateaux ascenseurs fournis par Vencomatic. « Les plateaux augmentent le cheptel de 50 %, sans modifier la densité (16 par mètre carré utilisable). Je n’ai pas plus de travail, sauf pour ajuster les séparations entre les parcs d’élevages. » Le bâtiment de 18 m de large comporte six plateaux (1 000 m2) avec une ligne de pipettes et deux lignes de perchoirs. L’aliment est distribué par six lignes d’assiettes Roxell au sol. Tout le matériel est relevable par 48 moteurs (dont six synchronisés par plateau) et tubes enrouleurs. Il a coûté 672 000 euros (14 euros par place), hors béton. Les poussins sont démarrés sur les plateaux rabaissés. L’éleveur les relève progressivement de 20 cm et un par un à partir de la quatrième semaine. La hauteur maximale de 1,15 m est atteinte vers 16 semaines. Contrairement à la volière, les poulettes ne dorment pas sur les plateaux où elles vont se percher pour boire. « Je ne garantis pas que ces poulettes conviennent à 100 % dans toutes les volières de ponte, même si elles peuvent se percher haut sur les séparations de parc. »