Aller au contenu principal

Hervé Le Prince, conseiller en communication stratégique
Projet de poulailler : « Il faut absolument communiquer et prendre les devants »

Conseiller en communication auprès d’organisations agricoles du Grand Ouest et pourfendeur de L214, Hervé Le Prince estime que la communication fait tout autant partie d’un projet agricole que la technique ou l’économie.

Hervé Le Prince, conseiller en communication stratégique
Hervé Le Prince, conseiller en communication stratégique
© NewSens

Qui sont les contestataires des projets agricoles ?

Hervé Le Prince – « Je distingue trois 'profils' d’opposants. D’abord les riverains qui peuvent à juste titre s’inquiéter d’éventuelles nuisances sur leur vie et sur la dévaluation de leur bien, d’autant plus s’ils ne connaissent pas d’élevage de volailles. Ce sont eux les plus « légitimes », car ils ont bien le droit de se poser des questions. Ils sont les plus ouverts aux explications et au dialogue.
 

Lire aussi : "J'ai invité le public à planter un arbre sur le parcours de mes poules pondeuses "

 
Ensuite, il y a les militants environnementalistes qui développent un discours écologique visant d’abord à protéger la Nature et la Planète, quoi qu’il en coûte. La troisième catégorie regroupe les activistes, antisystème comme Extinction Rébellion ou encore animalistes comme L214 dont la nouvelle stratégie est de s’attaquer à tout projet conséquent d’élevage, en venant s’insinuer dans le débat local et territorial et se positionner en maître d’œuvre (pétition, manifestations médiatisables… ). Cette instrumentalisation va encore s’accroître et elle peut creuser la fracture entre les citoyens et les agriculteurs.
En revanche, ces trois catégories ont plutôt du mal à se mélanger et à faire alliance, tellement leurs motivations sont différentes. Il faut noter qu’avec le temps, les oppositions à un projet évoluent, parce qu’elles trouvent des réponses (les riverains) ou qu’elles sont passées à un autre « combat » ailleurs. »
 

Lire aussi : "Ne laissons pas les opposants parler de notre projet à notre place"

Dans cette contestation, les éleveurs portent-ils une part de responsabilité ?

H.L.P- « Quand un projet tombe à l’eau, c’est souvent plus par manque de communication que par impréparation sur le fond. C’est un volet du dossier trop souvent négligé par l’agriculteur qui se concentre sur les aspects techniques, financiers et administratifs. L’échec de la ferme des mille vaches est emblématique. Généralement, sur le mode « pour vivre heureux, vivons cachés » l’éleveur ne cherche pas à prendre la parole par crainte de susciter une opposition. Cela peut être dangereux et faire l’autruche ne sert à rien. Si une crise apparaît, il se retrouve en position de défense face à des opposants ayant pris de l’avance. Pour gérer une crise, il faut être maître de l’agenda, donc reprendre le manche du temps. La communication doit donc faire partie du projet. »

À quel moment et comment intervenir ?

H.L.P- « Il faut agir bien avant d’officialiser son projet sans craindre d’alimenter une opposition par sa prise de parole. Je conseille au porteur du projet de créer un « lobby citoyen », comme le font souvent les opposants, notamment en allant parler à son voisinage. L’agriculteur doit trouver des alliés, mais c’est une stratégie des petits pas qui va lui demander du temps. »

Comment aider concrètement les éleveurs ?

H.L.P- « Force est de reconnaître que les partenaires économiques et institutionnels n’ont pas vraiment pris en compte cette dimension incontournable de la communication de proximité et interviennent trop tardivement lorsqu’une situation se tend. Les éleveurs ne disposent pas d’une méthodologie de communication, via de la formation ou du coaching, qui les aiderait à mieux se préparer. Vis-à-vis des opposants potentiels locaux, ce sont des actions de bon sens : dialoguer avec l’entourage, faire des réunions de travail en petits groupes pour expliquer son projet d’une manière autant émotionnelle que technique pour l’incarner vraiment. L’éleveur a plus à y gagner qu’à y perdre. Cette communication est stratégique pour lui et plus globalement pour l’avenir de l’agriculture. Il faut aussi que les jeunes en formation agricole y soient préparés. »

Les plus lus

De jeunes stagiaires du Centre Avipole Formation sur la station avicole de Ploufragan
Installation en volailles : Être éleveur fait encore rêver des jeunes

Le métier d’éleveur fait encore rêver des jeunes, qui n’ont pas peur de travailler, mais veulent de la rentabilité et un…

Foie gras : Delpeyrat va fermer deux abattoirs de canards

Delpeyrat va fermer ses abattoirs de canards gras de La Pommeraie-sur-Sèvre (85) et de Vic-Fezensac (32). Cette décision vise…

Réglementation des élevages hors-sol : La directive émissions industrielles adoptée au Parlement européen

Une partie non négligeable des élevages porcins et avicoles devront à moyen terme respecter la directive européenne sur les…

Accord UE-Ukraine : Un soutien commercial défavorable aux agriculteurs européens

Jeudi 7 mars 2024, les eurodéputés de la commission du commerce international ont approuvé sans modification le projet d’…

Abattages en Auvergne Rhône Alpes : Le poulet standard tient la corde

La dernière mise à jour de février 2024 des données Agreste « enquête abattoirs en Auvergne Rhône Alpes » confirme…

Philippe Clautour n'est pas inquiet pour l'après-transmission. Avec son épouse Anita, ils trouveront du travail pour finir d'acquérir leurs droits à la retraite.
Transmission en volailles : « Nous n’avons pas attendu le dernier moment pour chercher un repreneur »

En Vendée, Anita et Philippe Clautour devraient céder leur élevage Label rouge fin 2024, quatre ans avant la date effective de…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)